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Sidwaya N° 7468 du 26/7/2013

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Le directeur général de la SOTRACO, Boureima Tarnagda, à propos des plaintes des usagers « Nous avons un projet pour améliorer le transport des étudiants »
Publié le samedi 27 juillet 2013   |  Sidwaya


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© Sidwaya
le directeur général de la sotraco,boureima tarnagda


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Boureima Tarnagda (BT) : Actuellement, nous avons
17 Volvo (100 places) en état de marche, 10 autocars 5 JACK (minibus de 50 places). Cela fait en tout 32 bus en état de marche. Nous allons bientôt recevoir 20 nouveaux minibus d’ici la fin juin (l’interview a été réalisée le 18 juin 2013). Ce qui nous fera au total 52 bus. Notre ambition est d’arriver à avoir 250 bus pour la ville de Ouagadougou.

CA : Les 32 bus dont vous disposez actuellement sont-ils tous en bon état de marche ?

BT : En fait lorsque nous disons qu’il y a 32 bus en état de marche cela veut dire qu’il s’agit de ce qui se retrouve en circulation. Bien entendu, il y en a qui tombent en panne et qui sont réparés pour être ensuite remis en circulation. Parfois, il arrive qu’un problème de pièces de rechange nous amène à garder au garage un bus pendant longtemps. Mais dès que la pièce arrive, le bus est aussitôt mis en circulation. Afin de minimiser ces genres de situations, nous commandons en avance certaines pièces de rechange. Nous attendons actuellement même un lot de pièces de rechange.

CA : Vous arrive-t-il de recevoir des plaintes directes de vos clients ?

BT : Oui fréquemment. Ces plaintes font suite aux retards ou aux pannes de bus. Mais nous faisons toujours ce qui est possible pour satisfaire les clients mais ce n’est pas toujours évident. Nos bus sont vieillissants et pas suffisants, d’où les pannes fréquentes et les retards. Les premiers bus datent de 2003. Il y a également le problème de surcharge qui amortit rapidement nos bus.

C.A : Y a-t-il des dispositions particulières que vous prenez pour satisfaire la clientèle particulière que représentent les élèves et étudiants.

B.T : Nous avons des lignes très fréquentées par les élèves et étudiants, auxquelles nous donnons la priorité. D’ailleurs nous n’avons pas le choix. Si nous ne donnons pas la priorité à ces lignes, ils viennent ici au siège pour se plaindre, surtout qu’il y a une cité universitaire à proximité. Avec l’arrivée des nouveaux bus, nous allons encore mettre l’accent sur ces axes.

CA : On parle de plus en plus de l’insécurité dans les bus. Qu’en est-il réellement ?

BT : Malheureusement oui. Très souvent nos chauffeurs sont agressés verbalement et même physiquement. Lorsqu’ils réagissent, cela dégénère et apparait dans les journaux. Si au contraire, ils se taisent et se laissent molester, personne n’en parle (rire !).

CA : Et que faites-vous pour y remédier ?

BT : Dès qu’un de nos agents est agressé nous allons déposer une plainte. Parfois la solution que nous avons c’est de conduire directement le bus avec le client excité jusqu’à un poste de gendarmerie ou de police.

CA : Quelles formes d’aide recevez-vous de l’Etat ?

BT : Effectivement, nous entendons souvent dire que l’Etat soutient beaucoup la SOTRACO. Ce n’est pas faux. Mais comme on le dit chez nous, c’est bon mais ce n’est pas arrivé. Car, si l’on compare cela à ce qui est fait ailleurs, c’est une goutte d’eau dans la mer. Au Nigeria par exemple, l’Etat a investi plus de 350 milliards de F CFA en infrastructures pour développer uniquement le transport en commun dans la ville de Lagos. Là-bas, ils ont aménagé beaucoup de voies dédiées (couloir de bus) au transport en commun. Et la priorité est donnée au transport en commun. Des avantages fiscaux et douaniers sont également accordés à ces sociétés de transport en commun en plus des subventions annuelles.

En Afrique du Sud, c’est pareil. Nous avons été impressionnés lors de notre visite dans ce pays. Ils ont réussi à coupler les bus avec les trains. Nous avons dans le sous-sol jusqu’à cinq étages de station de train avec des escalators. Mais pour y arriver, il y a eu des querelles et même des assassinats car lorsqu’il y a eu le financement pour la mise en œuvre, il y a eu beaucoup d’antagonismes. Mais c’était le prix à payer pour développer Johannesburg. Malgré tout ils ont réussi à le faire, et aujourd’hui, tout le monde en est fier.
Nous avons aussi eu la chance de visiter Genève. Ce qui nous a marqué là-bas, c’est que la subvention de l’Etat constitue 70% des recettes de la société. Ils ont tellement développé le transport en commun qu’il est pratiquement impossible de faire plus de 30 mètres sans arrêt de bus au point que les gens refusent d’acheter les voitures particulières et préfèrent prendre le bus.

Mais si nous revenons au Burkina, voilà ce qui ce passe. En 2008, nous avions un besoin de
1 milliard 300 millions de subvention.
L’Etat a donné 500 millions de F CFA. Et c’est ainsi, chaque année. Pourtant chaque année, il y a l’inflation. Autant le prix du carburant augmente autant, les prix des pièces de rechanges qui sont notre matière première montent. De plus, l’Etat nous fait supporter la TVA. Cette TVA s’élève à plus de 400 millions par an. Finalement, il ne nous reste plus rien. Au niveau de la douane, on paye 37% de taxe pour les pièces de rechange. Cela fait à peu près 75 millions de FCFA pour les frais de douane. Si l’on ajoute au 400 millions cela fait 475 millions de FCFA qui repartent chez l’Etat sur les 500 millions qu’il nous donne. Concrètement, l’Etat donne d’une main et retire de l’autre. Nous évoluons dans un environnement hostile.

L’accompagnement nécessaire à notre épanouissement fait défaut. Nous ne disons pas que l’Etat ne fait rien mais, c’est insignifiant. Car c’est le secteur même qui est comme cela. C’est un secteur social qui demande beaucoup d’investissement. Vous avez certainement entendu parler des 100 bus que l’Etat nous a promis. Ce sera certainement un grand soulagement pour nous.
CA : D’aucuns disent que si le transport en commun ne marche pas au Burkina, c’est parce que certaines personnes, à cause du commerce florissant des motos, n y ont pas intérêt. Qu’en pensez-vous ?

BT : Nous n’entrons pas dans ce débat. Nous défendons notre chapelle, sans parler des autres. Nous savons que nous avons des difficultés pour nous développer. Notamment, à cause des taxes qui nous plombent alors que nous avons une mission de service public et social. Nous vendons le ticket à 150 F alors que nos dépenses sont très élevées. Notre clientèle est constituée essentiellement de personnes à revenu réduit notamment les élèves, les étudiants, les chômeurs, les personnes âgées, etc…Sans soutien de l’Etat, il difficile de développer le transport en commun.

CA : La SOTRACO est quand même une société privée. Est que vous ne demandez pas trop à l’Etat ?

BT : Non je ne crois pas. Effectivement, il y a beaucoup de gens qui nous disent cela. Mais ils ne comprennent pas. La SOTRACO est une structure privée avec participation de l’Etat. Mais les retombées du transport en commun aussi grandes soit-elles à long terme, l’Etat, quel que soit le statut de la société, devrait le soutenir. D’abord, il permet de réduire les accidents de la circulation. Vous savez ce qu’on nous dit à l’extérieur ? On dit que le Burkina est un pays « accidentogène » parce qu’il y a trop de deux roues. Partout, ce sont des accidents. Il y a également les retombées non seulement pour l’environnement mais aussi sur la santé. Toutes ces motos qui circulent à Ouagadougou dégagent une pollution aux effets très nocifs pour la santé. Donc, vous voyez que le transport n’a pas de prix. Une étude a démontré que les ménages burkinabè dépensent en moyenne 15% de leur revenu pour le transport.

Pourtant, dans les pays ou le transport en commun est développé, les dépenses des ménages consacrées au transport ne dépassent guère 9%. Donc vous voyez que le transport en commun peut contribuer à augmenter le pouvoir d’achat de la population et partant la consommation. Si la consommation augmente, le produit intérieur brut croit et par ricochet, le budget de l’Etat. Et c’est tout le pays qui gagne. C’est la raison pour laquelle, les pays mettent beaucoup de moyens pour développer le transport en commun. Son apport au développement est si important que nous ne pouvons pas nous y dérober. Et si on s’y dérobe, cela nous rattrapera tôt ou tard. Autant commencer dès maintenant.

J’ai l’habitude de poser la question suivante aux gens : l’avenir appartient-il aux deux roues ou au transport en commun ? Alors que la réponse est évidente, je vois qu’on construit partout des pistes cyclables alors qu’on ne prévoit même pas de voies pour les bus. Si vous prenez la nouvelle voie de Gounghin, il n’y a même pas des encoches pour que le bus puisse s’arrêter.

CA : Pour terminer, quels sont vos projets à moyen et long termes ?

BT : En terme de perspectives, nous avons un projet pour améliorer le transport des étudiants. Ce projet, qui démarrera en 2014 va nous permettre d’acquérir 60 bus. Nous prévoyons également d’acquérir par nos propres moyens, régulièrement chaque année des bus au nombre de 10 à 15 pour remplacer progressivement nos véhicules défectueux. Notre ambition est d’arriver à avoir au moins 100 bus en état de marche dans notre parc.

CA : Avez des projets pour les autres villes du Burkina, notamment Bobo Dioulasso ?
Effectivement dans le cadre du projet de bus pour étudiants, nous allons ouvrir des lignes à Bobo et Koudougou.

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