Ouagadougou - La survie des trois principaux barrages de Ouagadougou est fortement menacée par des activités incompatibles avec leur mission de production d’eau potable, a déclaré jeudi, le Directeur général de l’Agence de l’eau du Nakambé, Dibi Millogo.
Les barrages n°1 ; 2 et 3 de la ville de Ouagadougou après plus de cinquante ans d’existence pour le plus jeune d’entre eux (le troisième) sont aujourd’hui victimes de plusieurs sortes de « menaces » et « d’agressions », a affirmé M. Millogo, au cours d’un panel organisé par Medias Verts, une association de journalistes animant des rubriques environnementales.
Selon l’ingénieur agronome, la culture maraîchère et pépinière pratiquée aux abords des rives de ces barrages avec en sus l’utilisation d’intrants et de pesticides « souvent non homologués » constitue l’une de ses agressions.
Cette pratique est à la base de l’envasement des cuvettes, du renchérissement du coût de traitement et de la pollution de l’eau, ainsi que du développement de plantes invasives comme la jacinthe d’eau, a-t-il poursuivi.
La transformation du lit de ces barrages en dépotoir, l’émission en leur sein d’eaux usées et l’installation ‘’nez à nez’’ de commerces (ateliers, restaurants) concourent également à la « disparition précoce » de ces ouvrages hydrauliques, a expliqué Dibi Millogo.
Pour le Directeur général, cette disparition aurait des conséquences dramatiques parmi laquelle, la perte d’un des poumons écologiques de la capitale à l’instar du parc urbain Bangre Wéoogo.
N’eût été l’apport des barrages de Loumbila (15à 30%) et de Ziga, ces barrages (5% et en période critique) ne peuvent plus satisfaire la demande en eau potable de la capitale burkinabè, a déclaré l’un des panelistes, Albert Béré.
M. Béré a regretté la disparition de l’Office nationale des barrages et des aménagements hydroagricoles, qui selon lui, avait toutes les compétences pour intervenir rapidement sur les ouvrages défectueux à travers le pays.
Selon M. Millogo, l’une des missions de l’Agence de l’eau du Nakambé (AEN) est de parvenir avec l’ensemble des acteurs à une préservation et à une utilisation rationnelle des trois barrages et des cinq cents autres répartis dans sept régions et placés sous la tutelle de l’AEN.
Maxime Somda, chargé de programme à l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), s’est entretenu avec l’assistance du mécanisme de financement de l’eau.
Il a affirmé que les Groupements d’intérêts publics à l’image de l’AEN est « la forme la plus adaptée » pour gérer à bien les ressources hydrauliques.
Selon l’expert, sur la base du principe préleveurs/payeurs et pollueurs/payeurs, l’Etat a institué des lois visant à « faire financer l’eau par l’eau ». L’Etat malgré les douze à treize milliards de F.CFA consentis par an, a besoin d’être épaulé, a-t-il ajouté.
Cependant de nombreux gros contribualbles telles que les entreprises de batiments et travaux publics, les sociétés minières, "pourtant grandes consommatrices d’eau refusent catégoriquement de payer leurs taxes", a déploré Arsène Tougma, chargé de recouvrement à l’AEN.
Malgré ces difficultés, Maxime Somda a souhaité que l’exemple burkinabè, pionnier en la matière en Afrique, fasse tâche d’huile. Il a sollicité le concours des médias burkinabè pour ensemble relever ce défi.
Le président de Medias Verts, Georges Savadogo, a rassuré les différents interlocuteurs que son association née en décembre 2012 participera aux côtés de tous les acteurs à la sauvegarde du patrimoine environnemental.
La majorité des 1010 barrages du Burkina Faso sont à sec pendant la saison sèche provoquant une grande pression sur ceux non asséchés.