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Lancement de l’opération Pagnali du G5 SAHEL : La peur va-t-elle enfin changer de camp ?
Publié le mercredi 17 janvier 2018  |  Le Pays
G5
© Le Pays par DR
G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad)




Le 14 janvier dernier, la force conjointe du G5 Sahel a lancé l’opération « Pagnali » qui signifie « tonnerre » en fulfuldé. Deuxième du genre, cette offensive contre les bandes terroristes opérant dans la bande sahélo-saharienne mobilise des unités militaires qui étaient en attente depuis le début du mois à Dori au Burkina Faso, à Bankilaré au Niger et à Boulikessi au Mali. Le théâtre des opérations est le secteur des trois frontières Mali, Niger et Burkina Faso. En attendant le bilan de cette opération militaire qui promet le tonnerre dans le Sahel en pleine saison sèche, l’on peut déjà se féliciter de la montée en puissance de la force du G5 Sahel. L’on peut se risquer à le dire, les discours font maintenant place à l’action.

L’optimisme est de mise

Il était bien temps, au regard de l’actualité marquée par l’attaque-suicide qui a visé, rien que la semaine dernière, la force française Barkhane dans la région, sur l’axe Menaka- In-Délimane et surtout par la défiance des groupes terroristes qui ont annoncé la formation d’une coalition pour s’opposer à la force conjointe naissante du G5 Sahel. Et il faut le dire, l’optimisme est de mise quant au succès de cette deuxième action des troupes du G5 Sahel vers lesquelles sont tournés tous les regards. Et pour causes. La force conjointe peut compter non seulement sur l’appui de Barkhane qui opère dans la zone, mais aussi surfer sur l’élan des récentes victoires remportées par chacune des armées engagées dans la coalition. En effet, au Burkina Faso, les forces armées nationales ont découvert et détruit des zones de refuge et d’entraînement en sus d’avoir saisi de nombreuses armes et engins explosifs et neutralisé ou interpellé de nombreux individus suspects. L’on peut se risquer à dire que si la peur n’a pas encore changé de camp, ce ne devrait qu’être qu’une question de temps. En attendant donc de voir les terroristes à leur tour terrorisés, il faut aussi saluer la mue positive des armées des pays de la région qui ont pu s’adapter, même si cela a pris du temps, pour apporter des réponses de plus en plus satisfaisantes à la menace terroriste. Elles ont, en effet, rapidement gravi les échelons tant du point de vue du renseignement opérationnel et de la réactivité face aux attaques terroristes que des opérations sur le terrain. Cette évolution est à mettre à l’actif des dirigeants qui ont su définir de nouvelles politiques sécuritaires plus efficaces et renouveler les équipements militaires, mais aussi des populations dont la collaboration est des plus déterminantes dans la lutte contre l’activisme des groupes terroristes. A cet engagement interne aux Etats, il faut ajouter l’accompagnement de la communauté internationale qui, après quelques hésitations, a fini par délier les cordons de la bourse, convaincue que la sécurité dans les grandes capitales occidentales dépend de ce qui se passe au Sahel. Cela dit, il faut craindre que les groupes terroristes qui encaissent de plus en plus de coups, ne se métamorphosent aussi pour s’adapter à la nouvelle situation. Car, délogés de leurs zones de replis traditionnels, ils risquent d’essaimer les grands centres urbains pour commettre leurs basses besognes à travers des attentats-kamikaze.

La misère est le terreau du terrorisme et il faut que les dirigeants s’y attaquent

Il y a lieu donc aussi, concomitamment aux actions qui se mènent dans les antres des terroristes, de renforcer les actions de contrôle et de sécurisation des grandes métropoles. Car, il faut le dire, nos villes restent poreuses comme l’a démontré l’attaque à la grenade contre un véhicule de militaires français en plein Ouaga, malgré le dispositif sécuritaire impressionnant lors de la présence du président français Emmanuel Macron. Cela dit, les victoires engrangées par les armées dans la lutte contre les terroristes, ne doivent pas pousser les décideurs à la seule solution du « tout militaire ». Les opérations militaires doivent être accompagnées de mesures socio-économiques. Car, on le sait, la misère est le terreau du terrorisme et il faut que les dirigeants s’y attaquent pour ne pas jeter en pâture aux marchands de la haine, une jeunesse désœuvrée et sans espoir. L’autre levier de la lutte contre le radicalisme, c’est la lutte contre les disparités régionales et les injustices sociales qui ont servi, comme le montrent des études récentes, à alimenter l’hydre. C’est dans ce sens qu’il faut se féliciter du Programme d’urgence pour le Sahel mis en place par les autorités burkinabè, dont il faut cependant veiller à la bonne mise en œuvre. L’exemple en tout cas, s’il n’existe pas dans les autres Etats, mérite d’être dupliqué. C’est à ce prix que l’on pourra relever le défi du retour ou du renforcement de la présence de l’Etat dans les zones affectées par le péril djihadiste. Bien souvent, les groupes terroristes ont profité du vide provoqué par l’absence de l’Etat. Enfin, en attendant que prennent forme les prochaines victoires de la force conjointe du G5 Sahel, les Etats doivent l’accompagner mais aussi anticiper en définissant des politiques de « déradicalisation » et des programmes de réinsertion sociale pour les combattants démobilisés car de leur intégration harmonieuse dans la société, dépendra la pérennité des acquis de la lutte contre le terrorisme.

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