L’aéroport international de Ouagadougou a enregistré, le jeudi 11 janvier 2018, l’arrivée de 19 migrants burkinabè en provenance de Libye. Un retour initié par le gouvernement burkinabè et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) avec le soutien de l’Union européenne.
Là-bas, les Libyens considèrent mieux les troupeaux que nous les Noirs et dès qu’ils vous accostent sur une voie, c’est de votre argent qu’ils ont besoin avant de vous humilier ». Ce sont quelques propos arrachés à un migrant burkinabè, Mohamed Compaoré âgé de 23 ans et originaire de la commune de Niagho, dans la province du Boulgou. C’était dans la soirée du 11 janvier dernier à l’aéroport international de Ouagadougou, à l’occasion de l’arrivée de 19 migrants burkinabè de Libye. Un retour organisé par le gouvernement burkinabè et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), avec le soutien de l’Union européenne. Mohamed Compaoré, qui faisait la menuiserie à Tripoli, n’a pas manqué d’exprimer sa joie de retrouver son pays. Ajoutant, pour expliquer leurs difficultés, qu’il arrive souvent que les Libyens vous exigent une certaine somme d’argent et si vous n’en avez pas, ils vous emprisonnent tout en vous demandant d’appeler vos parents ou amis à venir payer votre sortie de taule. Et Rita Solange Agneketom/Bogoré, ministre déléguée à la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, d’indiquer que les 19 migrants sont rentrés volontairement. Et de souligner que ce retour volontaire a été organisé avec la contribution de l’ambassade du Burkina à Tripoli, appuyée par l’OIM. Tout en relevant que « quand vous avez des ressortissants qui sont dans un pays où ils ont des conditions de vie très difficiles, il va de soi que le pays puisse organiser leur retour à travers la sensibilisation et leur permettre de se réinsérer dans leur pays d’origine ». 1 011 migrants rentrés entre janvier 2017 et janvier 2018 Selon la ministre Rita Solange Agneketom/Bogoré, il s’agit aussi de faire en sorte qu’à leur retour, ces migrants n’aient plus envie de tenter une nouvelle aventure pour vivre des horreurs comme celles vécues à Tripoli. Après y avoir passé un séjour de plus d’une année, Mohamed Compaoré, qui avoue qu’il ne connaissait pas les réalités de ce pays avant de s’y rendre, n’encourage pas ses frères Burkinabè à une aventure en Libye. C’est avec amertume qu’il confie : « A mes frères et soeurs qui veulent se rendre en Libye, je vous demande de démissionner. C’est pour aller souffrir et ne même plus revenir puisqu’il y a des gens qui meurent là-bas». Il faut relever qu’immédiatement après leur arrivée sur le sol burkinabè, les migrants ont été hébergés au Centre de transit au quartier Somgandé à Ouagadougou pour bénéficier de soins nécessaires, de conseils et d’une assistance psychosociale. Ils recevront bien
d’autres soutiens pour l’auto-prise en charge sociale et professionnelle à travers des activités génératrices de revenus et des formations ainsi que la réintégration adaptée à leurs besoins, qui incluent leurs compétences professionnelles, leur motivation, leur engagement, la zone où ils seront installés, leur vulnérabilité. L’OIM rappelle que de janvier à décembre 2017, le Burkina a enregistré 992 retours volontaires de Libye dont 933 hommes et 59 femmes, avec l’aide de cette organisation et de l’Union européenne. Avec les 19 migrants arrivés le 11 janvier 2018, cela porte à 1 011 migrants, le nombre de Burkinabè rentrés volontairement entre janvier 2017 et janvier 2018.