Le Conseil des ministres, en sa séance du 4 janvier dernier, a pris de nouvelles dispositions afin de mieux lutter contre la corruption dans notre pays. Il s’agit d’un projet de loi portant modification de la loi N°004-2015/CNT du 3 mars 2015 portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso en vue d’instituer le principe de la déclaration électronique des biens des personnes assujetties, de consacrer le principe de l’inopposabilité du secret professionnel ou bancaire dans la lutte contre la corruption et de corriger des éléments de forme. Voilà qui est bien dit. Je parie que si cette loi est votée par la représentation nationale, les lignes bougeront davantage dans la lutte contre la corruption qui, je ne vous apprends rien, est devenue presque systémique au pays des Hommes intègres. La preuve, on a vu des gens partir du néant et, en peu de temps, devenir des multimillionnaires dans ce pays. Ce sont ceux-là que l’on appelle parfois avec un brin d’ironie les nouveaux riches, pour la simple raison qu’ils prennent du plaisir à narguer les autres. Franchement, j’encourage le gouvernement dans sa volonté de siffler la fin de la recréation, notamment en matière de gestion des biens publics. Car, jusque-là, on a l’impression que rien n’a changé. Les mauvaises pratiques qui avaient cours sous l’ancien régime subsistent, quand elles ne prennent pas tout simplement de l’ampleur. Si fait que chaque jour qui passe, les médias se font l’écho de pratiques peu orthodoxes dans certains services publics. Il y a même des structures de contrôle qui ont été épinglées pour mauvaise gestion. Suivez tout simplement mon regard, et vous comprendrez que je ne parle pas dans le vide.
Je mets le gouvernement en garde
En fait, au Burkina, on a trop laissé faire les choses au point que la corruption, les malversations et les détournements de deniers publics, ont fini par prendre des proportions inquiétantes. A preuve, on a vu des gens qui, mis en cause pour mauvaise gestion, ont été relevés de leurs postes et se la coulent douce, pendant que d’autres croupissent en prison. Pourquoi ce deux poids deux mesures ? On a le sentiment que la justice existe pour les uns et non pas pour les autres. Ce n’est pas juste. Changeons notre fusil d’épaule et travaillons à faire de notre pays un modèle en matière de gouvernance économique. Alors, bannissons les écarts de comportement et faisons de l’intégrité notre boussole. Et je sais qu’avec un peu de volonté, nous pouvons y parvenir. Car, aucun pays, il faut avoir le courage de le dire, ne peut se développer sans un minimum de rigueur dans la gestion des biens publics. C’est pour cela que j’admire le Rwanda qui, malgré ce que l’on peut dire de mal de ce pays sur le plan politique, demeure un exemple sur le continent en terme de gouvernance économique. Cela dit, je mets le gouvernement en garde. Car, une chose est de prendre des textes, une autre est de veiller à ce qu’ils soient appliqués. Je le dis parce qu’on a parfois l’impression que certaines lois sont prises juste pour contenter les partenaires techniques et financiers qui, de corruption las, ne sont plus dupes ; tant ils en ont suffisamment vu.
« Le Fou »