Le durcissement du mouvement de coordination des syndicats du secteur de l’éducation, marqué par une série de grèves, de sit-in et de marches sur l’ensemble du territoire national, montrent à souhait que l’année scolaire 2017-2018 est menacée au Burkina Faso.
Malgré de multiples rencontres entre le gouvernement du Premier ministre Paul Kaba Thiéba et la coordination des syndicats d’enseignants, ces derniers tiennent mordicus à la satisfaction totale de leur plateforme revendicative.
Les travailleurs de l’éducation demandent l’adoption d’un statut valorisant des personnels de l’éducation et de la recherche, l’amélioration de l’accès à l’éducation, l’amélioration des conditions de travail pour plus d’efficacité du système éducatif et la revalorisation de la fonction enseignante.
Depuis le début de l’année scolaire 2017-2018, les enseignants observent une série de mouvements pour se faire entendre par les autorités gouvernementales et l’opinion publique nationale et internationale.
Ils ont durci leur mouvement depuis octobre 2017, en refusant à plusieurs reprises de dispenser les cours, d’évaluer les élèves et de réceptionner les dossiers des examens scolaires.
Face à cette situation, M. Thiéba a exhorté mercredi, au cours d’une conférence de presse, les enseignants en grève depuis mardi à "un sursaut patriotique pour sauver l’année scolaire". Il a également invité les syndicats à la retenue et à reprendre les cours dans l’intérêt des enfants et du pays.
Rappelant que le dialogue n’est pas rompu et que les négociations en cours sont en vue d’aboutir à "une solution équilibrée", M. Thiéba a reconnu que les syndicats ont estimé que les réponses données par le gouvernement jusqu’alors n’étaient pas à la hauteur de leurs attentes, ce qui a occasionné la reprise du mouvement et son durcissement.
Un analyste politique, Siaka Coulibaly, impute la responsabilité de la situation à l’Etat, qui a cherché à résoudre au cas par cas les différentes plateformes revendicatives des travailleurs.
Selon lui, la cascade des mouvements, c’est-à-dire un secteur après l’autre, est survenue parce que le gouvernement a accordé en 2016 des avantages colossaux aux magistrats et un peu plus tard aux syndicats des finances.
Les travailleurs de l’éducation réclament un statut autonome (avec une grille salariale et indemnitaire autonome) dont l’incidence financière est de 50 milliards de francs CFA par an (90 millions de dollars).
Selon le chef du gouvernement, la résolution au cas par cas des plateformes syndicales ne devrait pas continuer, au risque de peser désormais sur la soutenabilité financière du Burkina. Le masse salariale au niveau du budget de l’Etat est de 52%, alors que la norme communautaire est de 32%.
Le gouvernement préfère attendre d’engager en février prochain des discussions pour l’adoption d’un nouveau système de rémunération dans l’administration publique burkinabè, selon les propositions du chef de l’Etat Roch Marc Christian Kaboré dans ses vœux à la nation fin 2017.
En attendant le forum de février, les analystes s’accordent à dire qu’il sera difficile de revenir sur les acquis déjà engrangés des travailleurs.