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Le Quotidien N° 828 du 27/7/2013

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Burkina : Le fossé se creuse entre pro et anti-Sénat
Publié le samedi 27 juillet 2013   |  Le Quotidien


Conférence
© aOuaga.com par A.O
Conférence de presse du chef de file de l`opposition
Jeudi 25 juillet 2013. Ouagadougou. Le chef de file de l`opposition politique a animé une conférence de presse sur la marche-meeting du 28 juillet contre la mise en place du Sénat


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On verra l’image d’un Burkina encore plus divisé ce dimanche 28 juillet 2013.  L’objet de la discorde n’est autre que le Sénat dont la mise en place suscite applaudissements des uns et huées des autres. Pendant que l’opposition manifestera pour dire non à cette institution, des conseillers municipaux éliront leurs représentants à la même institution. Malgré le rejet du Sénat par l’opposition et une grande partie de la société civile, le gouvernement ne manifeste aucune intention de reculer. Les dernières décisions du conseil des ministres, sur les modalités de désignation des sénateurs, confirment cette volonté du pouvoir à aller au bout du projet. Ce dimanche marque donc l’approfondissement de la césure entre anti et pro-Sénat. Et on ne sait pas où ce bras de fer va mener, tant les deux camps affichent une détermination farouche à défendre chacun sa position. Cette crispation sociopolitique prendra-t-elle fin un jour ? Et si oui, de quelle façon ? Dans la violence ou par un compromis ? Voilà les légitimes inquiétudes qui ne peuvent manquer de tarauder l’esprit de bien des Burkinabè. Une chose parait cependant évidente en l’étape actuelle de la crise, les positions sont très figées, et les risques de dérapages grands.C’est ainsi qu’on suivra avec attention la marche de l’opposition ce dimanche. Bien que son chef, Zéphirin Diabré, ait donné des consignes fermes pour éviter tout débordement, on ne sera soulagé qu’à la fin du rassemblement.

Certes, sur le plan de la dynamique démocratique, la possibilité pour les uns et les autres d’exprimer leurs différences est une bonne chose. Mais, la crainte est qu’à long terme, si aucune solution consensuelle n’est trouvée, la situation prenne une autre tournure. Les tiraillements peuvent en effet déboucher sur des actes de violences préjudiciables à la paix sociale. Par ailleurs, l’enlisement de la crise pourrait avoir pour effet de rendre la  destination Burkina peu sûre, à l’instar de certains pays en crise. En tout état de cause, le pays perdrait plus qu’il ne gagnerait dans le prolongement de la confrontation. Malheureusement, on est enclin à croire que c’est parti pour une longue période d’incertitudes, au moins jusqu’en 2015. Ce, d’autant que personne, en dehors des alchimistes aux desseins inavoués, ne sait si le président procédera ou pas à la révision de l’article 37 de la Constitution. L’enjeu, c’est de savoir s’il partira au terme de son dernier mandat légal ou s’il briguera, à nouveau, la magistrature suprême. C’est un rendez-vous avec l’histoire pour Blaise Compaoré, mais qu’il tarde à assumer. Le Pr Augustin Loada a très bien résumé ce caractère aléatoire de l’avenir politique du Burkina dans une interview accordée à « Le Quotidien », du vendredi 26 juillet 2013 : « Cette situation reflète une incertitude qui est intolérable, aussi bien du point de vue humain que constitutionnel. Un Etat de droit est fondé sur la prévisibilité des règles. Si cela n’est pas une réalité, il n’y a pas d’Etat de droit ».

La démocratie burkinabè, il faut l’avouer, fonctionne au coup par coup. Par doses homéopathiques, des réformes sont introduites, qui font avancer la démocratie, ou qui laissent croire à des calculs politiciens. De sorte que bien des pays de la sous-région, à qui pourtant le Burkina a apporté assistance en tant que médiateur, sont en avance en bien des domaines, notamment les candidatures indépendantes et la limitation stricte des mandats présidentiels. On dira que chaque pays va à son propre rythme, selon ses propres réalités. Cela n’est pas faux. Mais il ya des fondamentaux auxquels aucun pays, qui se veut démocratique, ne peut se soustraire. C’est ce challenge que le Burkina doit, à nouveau relever à l’orée de 2015, considérée comme une étape majeure pour le pays. Soit il capitalise les acquis démocratiques même insuffisants, soit il les brade. La course vers cette échéance primordiale a déjà commencé avec la polémique autour du Sénat .
La Rédaction

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