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Dr Ra-Sablga Ouédraogo, Directeur Exécutif de Free Afrik à propos de la lutte contre le terrorisme : « Nos forces de l’ordre sont en train de s’aliéner le soutien des populations locales »
Publié le vendredi 12 janvier 2018  |  Le Pays
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© aOuaga.com par A.O
Institut Free Afrik : une étude sur l`économie restituée
Jeudi 29 janvier 2015. Ouagadougou. L`Institut Free Afrik a restitué en conférence publique une étude intitulée "Economie mondiale, économie burkinabè 2015". Photo : Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik




L’Institut FREE AFRIK organise du 10 au 12 janvier 2018 à Ouagadougou, un atelier sur la gouvernance dans la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES). Placé sous le thème : « Réarmer la gouvernance pendant qu’il est encore temps », cet atelier regroupe divers acteurs dont des Hommes de médias, des syndicats, des chercheurs, des autorités en charge de la lutte contre la corruption et des partenaires de l’Institut. Cet atelier entre dans le cadre du projet de suivi-évaluation indépendant et citoyen du PNDES porté par FREE AFRIK dans le cadre du programme Présimètre soutenu par Diakonia et l’Union européenne.

Faire en sorte que les deux études réalisées soient connues de façon détaillée par les acteurs de la société. C’est l’objectif principal de l’atelier sur la gouvernance dans la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES). Pour Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, Directeur exécutif de l’Institut de recherche FREE AFRIK, il s’agit de faire en sorte qu’à la sortie de cette rencontre, l’Institut puisse consolider les résultats de deux études portant respectivement Evaluation de la gouvernance économique dans le PNDES et évaluation de la gouvernance sociale et sécuritaire dans le PNDES. Et cela afin de publier un rapport qui va indiquer les voies pour réarmer la gouvernance. Entre autres pistes de réformes au plan de la gouvernance économique, l’adoption rapide des textes relatifs à la réforme de l’ASCE-LC, l’accélération de la réforme des corps de contrôle et l’autorisation de cette structure pour que la lutte contre la corruption ait la rigueur nécessaire. A cela, il faut ajouter la lutte contre la fraude avec les moyens nécessaires si l’on veut obtenir de l’argent, car ce sont, a-t-il dit, plusieurs dizaines de milliards de F CFA qui sont perdus parce qu’il y a la fraude massive au Burkina. Cela va permettre, de son point de vue, de crédibiliser les autorités car la corruption sape leur crédibilité et leur légitimité, d’où la difficulté pour elles d’engager des réformes courageuses. Au plan de la gouvernance sécuritaire, Dr Ra-Sablga a estimé qu’il urge de construire un élan national afin de mieux faire face au terrorisme qui a fait plus de 100 morts au Burkina, notamment dans sa partie septentrionale où des mines anti-personnelles, a-t-il dit, sont en train d’être posées et dont les conséquences peuvent durer pendant des décennies.

Un élan national pour faire face au terrorisme


C’est un défi que l’on peut bien relever. Cependant, s’est-il inquiété, « nos forces de l’ordre sont en train de s’aliéner le soutien et la collaboration des populations locales. Il y a des rapports qui parlent d’exactions, il y a des témoignages très clairs sur les réseaux sociaux, crédibles de journalistes qui indiquent que les populations de la partie septentrionale de notre pays se sentent lésées, piétinées parfois blessées voire tuées par nos forces régulières. Je ne leur jette pas la pierre, mais j’indique que c’est une situation extrêmement grave, parce que c’est un paramètre critique de la lutte contre le terrorisme. Si vous voulez lutter contre le terrorisme, il faut indispensablement que votre population soit avec vous. Et ce point, il faut le traiter afin qu’on ait un élan national », a-t-il soutenu. Au plan de la gouvernance sociale, Dr Ra-Sablga a évoqué les grèves et le dialogue social. Comme piste de solutions à ce niveau, il estime qu’il est impératif de trouver les voies et moyens pour remettre le pays au travail. « Il est impératif que des discussions s’engagent de façon beaucoup plus crédible, beaucoup plus professionnelle, que nos trouvions très rapidement les voies pour sortir de la situation actuelle », a-t-il souhaité. Dans sa présentation des résultats de l’étude portant sur la gouvernance économique dans la mise en œuvre du PNDES, il a déclaré que la corruption a un effet corrosif sur l’ensemble de la société. Elle peut jouer sur la croissance, accentuer les inégalités, inhiber les efforts et saper la crédibilité des autorités, a-t-il noté.

La corruption plombe le développement


Abordant le thème du jour : « La gouvernance économique et lutte anti-corruption dans la mise en œuvre du PNDES », Dr Ouédraogo a fait comprendre que la corruption plombe le développement, car elle occasionne des manques à gagner importants pour les caisses de l’Etat. Il a souligné que même si des citoyens estiment que le phénomène est en régression, il a des effets négatifs sur la vie de la Nation. Pour lui, les privatisations de certaines sociétés et la libéralisation de certains secteurs économiques, ont contribué à rehausser le niveau de la corruption au Burkina. Faisant l’évolution de la lutte anti-corruption, il a cité la création du REN-LAC, le travail de conscientisation du journaliste d’investigation Norbert Zongo, la création de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE) devenue aujourd’hui Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), etc. Au titre des acquis et avancées dans le domaine de la lutte contre la corruption, il a énuméré la loi anti-corruption votée en 2015, la réforme en cours de l’ASCE-LC, l’exigence des partenaires au développement, une presse d’investigation en émergence, une montée de l’opinion publique, etc. Dr Ra-Sablga Ouédraogo a, par ailleurs, recommandé une saine information et la formation du public, la lutte contre la fraude, l’allocation de fonds d’intervention conséquents à l’ASCE-LC pour lui permettre d’être plus autonome et efficace. En somme, il faut un souffle nouveau pour mieux conscientiser les citoyens. A la question de savoir si les autorités actuelles ont la volonté de lutter contre la corruption, Dr Ra-Sablga dira qu’il a la conviction qu’elles ne l’ont pas. Toutefois, il a tempéré ses propos en affirmant qu’il y a des cas où elles ont la volonté de lutter contre la fraude, mais il manque de la consistance dans les décisions publiques comme privées à la base de ces décisions. Selon lui, dans un pays où les ressources sont limitées comme le Burkina, la gestion des ressources économiques doit être guidée par l’efficacité. Or, les choix sont souvent mal opérés. Et de s’interroger pourquoi le Burkina a un fichier électoral alors qu’il n’a pas un cadastre fiscal ou un fichier fiscal dont l’utilité pour la mobilisation des ressources n’est plus à démontrer. A son avis, la réalisation des études vise à assurer un suivi-évaluation citoyen des politiques économiques et sociales dans le cadre de la mise en œuvre du PNDES, à contribuer à la bonne gouvernance économique et sociale dans le cadre dudit plan. Pour leur part, le Directeur pays de Diakonia, Luther Yaméogo et Thomas Huyqmebaert de la délégation de l’Union européenne, ont tous deux salué l’initiative de FREE AFRIK. Ils sont heureux qu’un Institut indépendant de recherche fasse des analyses continues sur certaines thématiques essentielles des défis du Burkina, notamment la gouvernance économique, sociale, sécuritaire, etc. Le fait de soumettre les résultats des études à débat, afin d’œuvrer à trouver ensemble des solutions pour que le pays puisse avancer, est une bonne chose à leurs yeux. Ils ont souhaité que les participants puissent participer activement aux débats afin que les discussions aboutissent à un rapport utile.

Dabadi ZOUMBARA
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