C’est le 10 janvier 2017 que notre équipe s’est rendue sur le site du parc urbain Bangr-wéogo, sur sa partie qui fait frontière avec la portion de la Route nationale (RN) 4, actuellement en chantier. Là-bas et plus précisément à la hauteur du pont surplombant « l’embouchure » du canal de Zogona où stagnent des eaux de pluies et celles drainées par le canal, la présence de gros reptiles notamment des crocodiles avait été signalée à plusieurs reprises sans que cela n’émeuve personne. Mais, avec la reconstruction du pont, c’est peu dire que ce biotope a connu des modifications. Et les reptiles qui y vivent, sont exposés. Constat !
Nous : « Navez-vous pas peur ? ». Le jeune homme : « Non, il est immobile et donc inoffensif ». Nous : « Etes-vous sûr ? Et s’il se retournait tout d’un coup ? »… Ceci est un bout d’une conversation que notre équipe a eue, le 10 janvier dernier, avec un jeune homme sur la partie du site de Bangr-wéogo qui borde la RN4 au niveau du pont du canal de Zogona en réfection et où des crocodiles sont laissés à eux-mêmes. Ce dernier y était pour les observer et prendre quelques clichés de ces bêtes aux multiples crocs. Et, pour ce faire, il n’a pas hésité à descendre parmi elles jusque dans leur nid, le lit d’une marre d’eau en décrue, pour se placer juste derrière la longue queue de l’une d’elles qui, de plus, avait la gueule grandement ouverte. Malgré notre interpellation, le jeune homme restait « serein » et souriait, vraisemblablement très enthousiasmé d’être si proche du reptile. Une présence qui ne semblait pas troubler l’animal qui demeurait immobile, la gueule béante. Un coup d’œil rapide dans les environs et nous nous rendons compte qu’il n’était d’ailleurs pas le seul. Il y en avait même de petits. En effet, en cette fin de matinée et dans un rayon de 5 mètres, nous avons compté 6 crocodiles adultes et un petit. Trois d’entre eux gardaient leur gueule grandement ouverte et les autres étaient simplement couchés, certainement pour réguler la température de leur corps, étant entendu que ce sont des animaux à sang froid. « Mais est-ce pour autant qu’ils ne sont pas dangereux ? », nous sommes-nous demandé. Difficile d’y répondre. En tout cas, le jeune homme que nous avons trouvé sur place semblait « prendre son pied » du spectacle qu’offraient les bêtes sans être inquiété. Et, ils sont nombreux les usagers de la route qui, une fois à la hauteur du pont, font volontiers une petite halte et descendent dans le marigot, maintenant presqu’à sec, pour faire des selfies avec ces animaux.
« Nous n’avons pas encore eu vent ou vu un incident lié à leur présence »
Ainsi, si la réfection de la voie a, d’une manière ou d’une autre, perturbé ces bêtes dans leur gîte traditionnel, ce qu’il faut maintenant craindre, ce sont les badauds et les curieux qui, pour les observer, perturbent leur quiétude. Des témoignages que nous avons reçus, il ressort que de plus en plus, ces reptiles sont exposés et se promènent dans les environs. Parfois, nous confie Abdoul Karim Ilboudo, jardinier depuis près de 7 ans en face du gîte des crocodiles, lorsque la nuit tombe, ils sortent, traversent la chaussée et se couchent sur les bordures. « Mais, ils ne sont pas agressifs. Depuis que nous nous sommes installés ici, nous n’avons pas encore eu vent ou vu un incident lié à leur présence », ajoute-t-il. Et de préciser que parfois, pour arroser les plantes qu’il entretient, il va jusqu’au marigot où vivent les bêtes pour puiser son eau sans être inquiété. Mais, reconnaît-il, ces derniers temps, ils sont plus exposés, si fait que certains curieux vont même jusqu’à les toucher. Mais, les crocodiles ne se limitent pas seulement, dans leur balade, à cette zone. De temps à autre, souligne notre interlocuteur, les bêtes s’aventurent dans le quartier Zogona, ceux des 1200 Logements et de la Zone du bois via les canaux de drainage des eaux de pluies. Sur le prolongement de l’avenue Na-rouamba-Ronsin, située sur le côté Est de l’Ecole nationale de la santé animale (ENASA), le caniveau déborde d’eau au croisement avec la RN4. A ce niveau, juste derrière le mur de l’ENASA, un attroupement attire notre attention. Arrivé sur les lieux, nous constatons qu’un autre reptile s’y trouve, étalé le long du caniveau. C’est donc peu dire que d’affirmer que ces bêtes n’ont plus de gîte précis. Contacté pour savoir ce qui est fait pour éviter la divagation des crocodiles dans cette partie de la ville, le service de la faune du parc urbain Bangr-wéogo nous a renvoyé au Directeur intérimaire du parc. Malheureusement, nous n’avons pas pu avoir un échange avec ce dernier. Car, selon ce qui nous est parvenu, pour que le directeur intérimaire puisse nous accorder une interview sur la question, nous devons d’abord lui adresser une demande écrite.
Adama SIGUE