Aujourd’hui à zéro heure a pris fin la campagne électorale pour l’élection présidentielle au Mali. Après trois semaines de pêche aux voix, les 27 candidats en lice amorcent désormais la dernière ligne droite de la course au fauteuil présidentiel de Koulouba.
Le moins que l’on puisse dire est que cette campagne a été des plus «civilisées», car s'étant déroulée dans une ambiance calme et sereine. En effet, les différents prétendants à la magistrature suprême ont, chacun, pu mouiller le maillot à sa façon, d’aucuns remplissant même des stades et d’autres se risquant à aller à Kidal battre campagne. Le tout dans une saine émulation où le discours politique était plus aux projets de société qu’à la haine. Hormis l’enlèvement puis le relâchement d’agents électoraux et d’un élu au Nord, il n’y a pas eu d'incidents majeurs à déplorer pendant ces 19 jours de campagne électorale. Un bel esprit de compétition qui augure, on l’espère, un scrutin tout aussi apaisé.
C’est tout le mal que l’on peut souhaiter à ce Mali déjà malade de cette crise politique consécutive au coup d’Etat de mars 2012.
Peu de gens osaient parier d’ailleurs un sou sur la tenue effective du scrutin du dimanche 28 juillet 2013. A jour J-2, sauf tremblement de terre, tout porte à croire que le pari sera tenu.
Reste maintenant à voir sur qui le peuple malien va jeter son dévolu pour le sortir de l’ornière. Après avoir en effet fait usage des armes grâce à une coalition internationale pour préserver l’intégrité de leur territoire et bouter les hordes djihadistes et terroristes hors de leurs frontières, c’est maintenant par les urnes que les Maliens devront assurer la pérennité de ce qu’ils ont conquis en faisant parler la poudre.
Au regard des forces en présence, vraisemblablement, cette présidentielle de tous les espoirs se jouera en deux tours. Aussi faut-il inviter les différents acteurs à accepter le verdict des urnes, quel que soit le vainqueur, pour peu qu’il soit transparent et crédible. Certes, tenu dans le contexte que l’on sait, le processus électoral aura été approximatif. Mais imparfait, il l’aura été pour tous les candidats.
Quel que soit celui qui aura le précieux sésame du palais de Koulouba, l’on est même tenté de dire qu’il est plus à plaindre qu’à envier, tant les défis qui l’attendent sont aussi nombreux que titanesques. Une sinécure, sa fonction ne le sera pas, avec toutes les priorités et autres dossiers brûlants à traiter. Au nombre de ceux-ci, la nécessaire réunification véritable du pays, la restauration et le redémarrage des institutions républicaines et surtout la mise en œuvre de l’Accord de Ouaga. Sans compter les attentes sociales, les impératifs économiques et la réforme de l’armée, par qui tout ce chaos est arrivé.
Autant dire que le remplaçant du président intérimaire, Dioncouda Traoré, lequel est sans doute pressé d’aller voir ailleurs, est tout prévenu. Un homme prévenu en vaut deux, un chef d’Etat prévenu en vaut plusieurs.
Courage donc au futur capitaine qui tiendra le gouvernail du navire battant pavillon malien.