Le Burkina Faso, à l'instar des pays de la bande sahélienne, est confronté à un défi sécuritaire, notamment la montée du terrorisme, qui a fait 133 morts dans 80 attaques depuis 2015, obligeant le gouvernement à s'impliquer davantage dans la lutte contre les groupes armés en 2017.
Dans la nuit du 13 au 14 août 2017, des terroristes ont ouvert le feu dans le restaurant turc Aziz Istanbul, en plein cœur de Ouagadougou, tuant 19 personnes et en blessant une vingtaine avant d'être abattus par les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso.
Une nouvelle page noire de l'histoire du pays sur le plan sécuritaire, après l'attaque de janvier 2016 contre le Splendid Hôtel, un hôtel-restaurant de luxe situé dans le même quartier, au cours de laquelle Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a tué une trentaine de personnes.
Depuis, le pays a basculé dans un cycle d'attaques terroristes, notamment au nord et au nord-ouest du pays, à la frontière avec le Mali et le Niger. Dans cette vaste zone désertique, où s'est retranché le djihadiste burkinabè Malam Dicko du groupe Ansarul Islam (affilié à des groupes islamistes maliens), les attaques sont quasi quotidiennes.
Les autorités sécuritaires ont donc décidé de diversifier les moyens et les stratégies pour venir à bout du phénomène. C'est dans cette optique qu'en octobre 2017, le pays a organisé un forum sur la sécurité rassemblant plus de 600 participants à Ouagadougou, avec pour objectif de faire un diagnostic de la situation sécuritaire et de faire des propositions de résolutions.
"Notre système sécuritaire n'a jamais été autant mis à l'épreuve que ces dernières années, avec la multiplication des attaques sur le sol national", a déclaré à l'ouverture des travaux le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, avant d'ajouter que "c'est de notre capacité à nous organiser, à unir nos intelligences et nos énergies que nous viendrons à bout de ces forces obscurantistes".
Pourtant, pour le centre de recherche international Crisis Group, l'insécurité au nord du Burkina Faso ne résulte pas uniquement d'un déficit de développement, d'une incompréhension entre un Etat central et un territoire lointain ou de l'influence négative d'un voisin en guerre. "Elle est surtout le résultat d'une crise profonde qui agite les groupes humains qui habitent les terroirs du Nord. C'est sur ces fractures très locales entre maîtres et sujets, dominants et dominés, anciens et modernes que Malam Dicko a bâti sa popularité."
Pour le centre de recherche, la résolution définitive de la crise dépendra en partie de la stabilisation du Mali, ainsi que de la mise en place par le gouvernement et ses partenaires de plans efficaces de développement. Mais elle viendra aussi et surtout de la création de nouveaux équilibres sociaux et d'un règlement par les populations locales de leurs divisions actuelles.
"Les efforts du gouvernement se poursuivront pour renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité, tout en améliorant les conditions de travail de nos soldats sur les théâtres d'opérations, pour plus d'efficacité et de sécurité", souligne le président Kaboré.
Lundi, le ministre burkinabè de la Sécurité, Simon Compaoré, a appelé les forces de défense et de sécurité à "redoubler de détermination, de vigilance et de dévouement" en cette fin d'année, dans un contexte marqué par la montée du terrorisme.
Il a également adressé ses "vives félicitations" aux "vaillantes forces" déployées sur le terrain dans le cadre de la sécurisation du territoire national et "qui exécutent avec un sens élevé du devoir et un esprit de sacrifice leurs tâches pour garantir la paix et la sécurité".
Le pays s'est aussi engagé dans la formation de la force conjointe G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme.