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Alain Siri, Secrétaire permanent du PNDES : «En 2 ans, 62 CSPS ont été construits»
Publié le vendredi 29 decembre 2017  |  Sidwaya
Alain
© Sidwaya par DR
Alain Siri, Secrétaire permanent du PNDES




Le secrétaire permanent du Plan national de développement économique et social (PNDES), Alain Siri, économiste de formation, aborde avec force détails, le bilan du PNDES, 2 ans après son adoption. Les réalisations, les montants mobilisés, le nombre de projets réalisés bref, tous les aspects du nouveau référentiel de développement du Burkina Faso sont passés en revue dans cette interview.


Sidwaya (S.) : Quel bilan général peut-on dresser de la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES)?

Alain Siri (A.S.) : Malgré le contexte sécuritaire difficile et l’avalanche de grèves dans des secteurs névralgiques de l’économie, la conduite de l’action publique a permis de renforcer la résilience de l’économie à ces aléas adverses et a inscrit son évolution dans une dynamique de croissance forte. En effet, la croissance du PIB réel est passée de 3,9% en 2015 pour atteindre 5,9% en 2016, puis 6,4% en 2017. Le niveau de croissance attendue de l’économie en 2017 hisserait le Burkina Faso au second rang des pays de l’UEMOA en termes de croissance du PIB réel.


S. Quelle est la situation des réalisations du PNDES en fonction des secteurs ?

A.S. :En matière d’infrastructures routières, au cours des deux premières années d’exécution du PNDES, ce sont 140 km de routes qui ont été bitumées. En outre, les travaux de bitumage d’un linéaire de 291 km de routes ont été lancés au cours du dernier trimestre de l’année 2017. Concernant le renforcement et la réhabilitation de routes bitumées, ce sont au total 110 km qui l’ont été et les travaux sont en cours sur 187 autres Km. Pour les pistes rurales, la construction de 867 km est achevée et la réalisation de 508 km se poursuit, pendant que le début des travaux pour 1000 autres km de pistes est imminent. Dans le domaine de l’énergie, les actions engagées ont permis d’accroître l’offre et l’accès, à travers la construction de centrales photovoltaïques (Zagtouli 33MWc, Ziga 1,1MWc), l’accroissement de la capacité de production des centrales existantes, le raccordement de nouvelles localités au réseau de la SONABEL. En plus, la construction de 7 nouvelles centrales solaires photovoltaïques est en voie de lancement. Dans le domaine social, la politique conduite en matière de santé a permis de renforcer l’offre et la qualité, tout en élargissant l’accès des populations aux soins de santé. Dans ce sens, la mesure de la gratuité d’accès aux soins de santé, notamment pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, a bénéficié à plus de 23 millions de patients en deux ans. 62 nouveaux Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) ont été construits et 24 autres ont été transformés en Centres médicaux. A titre de comparaison, entre 2010 et 2015, soit 6 ans, le pays n’a construit que 55 CSPS et 8 Centres médicaux. Le recrutement des personnels de santé a été conséquent : 2 471 nouveaux agents de santé dont 433 médecins et 47 pharmaciens. Dans le secteur de l’éducation, les efforts ont porté sur l’élargissement de l’accès dans tous les ordres d’enseignement et sur la qualité. Ainsi, au niveau du primaire, 2906 salles de classes ont été construites. A titre de comparaison, le pays n’a construit, entre 2012 et 2014, que 950 salles de classes au primaire. Au niveau du post-primaire et secondaire, ce sont 409 CEG, 55 lycées qui ont été construits en deux ans. 25 nouveaux laboratoires et 2 lycées scientifiques ont été ouverts. Au niveau de l’université, le cheval de bataille de l’action de l’Etat est la normalisation des années académiques, la création de bonnes conditions de formation aux apprenants et la réorientation de l’offre de formation vers les filières professionnelles et techniques.


S. : Quel est le taux de mobilisation des milliards annoncés lors de la conférence des bailleurs de fonds de Paris?

A.S. : Avant, il sied de rappeler que l’appui demandé aux partenaires du Burkina Faso ne représente que 36,2% du coût global du PNDES. Ce qui signifie que l’effort de développement du Burkina Faso, à travers la mise en œuvre du PNDES, relève d’abord des Burkinabè. Par ailleurs, puisqu’une part non négligeable des financements attendus des partenaires prendra la forme de prêts, fussent-ils concessionnels, c’est-à-dire à taux d’intérêt faible et à maturité longue, cela signifie qu’en définitive, c’est aux Burkinabè qu’il revient de supporter les coûts des actions à réaliser. En plus, c’est surtout en termes d’accroissement des services et infrastructures publics qu’il faut appréhender la réception par notre pays des financements annoncés et non en termes d’afflux de capitaux. S’il est nécessaire de présenter sèchement en des termes financiers le niveau de mobilisation des financements annoncés, de 2016 à 2017 au 30 novembre, le pays a signé 172 conventions de financement à la fois avec les partenaires institutionnels et privés pour un montant total de 1 722,59 milliards de francs CFA, représentant plus de 30,1% du besoin de financement exprimé à la conférence de Paris (5570,2 milliards FCFA).


S. : A ce jour, combien de projets ont-ils démarré?

A.S. : En vue de réussir la mise en œuvre du PNDES, le gouvernement a adopté la matrice de réformes stratégiques et d’investissements structurants. Initialement, elle comportait environ 300 projets d’investissements structurants et 71 réformes. Pour les besoins de la Conférence des partenaires du Burkina Faso sur le financement du PNDES, le gouvernement a retenu 83 projets structurants. A la fin du troisième trimestre 2017, le rapport de suivi des actions (réformes et investissements contenus dans la matrice) dénombrait 67 projets en cours de mise en œuvre et les autres, aux stades d’études ou de recherche de financement. Si vous vous intéressez aux seuls projets présentés aux partenaires lors de la conférence de Paris pour les financements du PNDES, le rapport cité faisait état de 24 projets en cours d’exécution, d’un en instance de démarrage, de 37 en recherche de financement et de 23 en études. Au vu des projets d’infrastructures lancés au cours des deux derniers mois de l’année 2017, le nombre de projets en cours d’exécution est à amender à la hausse.


S. : Quand est-ce que les retombées du PNDES seront véritablement ressenties par les Burkinabè?

A.S. : C’est une question difficile à répondre, car ce qui relève du ressenti est par essence subjectif. Cela dit, en à peine deux années de mise en œuvre, le taux d'électrification qui mesure l'accès des ménages à l'électricité est passé de 18,83% en 2015 à 22,5% environ en juin 2016, les fortes coupures d'eau sur le réseau de l'ONEA à Ouagadougou relèvent désormais d'un souvenir à oublier. En outre, la prise des mesures telles que la baisse (de 30 francs en janvier 2016) des prix du carburant à la pompe et son maintien jusqu'à présent, la subvention du gaz, les subventions des intrants agricoles et les crédits d'équipement et de fonds de roulement accordés à certains agriculteurs sont autant de réalisations faites. Le gouvernement a également engagé des actions qui induisent, ne serait-ce que de manière indirecte, le relèvement du pouvoir d'achat des ménages : (i) la gratuité des soins au profit des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans ; (ii) la poursuite des actions visant à vendre certaines denrées à prix social à travers les boutiques témoins ; (iii) la revalorisation mécanique du revenu des agents de l'administration publique (reversement des fonctionnaires et contractuels au régime de la loi 081 de 2015) et la hausse des indemnités dans de nombreux corps ; (iv) les emplois créés au titre des programmes de Travaux à haute intensité de main d’œuvre (THIMO), des initiatives de promotion de l'auto-emploi par les crédits pour la réalisation de micro-projets ; les recrutements sur mesures nouvelles, les recrutements d'agents communautaires de santé, d'étudiants de niveau au moins égal au bac + 2 ans pour servir dans l'enseignement, etc.). Ce sont là quelques effets immédiats de la mise en œuvre du PNDES dont la perception me semble évidente. Du reste, la réalisation des infrastructures routières procurera un franc désenclavement interne et externe du pays ; la réalisation de voiries, une meilleure mobilité urbaine. L’accroissement de l’offre de santé de premier et deuxième rang démocratisera l’accès aux soins. L’accroissement de l’offre énergétique permettra à un plus grand nombre de Burkinabè d’accéder à l’électricité. L’accroissement de l’offre de formation technique et professionnelle permettra à la jeunesse burkinabè de bénéficier de formations adaptées aux besoins de l’économie et d’échapper au chômage.


S. : Environ 63,8% du coût du PNDES doit être financé sur ressources propres. Comment l'Etat joue-t-il sa partition?
A.S. : L’Etat joue bien sa partition dans la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre du PNDES. Dans ce sens, les efforts engagés pour mobiliser les recettes fiscales ont permis de faire évoluer progressivement le taux de pression fiscale de 14,5% en 2014 à 15,8% en 2016, puis à 16,4% en 2017. Cet effort doit se poursuivre et se renforcer, car l’objectif en la matière est de mobiliser par an, un montant total des recettes dont le rapport au PIB nominal atteindrait 19,5%. Les progrès notés en la matière et qui doivent se renforcer l’ont été grâce, entre autres, aux efforts déployés par les régies de recettes, à la modernisation des moyens de recouvrement tels que le recours au Système de liaison virtuelle pour les opérations d’importation et d’exportation (SYLVIE), le renforcement de l’externalisation de l’évaluation des véhicules d’occasion de moins de dix ans et des engins de travaux publics.


Interview réalisée par Nadège YE
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