Le réseau Initiative des journalistes africains pour la coopération et le développement (IJACOD) en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a organisé une caravane de presse dans la région de l’Est du 12 au 14 décembre 2017. L’objectif étant de constater l’ampleur de la malnutrition dans cette région et surtout prendre connaissance des stratégies de ripostes. Le Dr Salif Sankara, directeur régional de la santé de l’Est, dans cet entretien accordé à l’équipe de journalistes, fait le point des actions de lutte contre la malnutrition et l’apport des différents partenaires dont l’Unicef.
Fasozine: Quelles sont les différentes actions menées sur le terrain de la lutte contre la malnutrition ?
Dr Salif Sankara: Dans le domaine de la malnutrition, nous avons mis en place des stratégies de promotion, de prévention et de prise en charge. D’abord pour ce qui est de la promotion, c’est tout ce que nous entreprenons comme activités de communication à l’endroit des populations et comme activité de production alimentaire de cultures vivrières qui accompagne la bonne nutrition. Ensuite, au niveau de la prévention, il y a les dépistages communautaires et courants afin de prendre en charge les cas à risques pour qu’ils ne deviennent pas des malnutris. Enfin dans le dispositif de la prise en charge, nous avons le processus de prise en charge à l’interne des malnutris aigus graves ou le processus de prise en charge ambulatoire de malnutrition modérée.
Au niveau des difficultés, il ressort que l’un de vos obstacles est le contexte socioculturel
L’objectif de la communication à l’endroit de la population est de lever un certain nombre de tabous socioculturels défavorables à la nutrition. Dans ce domaine, vous avez certaines personnes qui pensent que certains aliments sont impropres à la consommation pour certaines cibles. L’exemple le plus patent, c’est la consommation de l’œuf par la femme enceinte. Certaines populations pensent que la femme ne devrait pas manger des œufs alors que c’est ce qu’elle devrait manger. L’œuf est un aliment complet et contribue à une bonne alimentation saine de la femme enceinte. Il faut donc communiquer pour dire aux gens, quel aliment, quel mélange, et quel composé est meilleur pour la santé. Il faut que l’alimentation soit variée et riche pour apporter une bonne nutrition.
La situation de la malnutrition est alarmante dans votre région…
Alarmante, c’est trop dire. Je pense que l’Est fait partie des régions à fort taux de malnutrition. Ce n’est pas plus alarmant qu’ailleurs. Du reste avec les efforts conjugués de ces 5 dernières années, la situation est en train de s’améliorer significativement. Par rapport aux complications ou aux conséquences de la malnutrition, il faut savoir que 50% des décès chez les moins de 5 ans se font sur le terrain malnutri. C’est parce qu’il y a la malnutrition que ces décès arrivent. Nous pensons qu’il n’y a pas de développement possible sans une bonne nutrition. La construction du cerveau, le processus de construction intellectuelle ne peut correctement se faire que s’il y a une bonne nutrition. Si les gens ne sont pas bien nourris depuis leur enfance, ils ne pourront pas faire les acquisitions scolaires nécessaires au processus de développement.
Quelle est la portée de la contribution des vos différents partenaires dans la lutte contre la malnutrition ?
Nous avons une multitude de partenaires qui interviennent dans le domaine de la nutrition. Leur apport est extrêmement important. Les partenaires interviennent à tous les niveaux du dispositif de lutte contre la malnutrition. C’est cet apport qui nous a permis de passer de la queue à la tête en matière de lutte contre la malnutrition. C’est extrêmement important à souligner. Certains interviennent dans la malnutrition modérée, d’autres dans la malnutrition sévère. D’autres groupes, dans le processus de promotion des cultures spécifiques dont les denrées nutritionnelles.
Comment se fait le traitement de la malnutrition ?
Dans le dispositif de prise en charge, il y a la promotion, la prévention et la prise en charge. La prise en charge peut se faire en ambulatoire dans n’importe quelle structure ou en interne au niveau des Cren (Centre de récupération et d'Education nutritionnelle). Les Cren sont logés dans les Centres médicaux, les centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA). A ce jour, nous avons 5 CMA qui ont des Cren en plus du Centre hospitalier régional (CHR) de Fada N’gourma. Là-bas, nous recevons régulièrement les cas de malnutris, on les hospitalise, on prend en charge les complications associées et on corrige les aspects nutritionnels en donnant des apports nutritionnels spécifiques selon leurs besoins. Cela leur permettra une bonne récupération.