Elles sont les premières à savoir et à annoncer à une femme qu’elle est enceinte. Elles sont aussi celles qui sont les premières à tenir le nouveau-né d’une mère et entendre ses cris. Et enfin elles sont celles qui aident la femme a donner la vie. Elles, ce sont les sages-femmes, encore appelées les femmes de la blouse rose. Attachée de santé en soins infirmiers et obstétricaux et sage-femme de formation de base, et par ailleurs présidente de l’Ordre national des sages-femmes au Burkina, Léa P. Garané/ Bationo, dans ces lignes qui suivent nous parle, entre autres, du métier de sage-femme au Burkina et des causes de naissance des prématurés.
« Le Pays » : Comment appréciez-vous le métier de sage-femme au Burkina ?
Léa P. Garané/Bationo : Le métier de sage-femme est un métier noble qui demande à être respecté et valorisé au Burkina. Nous sommes en train de mettre en place des procédures pour que le métier soit de plus en plus valorisé. Le monde médical ne peut pas réussir sans la contribution des sages-femmes, car ce sont elles qui sont au premier niveau et qui sont plus en contact avec les femmes, les patientes, c’est-à-dire celles qui sont exposées aux risques de mortalité maternelle. Cependant, il faut réorganiser cet emploi en mettant à la disposition des sages-femmes les ressources nécessaires pour qu’elles puissent vraiment répondre à la hauteur des attentes des patientes.
D’aucuns disent que les sages femmes rançonnent souvent les patientes dans les centres de santé. Que répondez-vous ?
La question de rançonnement touche tous les emplois. Ce ne sont pas les sages-femmes seulement qui sont indexées. De plus en plus il y a des cas, et nous entendons dire que des sages-femmes rançonnent dans les salles de consultation et autres, mais nulle part, nous n’enregistrons officiellement de plainte attitrée. Nous avons toujours demandé à ceux ou celles qui pensent qu’ils ont été rançonnés de dénoncer les rançonneurs pour que nous puissions vraiment pousser très loin nos recherches pour pouvoir résoudre le problème.
Qu’est-ce qu’un enfant prématuré ?
Un enfant prématuré est un enfant né avant terme. C’est-à-dire avant 40 semaines d’aménorrhées. Il y a des grands prématurés qui ont moins de 32 semaines et des prématurés qui ont entre 32 et la 37e semaine d’aménorrhée. Donc, il existe deux sortes de prématuré ; celui spontané et celui médical.
Quels sont les risques qu’un enfant prématuré peut encourir?
Le prématuré étant immature, c’est-à-dire qu’il n’a pas suffisamment de défense dans son organisme pour lutter contre les infections possibles. Donc, il faut d’abord le protéger contre le froid, les infections liées aux voies respiratoires, car l’organisme n’est pas suffisamment développé pour faire face aux changements climatiques.
On constate, ces derniers temps qu’il y a beaucoup de naissances prématurées. A quoi cela est-il dû ?
Il y a plusieurs causes liées à la prématurité. Elle peut être liée à l’état de santé de la maman, si on se rend compte que la vie de la mère ou de l’enfant est en danger si la femme doit mener la grossesse à terme, donc en ce moment le corps médical décide de précipiter l’accouchement, et c’est ce que nous appelons accouchement prématuré médical. A côté de cela, il y a le prématuré spontané qui est liée à plusieurs causes. Cet état de prématuré peut être dû à l’état de santé de la maman. Soit elle a une infection ou une maladie parasitaire ou encore des grossesses rapprochées.
Quels comportements les femmes ou les couples doivent avoir pour faire face à cela ?
Nous conseillons aux femmes d’aller en consultation prénatale quand elles sont enceintes pour un suivi de la grossesse, cela permet de détecter à temps les maladies et les malformations possibles. Nous souhaitons aussi que toute grossesse soit désirée et planifiée.
L’on constate aussi que beaucoup de jeunes filles ou femmes en âge de procréer peinent à tomber enceinte. Comment expliquez-vous cela ?
Cela est vrai, car nous constatons qu’à côté des grossesses non désirées, il y a aussi les femmes qui ont le désir fou de tomber enceintes, mais qui n’y arrivent pas. Il y a plusieurs causes qui peuvent être liées à ce que nous appelons la stérilité primaire ou secondaire. Pour des cas que nous rencontrons assez souvent, il y a des problèmes de malformation, la méconnaissance du cycle, des infections ou des complications d’avortement. Parce que cet aspect fait partie de la planification familiale qui, contrairement à ce que les gens disent, n’est pas seulement pour espacer ou éviter les grossesses, mais pour aider aussi les couples qui le désirent à avoir des enfants.
Valérie TIANHOUN