27 travailleurs de la mine d’or de Taparko, exploitée par la société SOMITA SA, ont été licenciés et 3 autres mis à pied pour avoir décidé en assemblée générale syndicale d’observer un temps de repos de 30 mn dans les 10h de travail continu. En sus, ils ont été expulsés de la mine par des gendarmes, comme « des bandits de grands chemins », expliquent, amers, lesdits travailleurs à la conférence de presse qu’ils ont animée ce jeudi 16 août 2012 à Ouagadougou.
Honoré Sawadogo, délégué syndical à la société SOMITA SA, figure parmi la vingtaine de travailleurs licenciés ce lundi 13 août 2012 et expulsés manu militari du site de la mine de Taparko. En effet, selon Honoré Sawadogo, la mine a été déclarée en état de siège le 12 août et le lendemain, la gendarmerie escortait les licenciés hors de la mine, « comme des bandits de grands chemins ».
Des raisons : réduction de production, menaces et haine
Les conférenciers ont expliqué aux journalistes ce qui leur a valu ce traitement digne de délinquants : « des menaces et des propos haineux à l’endroit des dirigeants de la société par certains travailleurs ».
Ensuite, lesdits travailleurs ont violé leur contrat et « contribué à la réduction de la production », notamment en appliquant, malgré l’avis défavorable de la direction, la décision prise en assemblée générale syndicale d’observer une pause de 30 mn en cours de poste, « et incité les travailleurs à la désobéissance ».
« Déformation des faits » et licenciement abusif, selon les travailleurs
« C’est une déformation des faits », selon Honoré Sawadogo et ses collègues. «L’article 45 de notre convention collective accorde un repos de 30 mn pour un travail de poste en continu de plus de 6 heures », avance le délégué syndical. Pourtant, le travail de poste est d’entre 7 à 10h à SOMITA SA.
Règlements de compte et volonté de tuer le syndicalisme dans les mines
Pour eux donc, la réduction de la production n’était qu’un alibi pour les licencier. L’anguille dans ce cas ? Tuer le syndicalisme. « La plupart de ceux qui ont été licenciés ont au moins une fois intervenu lors d’une assemblée générale » du syndicat (Syndicat des travailleurs de la géologie, des mines et des hydrocarbures (SYNTRAGMIH), section de Taparko), explique Sawadogo. Parmi eux également figurent ceux « qui ont le courage de dire ce qu’ils pensent à la direction ». Les travailleurs pensent que cette volonté de réduire la liberté d’expression risque de contaminer les autres mines.
La SOMITA défie l’autorité de l’Etat
En plus, les travailleurs ont été licenciés en dépit des actions de médiation entreprises par la Direction régionale du travail et le Gouverneur de la région du Centre-Nord. C’est d’ailleurs pendant que le gouverneur s’entretenait avec les travailleurs pour leur demander de surseoir à leur décision, que la direction de SOMITA a pris sa décision de licenciement. Ce qui, de l’avis des travailleurs, est une façon pour la direction de SOMITA « de défier l’autorité de l’Etat ».
Honoré Sawadogo et ses collègues se disent prêts à entamer une action en justice contre leur employeur, mais disent n’y penser qu’en dernier recours, comptant sur la médiation enclenchée par les autorités locales.