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Crise mairie de Saponé : Même les morts n’ont pas la paix
Publié le lundi 18 decembre 2017  |  L`Observateur Paalga
Hôtel
© Autre presse par DR
Hôtel de ville de la commune de Saponé




Après l’incendie de la mairie dans la nuit du 7 au 8 décembre, Saponé s’est de nouveau embrasée le 15 décembre 2017. Des sympathisants du maire déchu ont en effet manifesté contre la décision prise par le gouvernement de placer la commune sous délégation spéciale. Ils se sont heurtés aux forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Un des projectiles aurait terminé sa course dans le cimetière, provoquant un incendie.

Si on devait juger la quiétude à Saponé à l’aune de la fréquentation de ses nombreux cabarets, on peut dire que tout était normal dans la ville au célèbre chapeau à notre arrivée sur les lieux à 15h30, tant la bière de mil coulait à flots. Pour voir des traces des échauffourées qui ont pourtant eu lieu à peine quelques heures plus tôt, il faut regarder aux alentours du marché, où quelques boutiques et une station-service ont baissé le rideau. Ici, des bris de glace, des cailloux et des sachets d’eau, là le bitume qui porte encore les stigmates des courses-poursuites entre manifestants et CRS.

Sur le bas-côté, des pneus achèvent de se consumer à proximité des poutres qui ont servi à ériger des barrières, lesquelles gisent au sol. La journée a encore été chaude à Saponé. C’est la décision prise en Conseil des ministres le 14 décembre dernier de dissoudre l’exécutif municipal et de placer cette commune rurale sous délégation spéciale qui a provoqué cette énième poussée de fièvre.

Les partisans du maire déchu, Abdoulaye Compaoré, trouvent en effet que la balance gouvernementale a penché du côté de ceux qui réclamaient depuis des mois, à coups de manifestations et peut-être d’incendie, le départ de l’édile. Et comme « personne n’a le monopole de la violence », eux aussi sont descendus dans la rue dès le vendredi 15 décembre. Contacté, Abdoulaye Compaoré nous assure avoir dissuadé la population de « s’exprimer de cette manière ». Visiblement, l’ancien bourgmestre n’a pas été entendu puisque la manifestation s’est même poursuivie.

La Compagnie républicaine de sécurité (CRS) a alors fait usage de gaz lacrymogènes pour rétablir l’ordre sur la voie bloquée par les croquants. Bilan : quatre personnes arrêtées dont on ne savait toujours pas à notre passage si elles avaient été libérées, quelques femmes conduites à l’hôpital après avoir inhalé du lacrymogène et …un cimetière en feu.

Selon certains témoignages, un des projectiles tirés par les policiers a fini sa course dans la nécropole, en contrebas de la route. Les herbes folles qui parsèment le lieu se sont aussitôt embrasées et l’incendie s’est propagé à plusieurs tombes. Plusieurs heures après le retour au calme, le feu brûlait toujours.

Pendant ce temps, la centaine de manifestants, après avoir battu en retraite, s’est rendue à la cour royale de Saponé. Accroupis autour du trône comme le veut la tradition, ces derniers ont écouté le chef, qui venait de recevoir la visite du gouverneur de la région du Centre-Sud, Casimir Séguéda, lequel a appelé au calme et informé ses interlocuteurs qu’une « solution serait trouvée ». Rassurés, les manifestants, dont la revendication immédiate était la libération de leurs camarades interpellés, se sont dispersés, emportant les lance-pierres et gourdins que certains d’entre eux tenaient.

L’un des anciens de la cour a traduit le sentiment dominant des populations, qui qu’elles déplorent l’usage excessif de la force par la police. Pour lui, ce sont les hommes politiques qui ont mis en péril la paix dans la localité.

Pour tenter justement de faire revenir la quiétude dans la ville au célèbre chapeau, les autorités administratives ont multiplié les échanges avec les leaders coutumiers et religieux. « Nous avons fait nos propositions. Tout n’est pas perdu », nous a déclaré le curé.


Hugues Richard Sama
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