Face à la longue crise que traverse la mairie de Saponé, localité située à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou, le Conseil des ministres tenu ce jeudi 14 décembre a sonné la fin de la création en procédant à la dissolution du conseil municipal de la dite commune. La mairie se trouve ainsi placée sous délégation spéciale jusqu’aux prochaines élections municipales.
En tenant vaille que vaille sa session hier mercredi 13 décembre et en animant une conférence de presse jeudi 14 dans la matinée pour expliquer la situation qui prévaut en son sein, le conseil municipal de Saponé ne s’imaginait certainement pas que les choses allaient prendre une nouvelle tournure. En effet dans l’après-midi de ce même jeudi, le Conseil des ministres, lors de son hebdomadaire rencontre, a procédé à la dissolution dudit conseil municipal qui fait l’objet de contestations depuis plusieurs mois de la part d’une partie de la population de Saponé, de sorte à mettre en mal la paix et la quiétude dans la dite localité.
Cette suspension sonne pour beaucoup de Burkinabé comme la fin de la récréation que vient ainsi de siffler le gouvernement. Selon le ministre de l’Administration territoriale, Siméon Sawadogo, en effet, compte tenu des difficultés de fonctionnement dudit conseil, il devenait impératif de le dissoudre. « Nous avons tenté d’inciter le dialogue et des échanges avec les protagonistes mais nous n’avons pas réussi. Voilà pourquoi, conformément donc à l’article 251 et au titre 152 du code général des collectivités territoriales qui stipule qu’en cas de dysfonctionnement grave pouvant porter à l’intégrité et à la cohésion sociale, un conseil municipal peut être dissout, celui de Saponé a été dissous », a précisé Siméon Sawadogo.
Selon ce ministre toujours, un deuxième décret a été pris par le gouvernement, qui va nommer un représentant de l’Etat à travers une délégation spéciale jusqu’à la fin du mandat du conseil municipal. «Le gouvernement invite les protagonistes et l’ensemble de la population au calme et à la responsabilité car nous avons encore le temps d’échanger et de trouver des formules pour le développement de la commune de Saponé », a souligné Siméon Sawadogo.
Mais qu’est-ce qui a bien conduire un conseil municipal à une telle situation ? A l’origine de la guéguerre, a su bien résumer l’Observateur paalga dans sa livraison du mardi 12 décembre: « à la faveur de la reprise des élections municipales le 28 mai 2017, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) était arrivé en tête à Saponé avec 44 conseillers. Idrissa Ouédraogo, le maire sortant, avait été désigné candidat officiel du parti à l’issue d’une primaire interne où il avait raflé 32 voix. Mais le jour du scrutin, à la surprise générale, Abdoulaye Compaoré, conseiller MPP, se présente contre le candidat officiel et est élu maire avec les voix de l’opposition et de quelques conseillers du MPP qui n’ont pas suivi la consigne de vote. Depuis lors une partie du MPP n’a pas digéré cette « trahison » et a juré la perte du conseil municipal. Pour ne rien arranger la crise est attisée par des rivalités de quartiers : l’un étant de Saponé marché et l’autre de Karkuidghin. ».
Ainsi naquit la crise qui n’a fait que s’empirer au fil des mois, marquée par des blocage de voies, des pneus brulés, des courses poursuites et récemment, mardi 12 décembre, l’incendie de la mairie.
Halima K