Le Comité national de suivi du pèlerinage à La Mecque a animé, le 7 décembre 2017, un point de presse à Ouagadougou, pour faire « le bilan exhaustif » de l’édition 2017 du Hadj dont le coût était de 2 171 720 FCFA contre 2 201 070 FCFA en 2016. Le processus d’organisation et de suivi du Hadj 2017, la prestation des agences de voyage, les difficultés vécues en terre sainte d’Arabie Saoudite ainsi que les perspectives ont été les aspects qui ont fait l’objet des échanges entre journalistes et membres du comité de suivi du Hadj 2017. Pour l’édition 2017, le quota national de pèlerins est passé de 5 500 à 8 143 pèlerins.
Le président du comité de suivi du Hadj 2017, Amadé Konfé, et ses camarades ont voulu tenir un langage de vérité sur le Hadj 2017. Selon le comité de suivi, les principales difficultés du Hadj 2017 ont pour noms : insuffisance de bus pour le transport interne des pèlerins et non-respect du nombre de rotations des bus en Arabie Saoudite, fixation tardive du coût du Hadj, manque de sérieux des agences de voyage dans l’inscription des pèlerins sur la plateforme nationale, le non-reversement au comité de suivi de la totalité des frais de pèlerinage par certaines agences de voyage, manque d’ambulances propres au Burkina, rupture de certains produits pharmaceutiques de grande consommation et nombre insuffisant des agents de santé. A tout cela, il faut ajouter l’intolérance de certains pèlerins et délégués d’agences vis-à-vis des personnes âgées et des femmes, ainsi que le long séjour des pèlerins en Arabie Saoudite après le Hadj, soit une durée d’au moins 3 semaines après la fin du Hadj, selon le comité. Du fait des habitudes alimentaires au pays, bien des pèlerins ne supportent pas les mets saoudiens après 72 heures de séjour. Le recours : les restauratrices convoyées sur place par certaines agences de voyage depuis le pays, lesquelles préparent pour les pèlerins sur place, selon les indications du comité. Suite à l’insuffisance de bus pour le transport des pèlerins en Arabie Saoudite, la partie burkinabè a posé une plainte auprès du ministère du Hadj à l’effet d’indemniser les Burkinabè, a-t-il fait savoir. Sur 17 vols à l’aller dont 12 à Ouaga et 5 à Bobo, entre le 14 et le 25 août 2017, le comité a enregistré un surpoids total de marchandises convoyées (par des commerçants déguisés en pèlerins) de l’ordre de 140 tonnes, soit 100 tonnes pour Ouaga et 40 tonnes pour Bobo, occasionnant des plaintes des autorités aéroportuaires saoudiennes. Transporte-t-on des pèlerins ou des bagages, s’est interrogé Amadé Konfé, face à ce surpoids qu’il a estimé exagéré ? Dans le registre des décès au cours du Hadj 2017, le comité a enregistré 10 pertes en vie humaine dont une entre Mina et La Mecque par manque d’ambulance, selon El Hadj Amadé Konfé. Autre sujet qui a provoqué des incompréhensions et partant, la colère de certains pèlerins : la subvention de 400 000 000 de F CFA de l’Etat, reçue 2 jours avant le premier vol des pèlerins et destinée à leur restauration. Difficile à décaisser à partir d’une banque sur place et surtout difficile à dispatcher entre pèlerins pour plusieurs raisons, selon le comité.
Un pèlerinage sans subvention de l’Etat ?
Cette somme n’a pas été utilisée et sera reversée à l’Etat, a-t-on précisé. La question de la subvention ne se posera pas à l’avenir, à entendre le président du comité de suivi, puisque la question sera traitée par les autorités. Où va cette subvention dans la globalité ? Pour le président du comité, elle sert à la sécurité dans l’organisation du Hadj, les frais ASECNA, ainsi que les taxes aéroportuaires, en sus des frais de restauration des pèlerins. Sur les rumeurs concernant le comité de suivi, El Hadj Konfé a indiqué que ses membres sont rémunérés chacun à 15 000 F CFA par jour pour 21 jours alors qu’ils travaillent toute l’année. Un sacrifice, selon lui. Sur les missions des membres du comité de suivi en Arabie Saoudite, il a fait comprendre que cela était dicté par le travail de suivi des pèlerins, de supervision ou de contrôle des sites et des conditions de logement des pèlerins par les agences dans le but de s’assurer que tout se passe dans la meilleure des conditions possibles. Précision de taille : le comité de suivi n’est pas un comité d’organisation du Hadj, selon les conférenciers. Une confusion que fait plus d’un citoyen quand il est question d’apprécier le suivi du Hadj, à les entendre. A ceux qui ont tancé ou traité le comité de tous les noms d’oiseau sur fond de rumeurs, le président a indiqué que « la désinformation par les détracteurs du comité de suivi a aussi été accompagnée par nos braves journalistes qui aiment le sensationnel ». « Ce qui nous détruit, c’est le fait de dire ce qu’on n’a pas vérifié, dans la presse ou sur les réseaux sociaux », s’est lâché un membre du Comité de suivi du Hadj 2017, demandant que chacun des détracteurs se sente responsable de son acte. Peut-on renoncer à la subvention de l’Etat dans l’organisation du Hadj ? A cette question, le président du comité a estimé que cela est un idéal à atteindre. Pour l’heure, beaucoup de choses sont négatives et perfectibles, en ce qui concerne les agences de voyage, a-t-il indiqué. Et d’ajouter que « le pèlerin burkinabè est insaisissable, il faut le former ». Le dépôt du rapport du Comité de suivi du Hadj 2017 la semaine dernière auprès du gouvernement met fin au mandat dudit comité, selon les mots de son président Konfé.
Lonsani SANOGO