La chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Ouagadougou a livré son verdict hier 4 décembre 2017 dans l’affaire des enregistrements téléphoniques impliquant Idrissa Nogo et Safiatou Lopez. Ceux-ci étaient accusés d’avoir tenu des propos diffamatoires et injurieux à l’endroit de Manssourou Guiro et Michel Rabo ; des allégations qui se sont retrouvées sur la place publique par le fait de Philippe Ouédraogo, prévenu de complicité de diffamation et d’injures publiques. A l’issue de différentes requalifications des faits, Idrissa Nogo a été enjoint de payer dix mille francs CFA aux deux plaignants. Safiatou Lopez a été condamnée à une amende ferme de deux cent mille francs. La même peine a été infligée à Philippe Ouédraogo.
Au mois de juillet 2017, le coordonnateur du Mouvement plus rien ne sera comme avant (MPRESCA) a approché téléphoniquement Dame Safiatou Lopez afin de lui soumettre une préoccupation. Il a qualifié cette démarche de «purement sociale et privée». Cependant des deux entretiens (d’abord au téléphone, puis dans le véhicule de Dame Lopez) il est ressorti des propos du genre : «Guiro, le phénomène là, lui c’est un étourdi, c’est un analphabète, un danger public, lui qui passe son temps à aboyer comme un chien». Ces propos émanent d’Idrissa Nogo qui parlait de Manssourou Guiro. Son interlocutrice, présidente d’honneur du Cadre de concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOSC), par ailleurs responsable de la Coalition Bori Bana (dame Lopez), dira ceci de Michel Rabo : «Il y a quel combattant au réseau Dignité ? Rabo, ce n’est pas un combattant, c’est un mangeur». Ce sont, entre autres, des allégations qui se sont retrouvées sur les réseaux sociaux, notamment sur la page Facebook de l’étudiant Philippe Ouédraogo. Ils ont donc comparu pour diffamation et injures publiques en ce qui concerne Idrissa Nogo et complicité de diffamation et injures publiques pour les deux autres.
Au terme des débats, le Tribunal a donné acte à Aly Badra Ouédraogo du retrait de sa plainte, lui qui était présent la première fois quand le dossier a été appelé à la barre avant de se rétracter. Pour Idrissa Nogo, la chambre a requalifié les faits d’injures publiques à l’égard des deux plaignants en contravention d’injures non publiques. En répression, le sieur Nogo doit payer 10 000 francs CFA ferme à Manssourou Guiro et Michel Rabo.
Les juges ont déclaré Safiatou Lopez coupable des faits d’injures publiques à elle reprochés par Michel Rabo. Ils ont requalifié également les charges de complicité de diffamation en diffamation simplement et l’en ont déclarée coupable. Elle devrait s’acquitter d’une amende ferme de 200 000 francs CFA.
Philippe Ouédraogo, lui, a été déclaré coupable de complicité d’injures publiques, et la complicité de diffamation a été requalifiée en diffamation avant qu’il en soit reconnu coupable. Il a écopé aussi d’une amende ferme de 200 000 francs CFA.
Les trois mis en cause (Idrissa Nogo, Safiatou Lopez et Philippe Ouédraogo) doivent, en outre, verser une amende solidaire d’un million de francs CFA aux deux plaignants à titre de dommages et intérêts. A cela s’ajoute une condamnation solidaire à 250 000 autres francs CFA pour les frais exposés et non compris dans les dépens.
Aboubacar Dermé