La 30e journée mondiale de lutte contre le SIDA a été célébrée, le vendredi 1er décembre 2017, à Boussé (Province du Kourwéogo). Placée sous le thème «Agir pour mettre fin au SIDA : accélérer l’atteinte des 90-90-90 en ne laissant personne de côté », la commémoration a été présidée par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.
Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde entier, a commémoré la 30e Journée mondiale de lutte contre le SIDA (JMS). C’était le vendredi 1er décembre 2017 à Boussé, chef-lieu de la province du Kourwéogo. Ladite journée commémorative s’est tenue, en présence du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, sous le thème «Agir pour mettre fin au SIDA : accélérer l’atteinte des 90-90-90 en ne laissant personne de côté ». Les efforts consentis par les acteurs de la lute, avec l’appui des partenaires techniques et financiers, a, d’entrée de jeu, souligné le ministre de la Santé, Pr Nicolas Méda, ont permis d’engranger des résultats satisfaisants. «Cela nous donne de grands espoirs quant à la vision prospective d’élimination de la pandémie du VIH d’ici à fin 2030», s’est-il réjoui. Le ministre Méda a en effet, annoncé une baisse significative du taux de séroprévalence du VIH au Burkina Faso, qui est passée de 7,1% en 1997 à 0,8% de nos jours. Dans le même ordre d’idées, il a indiqué que le nombre de personnes bénéficiant de traitement Antirétroviraux (ARV) est passé de 39 248 en 2012 à plus de 58 000 à ce jour. Aussi, a-t-il poursuivi, l’élargissement et la gratuité des prestations de la Prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME) dans toutes les formations sanitaires avec un taux de transmission résiduelle du VIH de la mère présagent de l’élimination de ce mode de transmission. La prise en compte du genre dans les programmes de lutte contre le VIH-SIDA et les IST et l’amélioration des dispositifs d’approvisionnements en intrants et en réactifs sont, entre autres, les autres acquis, selon le chef du département de la Santé. Toutefois, pour lui, ces résultats encourageants ne doivent pas cacher la forêt des importants défis qui restent à relever. Il s’agit de la faible adhésion au test de dépistage (seuls 25% de la population connaissent leur statut sérologique), de la couverture des besoins des groupes spécifiques (homosexuels, travailleuses du sexe, orpailleurs), la prise en charge efficace des nouvelles infections, etc. «Le défi reste encore énorme. C’est pourquoi, nous prenons l’engagement de nous associer à la vision 90-90-90 de l’ONUSIDA, afin qu’à l’horizon 2030, le SIDA soit classée dans la liste des maladies éliminées », a-t-il déclaré. Selon la coordonnatrice-résidente du système des Nations unies au Burkina Faso, Metsi Makheta, deux personnes infectées sur trois, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, n’ont pas accès aux ARV.
Des avancées significatives
Pour elle, le droit à la santé constitue le principal défi auquel sont confrontées les Personnes vivant avec le VIH (PVVIH). «Le droit à la santé est un droit fondamental. Cette JMS 2017 est encore l’occasion pour nous pencher sur cette question », a-t-elle estimé.
La gouverneure de la région du Plateau-central, Nana Fatoumata Benon/Yatassaye a soutenu, qu’en ce qui concerne son administration territoriale, 1337 personnes (624 hommes, 695 femmes et 18 enfants) sur 2110 personnes (46% d’hommes, 52% de femmes, 2% d’enfants) sont sous traitement ARV. A ses dires, sa circonscription territoriale a enregistré des avancées significatives. En effet, celle-ci a connu une baisse de taux de séroprévalence qui est passé de 1 % à 0,7 %, entre 2013 et 2016. Mme Benon a, néanmoins plaidé pour le renforcement du dispositif suivi-évaluation et l’intensification des actions de dépistage. Elle a, de ce fait, préconisé l’implication des jeunes et des leaders religieux et coutumiers. La JMS 2017 à Boussé a été placée sous le parrainage de deux fils de la région, Pr Elie Kabré et Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères. Tout en saluant les plus hautes autorités pour ce choix, le porte-parole des parrains, Pr Kabré, a indiqué que le thème de la présente JMS traduit la détermination du chef de l’Etat et des différents acteurs à vaincre «la maladie du siècle». «Nous restons vigilants en dépit des succès engrangés, et nous nous engageons à poursuivre cette lutte dans notre province. A l’horizon 2030, nous ambitionnons d’être la première province du pays qui accomplira la vision de l’ONUSIDA », a-t-il affirmé. Pour le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, les différentes interventions à la tribune ont délivré un seul message : «Le Burkina Faso avance à grands pas dans la lutte contre cette pandémie ». Cependant, a-t-il prévenu, ce n’est pas un combat gagné d’avance. A son avis, la sensibilisation à titre de prévention et l’adhésion au test de dépistage doivent donc être renforcées. C’est à cette seule condition, a-t-il poursuivi, que les personnes infectées pourront être mis sous ARV, avoir une vie longue et participer au développement de leur pays. «Cette élimination du mode de transmission que l’on veut d’ici 2030, nécessite par ailleurs, un engagement de toutes les parties (Etat, politiques, journalistes, associations, etc.). Nous devons tous nous y mettre pour obtenir des succès à la hauteur des attentes de nos populations», a-t-il estimé. La cérémonie commémorative de la JMS 2017 a également vu la décoration de plusieurs acteurs pour leurs actions en faveur de la lutte contre le SIDA. Des personnes physiques (Victorine Yaméogo, Lucien Ekrou et Mouminata Compaoré) et morales (Chambres des mines du Burkina, Centre médical avec antenne chirurgicale de Pô, Hôpital du jour du CHU Yalgado, Associations aux initiatives d’appui et dans l’équité, Association pour la promotion de la santé de la mère et de l’enfant, Association pour la promotion et le développement paysan, etc.) ont, ainsi, été distinguées. Le président Kaboré a, pour sa part, offert une ambulance au CMA de Boussé et des vivres au Centre de récupération et d’éducation nutritionnelles (CREN). En rappel, à l’horizon 2020, selon l’ONUSIDA, 90% des personnes vivant avec le VIH connaîtront leur statut sérologique, 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées recevront un traitement antirétroviral durable, 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral auront une charge virale durablement supprimée (90-90-90). Pour mémoire, la JMS 2018 aura lieu à Gorom-Gorom, dans l’Oudalan, région du Sahel.
Aubin W. NANA