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Visite Macron : Entre agitation inutile et frilosité contre-productive
Publié le lundi 27 novembre 2017  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse par DR
Le président français, Emmanuel Macron, effectue, de lundi au jeudi 30 novembre, sa première tournée en Afrique – Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Ghana.




Quoi de neuf dans les relations entre la France et l’Afrique ? Le président Macron devrait en révéler la charpente demain, 28 novembre, à l’université Ouaga I Joseph-Ki-Zerbo lors d’une adresse suivie d’un entretien avec des étudiants burkinabè. Au-delà de cet échantillon de la jeunesse burkinabè, elle-même échantillon de la jeunesse africaine, toute l’Afrique, que dis-je, toute la communauté internationale sera tout oreilles à ce discours « macronien » de Ouagadougou. A l’heure où le développement économique se fait toujours attendre alors que des problèmes sociaux et de sécurité se font pressants sur le continent, notamment au Burkina, on est bien curieux de savoir ce que la France, l’une des principales anciennes puissances colonisatrices, a de nouveau comme solution à proposer. Emmanuel Macron sacrifiera-t-il juste à une tradition établie depuis Mitterrand et l’historique Sommet de la Baule de 1990, qui voudrait que chaque nouveau président français conçoive une matrice des nouvelles orientations de sa politique africaine ou fera-t-il des propositions audacieuses à même de créer la rupture dans ce domaine ?

On attend de voir non sans rappeler qu’il y a près de 20 ans qu’un président de l’Hexagone n’avait mis les pieds au Burkina. Le dernier à l’avoir fait, sauf erreur ou omission, c’est Jacques Chirac pour le sommet France/Afrique de 1998. Ses successeurs Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient « ignoré » Ouagadougou. En débarquant à l’aéroport Ouaga Tamsé cette nuit, Emmanuel Macron vient réparer cet « oubli » du Pays des hommes intègres. Hélas, il pourrait être mal payé en retour, car, souvenir pour souvenir, les Burkinabè se rappellent, eux aussi, que la France est l’ancienne puissance colonisatrice et qu’elle pourrait avoir des choses à se reprocher dans le pillage des ressources du pays et la gestion de certains dossiers judiciaires. Dès lors, quoi d’étonnant que les plus militants d’entre eux, activistes altermondialistes, ou tout le moins de gauche, tendance révolutionnaire, veuillent manifester leur mécontentement contre la présence d’un dirigeant, présumé impérialiste, sur la terre qu’ils voudraient libre du Burkina !

Rarement la visite d’un officiel français aura été entourée de tant de passion, voire de tensions. Même sous Thomas Sankara, le révolutionnaire tout feu tout flamme, à la rencontre épique entre les jeunes Turcs du CNR et le vieux Coq gaulois, lors de la visite officielle de François Mitterrand, pareille tension n’avait pas été constatée sous les artifices de la guerre idéologique. Il est vrai que sous le CNR, il n’y avait pas de liberté d’expression en dehors de l’évangile saint Thomas. Point de Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), de Coalition contre la vie chère (CCVC), de Facebook, de Twitter ; bref, tout le bataclan médiatique qui ajoute son piquant aux velléités de dénonciation de l’arrivée de Macron au Burkina en pays conquis. Mais Jupiter aurait tort de croire que ce comité d’accueil spécialement officieux est intuitu personae. Non. N’importe quel président français qui viendrait dans ce Burkina postinsurrection aurait eu droit à ce programme parallèle à son programme officiel de la part de nos braves activistes de gauche qui passent pour le pays réel. Pourvu que le Burkina officiel ne se fasse pas déborder et que les manifestations hostiles à l’arrivée de notre illustre hôte ne perturbent, outre mesure, le programme officiel : accueil solennel à l’aéroport, entretiens entre les deux chefs d’Etat, rencontre avec la jeunesse estudiantine, inauguration de la centrale solaire de Zagtouli et, surtout, le discours fondateur de la nouvelle relation entre la France et l’Afrique.

Ceux qui craignent que les organisateurs de cette visite officielle se fassent déborder par les irréductibles activistes de gauche qui veulent, contre toutes les vertus de l’hospitalité africaine, notamment burkinabè, dénoncer l’impérialisme français, ont eu un avant-goût de leur possible agitation lors de la visite au campus de l’ambassadeur de France au Burkina et du ministre de la Sécurité, respectivement jeudi et vendredi derniers. Ces deux personnalités qui ont été huées par les étudiants ont pris la mesure d’un campus de l’université sous forte tension. De fait, les étudiants sont mécontents que le tout Etat daigne s’intéresser à l’université à l’occasion de la venue d’un président français au Burkina alors que tout l’enseignement supérieur public est totalement délabré. C’est pourquoi, si l’on conçoit bien que le président Macron veuille s’adresser à la jeunesse estudiantine, on craint pour la sérénité des échanges sur le campus de Ouaga I. Le fait de fermer les établissements scolaires de la ville de Ouagadougou n’y change pas grand-chose, même s’il faut reconnaître que les scolaires constituent un milieu d’agitation sociale vite allumé. Au total, entre l’agitation hostile des activistes de la société civile burkinabè et la fébrilité contre-productive des autorités gouvernementales, la portée de la visite du président Macron au Burkina et son message à destination de toute l’Afrique pourraient être brouillés par ces poncifs qui chargent à l’excès la France, l’Occident et nous exonèrent, nous Africains, de nos propres responsabilités dans les difficultés socio-économiques et de gouvernance de nos Etats.

Message brouillé ou mal rendu dans un contexte de tension sociale ou d’encadrement communicationnel par trop rigide, le flamboyant Jupiter veut éviter ces pièges à tout prix, lui qui veut échanger à bâtons rompus avec les étudiants qui n’auront pas accès à l’amphi où il délivrera son message à l’adresse de la jeunesse africaine, tout comme il est prévu un entretien avec la presse à l’issue de l’inauguration de la centrale à Zagtouli. C’est comme qui dirait, tout pour la com, advienne que pourra. Comme on le comprend, Macron ! Que les Burkinabè ne l’attendent pas sur la levée du secret-défense qui frappe les archives sur l’assassinat du président Sankara ou sur l’extradition de François Compaoré, passe encore, mais que l’Afrique et la Communauté internationale restent sur leur faim parce que le nouveau canevas de l’engagement français en Afrique n’aura pas été clairement décliné à Ouagadougou, voilà qui serait une erreur de communication impardonnable. Or, affirmer une nouvelle politique France/Afrique est une urgence au moment où l’innommable révélation de la vente de migrants africains en Libye est faite et où on note la persistance, voire l’aggravation, des problèmes de sécurité sur le continent liée à la presque défaite de Daech en Syrie et en Irak pendant que la Force conjointe G5 Sahel balbutie dans sa mise en route, toujours confrontée à un problème de financement. Actualité et préoccupations des jeunes du continent obligent, Macron est particulièrement attendu sur les questions du chômage, de l’émigration et de la sécurité. On attend donc du président français qu’il sorte des sentiers battus faits de condescendance, connus chez ses prédécesseurs, pour oser inventer une nouvelle relation France/Afrique gagnant-gagnant.


La Rédaction


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