Le comble de l’horreur. L’attentat qui a frappé, le vendredi 24 novembre dernier, la mosquée Al-Rawda dans le Nord-Sinaï en Egypte, a fait au moins 305 morts et plus d’une centaine de blessés. Un carnage sanglant qui, au moment où nous tracions ces lignes, n’était pas encore revendiqué, même si les soupçons se portent sur Wilayet al-Sinaï, la branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI). Des témoignages font état d’un commando de terroristes au nombre de 25 à 30, qui a fait exploser une bombe dans la mosquée avant de mitrailler des fidèles qui ont tenté de fuir tout en mettant le feu aux véhicules des croyants pour bloquer les routes. Et ce, dans la maison d’Allah. Eh Dieu, où va donc l’Egypte ? A tout le moins, c’est l’attaque terroriste la plus meurtrière sur le sol égyptien, et une des plus sanglantes dans le monde depuis les attentats des tours jumelles aux Etats-Unis, le 11 septembre 2011. C’est dire si l’hydre djihadiste a conservé sa capacité à semer la mort en dépit des revers qu’elle essuie en Syrie et en Irak. Les Egyptiens ont enterré leurs morts, le samedi 25 novembre, dans la prière et la douleur. Et le chef de l’Etat, Abdel Fatah Al-Sissi, a promis de « venger les martyrs’’. Une ‘’déclaration de guerre’’ qui a été suivie d’actions, avec des frappes aériennes de l’armée dans la zone.
L’on peut craindre cette promesse de Al-Sissi de casser du terroriste
A vrai dire, les terroristes ont frappé le pays des Pharaons là où ça fait vraiment mal. En endeuillant ainsi, dans un lieu aussi sacré que cette mosquée beaucoup plus fréquentée par les soufis, l’Etat islamique remet au goût du jour, son extrémisme violent et sa haine pour la liberté de religion. Ensuite, la mort des soldats égyptiens traduit que l’armée se sent plus jamais défiée dans cette guerre asymétrique. Le Sinaï étant une des régions les plus attrayantes pour le tourisme, nul besoin de dire que cet énième attentat va porter un coup dur à l’économie du pays. L’on comprend donc cette volonté de vengeance du président égyptien, plus que meurtri face à cette escalade meurtrière. Tout compte fait, l’on peut craindre que cette promesse de Al-Sissi de casser du terroriste, ne fasse des dégâts collatéraux. En effet, eu égard au contexte socio-politique du pays, les risques d’amalgames sont assez grands pour régler les comptes à certaines figures de proue de la confrérie des Frères musulmans. Il faut donc espérer que le premier des Egyptiens ne se trompe pas de combat, pour ne pas donner davantage de force à ces groupes terroristes. Eux qui ne vont d’ailleurs pas manquer d’exploiter le contexte conflictuel dans le Moyen-Orient, entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, pour continuer à semer la désolation. C’est dire s’il est plus que nécessaire de lier une union sacrée aussi bien dans la région qu’en Egypte, pour pouvoir y réduire voire enrayer la voilure des terroristes. Du reste, les Egyptiens du Sinaï ont, quant à eux, décidé de soutenir l’armée dans cette guerre asymétrique.
D.T