Le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, a commémoré, le lundi 20 novembre 2017 dans l’enceinte de CIMBURKINA à Ouagadougou, la 27e Journée de l’industrialisation de l’Afrique.
Après trois années de pause en raison de «soubresauts sociopolitiques», le Burkina Faso a renoué avec la célébration de la Journée de l’industrialisation de l’Afrique cette année. Aussi, hier 20 novembre 2017, date consacrée à l’événement, les acteurs se sont retrouvés dans l’enceinte de CIMBURKINA, industrie choisie par ses pairs pour plancher sur le «Développement industriel africain: une condition préalable pour une Zone de libre-échange continentale (ZLEC) efficace et durable».Ce thème continental retenu est selon le président du Groupement professionnel des industries (GPI), Sanoh Mamady Sanou, une invite aux industries burkinabè à anticiper les exigences et saisir les opportunités à court terme du processus d’intégration économique régionale, mais n’est toutefois pas une préoccupation majeure d’abord. Aussi, les échanges se sont focalisés sur les difficultés rencontrées par les industries du pays et le souhait des acteurs du domaine pour améliorer la situation. «Notre industrie souffre des coûts élevés des facteurs de production notamment de l’énergie, de la fraude, la contrefaçon, la concurrence déloyale et les invendus», a-t-il déploré. En guise d’illustration à ses propos, il a cité, entre autres, les «énormes stocks» de produits finis invendus que le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, a constaté lors de son dernier passage à l’Ouest du pays dans les magasins de la SN CITEC, la SN SOSUCO, la SAP Olympic… La solution à ce problème réside dans la protection des industries nationales, foi de M. Sanou. «A l’image de ce qui se passe déjà entre les sociétés cotonnières et les huileries, la SAP OLIMPIC devrait pouvoir chausser chaque cyclomoteur mis en circulation au Burkina Faso. L’application d’un quota d’importation des produits concurrentiels par l’achat de la production locale et le contrôle plus strict de la qualité sont autant d’attentes des industriels», a-t-il soutenu. Il a, en outre, souligné qu’il est nécessaire de faire une évaluation de la mise en œuvre de la directive du chef du gouvernement relative à la primauté de la production locale dans les commandes publiques. A l’entendre, il faut une politique industrielle forte. «Cela commence par la protection de l’existant d’une manière ou d’une autre comme partout ailleurs. On nous dira qu’il y a les textes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de l’UEMOA, etc., mais c’est pareil dans les autres pays qui arrivent pourtant
à protéger leurs industries. Essayez par exemple d’importer un kilogramme de sucre au Sénégal et vous vous rendrez compte que c’est impossible. Appliquer les textes est une bonne chose mais il sied de débusquer tout ce qui est déloyale et l’arrêter afin que nos industries survivent», a-t-il préconisé.
Les actions du gouvernement pour sauver l’industrie
Face à ces récriminations et doléances, le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Stéphane Wenceslas Sanou, s’est voulu rassurant car a-t-il dit, le PNDES en son axe trois consacre le développement de l’industrie comme condition ultime à la transformation structurelle de l’économie du pays. «Nous sommes venus trouver que beaucoup d’unités battaient de l’aile. Nous tentons de les mettre à niveau à travers le bureau de restructuration et de mise à niveau des sociétés en difficulté et donner confiance aux investisseurs», a-t-il certifié. Dans ce sens, a-t-il dévoilé, d’importantes réformes et investissements structurants sont prévus pour faire passer la part de l’industrie manufacturière dans le PIB de 6,6% en 2015 à 12% d’ici à 2020 ainsi que le taux de transformation des produits agricoles de 12% à 25% pour la même période. Au titre des actions déjà menées, il a cité, entre autres, la relecture du code des investissements pour le rendre attractif, le renforcement des capacités d’intervention du bureau de restructuration et de mise à niveau qui accompagne les unités en difficultés, l’adoption d’une loi portant orientation de promotion des PME/PMI le 27 avril dernier et d’un décret portant charte des PME le 6 septembre passé. L’adoption le 27 avril 2017 de la loi portant sur l’organisation de la concurrence, l’intensification des opérations de contrôles économiques pour lutter contre la fraude et la concurrence déloyale, la mise en œuvre du projet de pépinière, incubateurs et hôtels d’entreprises dans le secteur agroalimentaire, la formulation d’un programme national d’aménagement de nouvelles zones industrielles à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso sont d’autres actions du gouvernement citées par le ministre pour soutenir l’industrie burkinabè. Au regard de toutes ces «bonnes annonces», le président du GPI s’est dit rassuré et a réaffirmé l’engagement de sa structure à accompagner le gouvernement pour l’atteinte des objectifs visés. Rassuré également, le directeur général de CIMBURKINA, François Sangline, après avoir montré «les installations ultra modernes» de son usine aux visiteurs du jour, a annoncé que la société compte investir à nouveau dans le pays. «Nous comptons doubler la capacité de l’usine et la porter à 1, 7 million de tonnes en 2019. Le projet consiste à construire un nouveau broyeur de 150 tonnes par heure, un silo de calcaire de 2000 tonnes, un troisième silo-ciment de 3500 tonnes ainsi qu’une nouvelle ligne d’ensachage», a-t-il dévoilé. Pour cet «important» investissement, il a sollicité l’accompagnement du gouvernement qui sera «déterminant» dans le souhait de la maison-mère HEIDELBERGCEMENT de réinvestir au pays des Hommes intègres.
Eliane SOME