Le procès de Pascal Zaïda, coordonnateur du Cadre d’expression démocratique (CED), et trois de ses compagnons arrêtés le samedi 21 octobre 2017 et accusés de « Manifestation illicite et actes de vandalisme », s’est poursuivi hier lundi 20 novembre 2017, à Ouagadougou. Au terme du procès, la liberté provisoire leur a été refusée et le délibéré renvoyé au 27 novembre 2017.
Accusés de « Manifestation illicite et actes de vandalisme », Pascal Zaïda, coordonnateur du Cadre d’expression démocratique (CED) et trois de ses coaccusés ont comparu devant le parquet du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, hier lundi 20 novembre 2017. Le parquet a invité les témoins à aller à l’essentiel et la défense a rétorqué en disant qu’il ne peut être question d’influence à leur égard. La défense a, cependant, estimé que les faits reprochés à leurs clients ne sont pas constitués après avoir, pendant une quinzaine de minutes de suspension, visionné une vidéo montrant la chronologie des évènements, le jour du meeting. Une vidéo qui montre, selon elle, que les prévenus sont en réalité des victimes car ‘’ils ont été bastonnés’’. La défense a aussi soutenu que juridiquement, aucune infraction ne peut être requise contre M. Zaïda et ses compagnons. Pour ce faire, elle a demandé leur relaxe pure et simple pour faits non constitués. A défaut de la relaxe, les conseils ont demandé au tribunal d’accorder à leurs clients, un sursis car pour elle, même s’ils sont des ‘’délinquants primaires’’, ils ont toutefois des charges familiales à supporter. Appelé à la barre, Pascal Zaïda, le cerveau du dossier, a fait savoir que c’est la première fois qu’il comparaît devant un tribunal. « Je m’en tiens aux observations de mes conseils et je m’en remets à votre décision », a-t-il lancé au tribunal. La défense a, par ailleurs, conseillé le tribunal de ne pas se ‘’laisser tirer les manches par l’opinion publique et le politique’’ et a sollicité la liberté provisoire pour Pascal Zaïda et les autres. Le tribunal a refusé la requête de la défense et a renvoyé le délibéré pour le 27 novembre 2017.
Lors de l’audience, quatre témoins étaient présents et ont raconté les conditions de l’arrestation du coordonnateur du CED. Ainsi, Hermann Tassembédo, le premier témoin, a laissé entendre que le 21 octobre 2017, jour du meeting, il était présent aux premières heures au Rond-point des Nations unies quand il a aperçu des policiers vers la Maison du peuple. A la question du tribunal de savoir où étaient Pascal Zaïda et ses compagnons, Hermann Tassembédo a répondu qu’ils étaient à l’hôtel. «La police est venue nous dire de quitter les lieux et nous avons obtempéré. Quelques instants après, nous avons aperçu deux personnes dont l’une tenait une machette et j’ai dit à mes amis que ce ne sera pas facile», a-t-il expliqué. A la barre, Hermann Tassembédo a également reconnu que la police a eu une attitude hostile envers Pascal Zaïda et ses compagnons. Souleymane Zongo est témoin et membre de l’organisation que dirige M. Zaïda. Il a confié que le jour du meeting, il a fait le déplacement de la Place de la nation. « J’ai appelé Pascal Zaïda pour lui dire qu’il y avait des policiers partout et que les gens viennent et repartent chez eux. Par conséquent, nous ne pourrons pas faire passer notre message », a déclaré Souleymane Zongo. Il a reconnu qu’au passage du ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, le matin sur les lieux, la sécurité a été renforcée. «Le ministre de la Sécurité a ordonné à la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) d’interdire les rassemblements», a renchéri Mohamed Zoungrana, un autre témoin. Ce dernier a martelé :
« Nous sommes tous des Burkinabè et nous devons être traités de la même façon ». Et au parquet de lui rappeler que la loi stipule que les manifestations sont autorisées dans le respect des règles édictées et respectables par tous.
Boukary BONKOUNGOU