Au terme de sa visite d’amitié et de travail de 72 heures au Burkina Faso, le président sénégalais, Macky Sall, a coanimé, le lundi 22 juillet 2013 à Ouagadougou, une conférence de presse avec son homologue burkinabè, Blaise Compaoré. Plusieurs sujets d’intérêt y ont été abordés.
Au cours du point de presse, les présidents Blaise Compaoré et Macky Sall, sont revenus sur la coopération sénégalo-burkinabè, réchauffée le temps de la visite d’amitié et de travail de 72 heures. Aussi la mise en place du Sénat au « Pays des hommes intègres », la libre circulation des biens et des personnes dans l’espace CEDEAO, les transitions démocratiques en Afrique et la crise malienne ont-elles été évoquées.
Sur la relance du partenariat entre le Sénégal et le Burkina, favorisée par le séjour de Macky Sall, le président du Faso s’est voulu être optimiste. « Nous sommes honorés de la visite du président Macky Sall, car nous avons pu constater qu’au cours de ce séjour amical et fraternel, nous avons pu relancer l’idée de renforcement de notre coopération à des niveaux très divers », a-t-il soutenu. Et de renchérir : « le séjour s’est passé avec beaucoup d’amitié et une volonté plus grande de contribuer à la paix dans la région, de construire la démocratie dans nos pays et d’accompagner les autres Etats à le faire aussi. Nous sommes très reconnaissant au président Macky Sall pour ses critiques, et comme vous le savez, j’ai donné aussi mon accord pour visiter le Sénégal et ce sera encore dans le prolongement de ce que nous avons fait ».
Au sujet de la mise en place du Sénat au Burkina, le président Macky Sall a été invité à donner sa lecture de l’importance d’une telle institution, supprimée dans son pays. Réponse du chef de l’Etat sénégalais : « (…) le Sénégal a supprimé son Sénat, et ce n’est pas la première fois d’ailleurs, puisque l’institution a été créée deux fois, supprimée deux fois et rien ne dit qu’elle ne sera pas réinstaurée. Au moment même où je vous parle, j’ai institué une Commission nationale de réforme des institutions, qui doit voir quelles sont les institutions les plus appropriées, sous quelle forme et comment revoir notre Constitution pour la stabiliser ». Aussi a-t-il mentionné : « la démocratie, c’est un processus continu et dynamique. On ne peut, de notre point de vue, avoir un schéma classique qui peut s’appliquer à l’ensemble des pays. Chaque pays, selon les situations du moment, ou selon la réalité, doit pouvoir décider, en toute souveraineté, de ce qu’il considère comme étant le plus approprié. Un Sénat dans une démocratie peut parfaitement se comprendre. Dans les plus grandes démocraties, tels la France ou les Etats-Unis, ces chambres existent. Ailleurs, ces chambres n’existent pas et on parle de parlement monocaméral. Nous allons voir, lorsque la commission nationale va soumettre ses réflexions, ce que nous allons retenir ».
La stabilité politique, un défi
Les difficultés observées en matière de libre circulation des biens et des personnes dans l’espace CEDEAO ont été abordées par un confrère. Quelles sont les orientations prises par les dirigeants pour dynamiser l’intégration sous-régionale ? Conscient qu’un développement intégré ne peut se faire sans une mobilité des hommes et des marchandises , le président du Faso a réagi, en ces termes : « (…) Nous allons partir d’une évaluation de ce qui existe, évaluer les entraves principales et les axes sur lesquels nous devons mettre l’accent, afin de favoriser cette grande mobilité qu’il faut pour permettre à l’Afrique de l’Ouest d’avoir plus de capacité de production économique ».
Autre préoccupation de journaliste : quelles sont les solutions envisagées par les dirigeants pour assurer les transitions démocratiques en Afrique. « (…) Ce n’est pas exagéré de dire que c’est un facteur de stabilité (Ndlr : transition démocratique). C’est la réalité, puisque quand on voit les efforts que le Burkina consent à créer le dialogue entre les formations politiques, le pouvoir, l’opposition, à faciliter et à aménager les calendriers d’élections, on ne peut pas ne pas saluer ce geste. Autrement, nous aurons vu des situations extrêmement difficiles dans la plupart de nos pays. Ce rôle doit être donc salué, magnifié et renforcé par tous ceux qui sont épris de démocratie et qui ont compris qu’il n’y a point de développement sans stabilité. Notre défi le plus important, c’est d’assurer la stabilité dans nos pays, la sécurité(…) », a rétorqué le chef de l’Etat sénégalais. Médiateur dans la crise malienne, le président du Faso a été interpellé sur la situation qui prévaut à Kidal et qui, de l’avis de certains observateurs, pourrait être un obstacle à l’élection présidentielle du 28 juillet prochain. « Il faut qu’on se félicite des mouvements positifs que nous avons pu observer entre les forces politiques à Bamako et les mouvements armés du Nord pour arriver à cet environnement politique qui nous permet d’aller vers des élections. Comme on le constate, il y a encore des difficultés mais nous sentons une grande volonté des Maliens de réussir ce pari, d’organiser ces élections pour mieux organiser l’avenir. Je crois qu’il faut surtout les encourager et souhaiter que malgré les difficultés, puissent sortir de ces élections, des autorités légitimes pour conduire les grands débats et les grandes discussions que nous allons avoir sur l’avenir du Mali, dans un ensemble uni et en parfaite harmonie avec ses voisins », a-t-il répondu.