Le Burkina Faso prend part avec une délégation conduite par le ministre burkinabè de l’Environnement, de l’économie verte et du changement climatique, Batio Nestor Bassière, à la 23e Conférence des parties (Cop23) à Bonn en Allemagne, débutée le 6 novembre 2017. Le lundi 13 novembre , l’honneur est revenu à l’Initiative Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel (IGMVSS) de co-animer un panel avec l’Agence panafricaine de la Muraille verte, le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et l’Observatoire du Sahara et du Sahel sur le thème suivant : « L’adaptation et la résilience des communautés et populations locales des terroirs sahéliens : Approche, outils et renforcement des capacités de négociations dans la mise en œuvre de la Grande Muraille verte ».
Au Burkina Faso, 34% du territoire national, soit 9 234 500 ha des terres de production sont dégradés par des facteurs anthropiques et climatiques, avec un rythme annuel de dégradation de 469 060 ha/an. Ces terres arides sont des écosystèmes fragiles avec des conditions climatiques souvent extrêmes, une multiplication des foyers de pression foncière, des conflits pour l’accès aux ressources, la survenue de crises alimentaires, des mouvements des populations liés au climat ou aux tensions socio-politiques.
En somme, un espace austère en première perception. Mais les zones arides au Burkina Faso sont aussi des lieux où des hommes et des femmes vivent et où des activités économiques se mènent. Ces zones disposent de potentialités, de savoirs et savoir-faire en résilience que les populations ont développés depuis des temps et qui n’attendent qu’un accompagnement pour accélérer leur mise à l’échelle. Ce sont, entre autres, les techniques labélisées comme le zaï, les demi-lunes, les cordons pierreux, la RNA, MED etc.
Des opportunités dans l’adversité.
Ces zones arides, selon le ministre de l’Environnement, de l’économie verte et du changement climatique sont par conséquent des endroits dignes d’intérêt pour des investissements socio-économiques et environnementales durables et rentables, d’où le défi pour leS de multiplier des solutions sur la nature, pour l’eau et ladaptation au changement climatique et ce, au grand bonheur des populations qui sont les plus exposées.
C’est pour faire face aux fortes tensions exercées par le changement et les variabilités climatiques sur les économies du Sahel et sur les moyens d’existence des populations que l’Initiative « Grande Muraille verte » pour le Sahara et le Sahel a été lancée en 2015 à Ouagadougou au Burkina Faso. Intégrées dans les stratégies de lutte contre la désertification et le changement climatique, la Grande Muraille verte représente une alternative économiquement viable et durable, souvent moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction et l’entretien d’infrastructures.
En s’adaptant au contexte du changement climatique, il est évident pour l’Agence Panafricaine de la muraille verte, selon le Pr Abdoulaye Dia qui a lancé cet appel : « Tous les Etats membres doivent mutualiser leurs efforts à travers des politiques intégrées, pour lutter contre les effets néfastes du changement climatique tels que la dégradation avancée des terres auxquelles les pays africains sont confrontés et permettre aux forces vives sahéliennes de développer leurs économies locales ».
Et le ministre de l’Environnement, Batio Nestor Bassière d’ajouter : Si nous devons réaliser 3000 ha /an, il nous faut plus de 650 ans pour y arriver, tout en maximisant les efforts pour réduire et contrôler la vitesse de dégradation des terres, de sorte à atteindre la neutralité en terme de Dégradation des Terres.’’
Embouchant la trompette, le secrétaire exécutif du CILSS ; M. Adoum Djime, a rappelé l’histoire de la structure qui est vieille de 42 ans et qui lutte activement contre la sécheresse et la désertification. De son avis, l’expertise locale doit être valorisée. Et c’est ce à quoi s’attelle notre organisation, pour mettre à la disposition des citoyens des outils nécessaires pour transformer les secteurs de production agro-sylvo-pastorale dans les domaines de création de richessses.
Les questions sur la mobilisation des ressources financières (domestiques, fonds existants dans les différents guichets au niveau international) n’ont pas été occultées. L’Agence panafricaine de la Muraille verte, abordant la question financière, a estimé que les Etats membres de l’AGPGMV doivent rechercher leurs propres financements et non fonder leurs espoirs sur des financements extérieurs. Le Pr Abdoulaye Dia qui pilote cette Agence panafricaine de la Grande Muraille verte a confié : la Banque Africaine de Développement intégrant le volet énergie va débourser près de 6 milliards de francs CFA pour accompagner les Etats africains dans la mise en œuvre des projets de lutte contre le changement climatique. Le secrétaire exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel présent à ce panel, a indiqué que « la muraille verte est une préoccupation majeure de la région. Cependant, il appartient aux Etats d’avoir une vision dans la cohérence et aussi dans l’action. Khatim Khherraz a conclu par cette invitation : « L’OSS, grâce aux fonds d’adaptation intégrés dans le fonds vert Climat, a de l’expertise à partager avec tous les pays intéressés en vue de renforcer leurs capacités pour plus de résultats ».
En rappel, l’Initiative de la Grande Muraille verte, née de la volonté politique des Chefs d’Etat et de gouvernement africains, traduit une vision, un leadership et un engagement politique qui est un cadre de coopération régionale innovant et cohérent. Elle se focalise dans sa vision et objectifs sur le développement socio-économique et la gestion durable des ressources naturelles ainsi que le phénomène migratoire dans les terroirs sahéliens fortement soumis à la désertification, la dégradation des terres et le changement climatique.
Le leadership également du continent dans la prise en charge de ces préoccupations et de ces priorités passe nécessairement par la maîtrise des outils innovants, des mécanismes innovants et de la capacité de négociation pour la priorisation des besoins et engagements dans la mise en place des conventions et accords internationaux. Ces enjeux nécessitent, pour les acteurs, de parler d’une même voie et surtout de développer des partenariats solides. La Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les Changement climatique, 23ème édition organisée à Bonn, RFA constitue un cadre idéal pour un plaidoyer à travers la mise en œuvre de l’Initiative Grande Muraille verte.
Valentine Zoungrana