Face à la motion de destitution déposée contre le maire Raïnatou Ouédraogo de l’arrondissement 3 de Ouagadougou, les militants et sympathisants de l’UPC se sont rendus le 15 novembre 2017 au haut-commissariat pour exiger l’authentification des procurations de vote visant la destitution du maire. Pour eux, tant que les procurations ne seront pas rendues publiques et leur authenticité prouvée, ils les tiendront pour responsables de tout ce qui adviendra à l’arrondissement.
Pour une marche de protestation, cette sortie était sobre : pas de coups de sifflet, de slogans ni de pancartes. Les marches silencieuses, on n’en voit d’ordinaire que suite à des évènements malheureux. Mais qu’est-ce qui peut bien expliquer cela, vu que la mobilisation n’était quand même pas négligeable ? Des explications reçues, il ressort que conformément à l’autorisation délivrée par la mairie de Ouagadougou, les manifestants devaient déléguer une vingtaine de personnes pour remettre une lettre au haut-commissaire du Kadiogo. C’est pour cela que le reste de la troupe, venue pour la marche, est resté au point de rencontre, précisément sur le terrain vide situé en face de l’entrée principale de la Cathédrale. Cependant, ils ont remis au haut-commissaire, ou disons au secrétaire général, leur mot. Dans cette note, les manifestants contestent et refusent la motion de défiance votée le 6 novembre 2017 contre le maire Raïnatou Ouédraogo / Sawadogo de l’arrondissement 3.
Cette marche, au départ, semblait un fiasco aux yeux de certains manifestants en raison de la faible mobilisation. Mais au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient, la place se remplissait. Le beau temps qu’il fait à cette période de l’année a dû maintenir beaucoup au lit. La preuve, c’est vers 9h que l’on a enregistré le plus de monde. Dans les rangs, des hommes de médias se demandaient si tout le monde avait été convié à la même heure. « Nous sommes là depuis 7h et nous ne voyons personne. Qu’est-ce qui se passe ? Nous nous sommes trompés de lieu ou quoi ? » demande un confrère, tout furieux. Vu le nombre de journalistes et l’absence remarquée de militants du parti du Lion, une dame s’inquiète. « Les journalistes ne font que venir et nous ne sommes pas nombreux », lance-t-elle. Désemparée, elle ajoute : « Les gens sont probablement fatigués de tout ce qui se passe à l’UPC. »
Les craintes de cette militante vont se dissiper. Car quelques minutes après, des manifestants à vélo, à moto, à bord d’un minicar arrivent au point de ralliement. Les rangs commencent à grossir. Mais vu la restriction de l’autorisation concernant la marche, seulement 20 d’entre eux ne peuvent que l’effectuer. Ensuite, la délégation, encadrée par les forces de l’ordre, a pris la direction du haut-commissariat du Kadiogo, situé à environ 50 mètres du point de rencontre. Sur les lieux, les manifestants sont reçus par le secrétaire général, Boureima Tiendrébéogo. Foi de ce dernier, compte tenu de l’agenda du haut-commissaire, celui-ci l’a délégué pour la réception de la lettre. Après avoir reçu le mot, M. Tiendrébéogo a félicité la délégation du respect des règles observées et promis de remettre la note à qui de droit.
Ces militants et sympathisants des partis politiques composant le conseil municipal de l’arrondissement 3 contestent les procurations de vote utilisées le 6 novembre 2017 pour destituer Raïnatou Ouédraogo /Sawadogo de son poste de maire. Le 6 novembre, explique Rabi Yaméogo, porte-parole des manifestants, le haut-commissaire a convoqué une session pour l’examen de la motion de défiance déposée contre le maire. A l’issue de cette session, celui-ci a affirmé l’existence de procurations, chose qui participe à la destitution du maire. Selon ses explications, 12 conseillers sont restés loyaux au maire et aucun d’eux n’a signé une quelconque procuration.
Assiata Savadogo