Les participants de la 7è édition du festival international de la liberté d’expression et de la presse se sont rendus, samedi 11 novembre, à l’issue des travaux, à Sapouy, le lieu où le journaliste Norbert ZOngo et ses compagnons ont été assassiné. Pour l’occasion un appel dit appel de Sapouy a été lancé contre l’impunité.
Le 13 décembre 1998 le corps de notre confrère Norbert Zongo a été retrouvé calciné dans sa voiture, avec trois de ses compagnons, ici même à sapouy, en ces lieux précisément, à une centaine de kilomètres de Ouagadougou. Sous la pression du peuple burkinabè et des défenseurs des droits de l’Homme et de la liberté de la presse, le régime d’alors avait mis en place en janvier 1999, une Commission d’enquête indépendante (CEI). Les conclusions de cette commission indiquent clairement que Norbert Zongo a été assassiné pour des motifs purement politiques parce que l’intrépide journaliste d’investigation dérangeait par ses révélations sur la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, petit frère du Président Blaise Compaoré.
Six suspects sérieux ont été identifiés. Tous, des militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). En janvier 2001, la justice burkinabè procède à l’unique inculpation de l’Adjudant Marcel Kafando « pour assassinat et incendie volontaire ».
Ce militaire peut-il avoir agi sans l’aval de ses supérieurs hiérarchiques aussi bien politiques que militaires ? Assurément non !
Non satisfait de ne rien faire pour que la lumière soit faite sur ce dossier de crime, la Justice en collision avec l’Exécutif politique a rendu le 18 juillet 2006 une ordonnance de non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo, abandonnant ainsi donc toutes poursuites contre l’unique inculpé Marcel Kafando qui lui-même décédera plus tard le 23 décembre 2009. Deux autres suspects sérieux sont déjà morts.
François Compaoré qui avait été entendu par le juge d’instruction comme simple « témoin » n’avait jamais fait l’objet de poursuites.
Ce n’est qu’à la faveur des changements politiques majeurs qu’a connu le Burkina Faso en 2014 avec la fuite de Blaise Compaoré, que François Compaoré, celui qu’on présentait comme « le petit président » a été inculpé et mis sous le coup d’un mandat d’arrêt international en mai 2017.
Le 29 octobre 2017, Il sera interpellé à l’aéroport Roissy Charles de Gaule à Paris en France avant d’être relâché le lendemain et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire français sauf sur autorisation spéciale de la justice.
En mars 2014, la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples basée à Arusha en Tanzanie, saisie de cette affaire Norbert Zongo conclut que « l’Etat défendeur n’a pas agi avec la diligence due dans la recherche, la poursuite et le jugement de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons. La cour note en conséquence que l’Etat défendeur a violé sur cet aspect le droit des requérants à ce que leur cause soit entendue par les juridictions nationales tel que garanti par l’article 7 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples».
Au regard de tout ce qui précède, tout en fondant l’espoir que la vérité finira enfin de triompher sur le lâche assassinat de notre confrère et de ses trois compagnons que sont , Ablassé Nikiéma, Blaise Ilboudo, Erneste Zongo, les participants à la 7ème édition du Festival international de la liberté d’expression et de la presse (FILEP), réunis du 8 au 11 novembre 2017 à Ouagadougou,
1- Appellent l’Etat burkinabè à tout mettre en œuvre pour une diligence dans la procédure judiciaire et dans ce sens, à ne ménager aucun effort pour l’extradition de François Compaoré, le principal inculpé dans ce crime odieux et imprescriptible.
2- Appellent la Justice burkinabè à se réconcilier avec son Peuple et la marche de l’Histoire, elle qui bénéficie aujourd’hui d’un cadre juridique et économique favorable à son indépendance grâce au sacrifice dû à l’Insurrection populaire.
3- Appellent le Peuple burkinabè, la Presse, les défenseurs des droits de l’Homme au Burkina Faso, en Afrique et dans le monde à maintenir la pression pour la lumière et la justice pour Norbert Zongo et ses trois compagnons.
19 ans d’impunité, ça suffit !
Vive la liberté de la presse
Justice pour Zongo !
Sapouy, le 11 novembre 2017