Le premier tour de l’élection présidentielle malienne est prévu pour le dimanche 28 juillet prochain. Les Maliens auront à choisir leur futur président parmi les 27 candidats en lice. A l’image des autres Maliens de la diaspora, les réfugiés maliens du Burkina ne resteront pas en marge des joutes électorales. Ils iront accomplir leur devoir avec l’aide du Haut commissariat des réfugiés (HCR). Pour en savoir davantage sur les dispositions prise par l’institution dans le cadre de ces élections, nous avons rencontré son représentant-résidant au Burkina, Stéphane Jaquemet.
Fasozine: Quelle est la situation des réfugiés maliens au Burkina Faso?
Stéphane Jaquemet: Nous sommes dans une phase de consolidation en ce qui concerne l’assistance à ces réfugiés. La plupart d’entre eux se retrouvent dans trois camps dans le Sahel: un près de Djibo, un autre près de Dori et un troisième, plus petit, à Sagnagnogo, qui est relativement proche de Ouagadougou. Il y a aussi deux ou trois sites, que l’on appelle spontanés, qui sont essentiellement des lieux où il y a du bétail et des bergers.
Combien sont-ils à ce jour sur le territoire burkinabè?
Ils sont environ 50.000, dont 40.000 arrivés l’année dernière et un peu plus de 10.000 à partir de janvier, suite à l’intervention militaire de la force internationale au nord Mali.
Comment se fera leur participation à l’élection du 28 juillet prochain?
Sur le principe, les autorités maliennes ont décidé que les réfugiés pouvaient participer à l’élection présidentielle du 28 juillet prochain. Et donc le HCR, sans être impliqué dans le processus électoral qui est un processus national, travaille simplement pour faciliter l’accès des réfugiés au vote. Nous avons facilité l’inscription des réfugiés. Nous avons environ 3 500 réfugiés qui ont manifesté leur désir de voter. Ces listes, mises en place par les autorités maliennes, ont été renvoyées à Bamako pour vérifier si ces personnes se retrouvent dans la base de données. Nous attendons que le Mali renvoie à son ambassade de Ouagadougou les listes et les cartes d’électeurs. Donc, je ne saurais dire maintenant combien de réfugiés pourront voter.
Quel rôle joue exactement le HCR dans leur participation à cette élection?
Il n’y a rien que nous puissions faire pour l’identification et l’obtention des cartes d’électeurs. Notre rôle est d’assurer le transport, de faire tout ce qui est possible pour que les réfugiés aient leurs cartes, si les autorités maliennes nous saisissent, en vue de les aider à rentrer en contact avec les réfugiés. Nous, nous sommes prêts.
Quelle sera le sort de ces réfugiés après l’élection?
Les textes internationaux sont très clairs: le retour des réfugiés doit être volontaire. Il doit se faire dans un cadre de sécurité et de dignité pour les réfugiés. On ne peut pas les forcer à rentrer. Ce n’est d’ailleurs pas la position des autorités burkinabè, qui ont clairement indiqué que les réfugiés pouvaient demeurer ici s’ils le souhaitent. Je pense donc que chaque réfugié va prendre une décision en fonction de son analyse de la situation au Mali. Il est clair que si le processus politique va dans le bon sens, s’il y a une véritable concertation, un véritable dialogue national qui implique les populations du nord, les réfugiés souhaiteront rentrer.
Un appel à lancer?
L’appel à tout le monde c’est la réconciliation. Je crois qu’il faut bien être clair: les réfugiés maliens sont venus trois fois en 20 ans. Parce qu’il y avait des problèmes récurrents. Il y a un appel du HCR et de la communauté internationale pour qu’il y ait un véritable processus de réconciliation. Si ce processus a lieu, on va régler les problèmes de fond. Et si on règle les problèmes de fond, il n’y a plus de raison pour les réfugiés de rester ici. Et il n’y a plus de raison qu’il y ait une nouvelle crise dans 5 ou 10 ans. Je crois que le maître-mot c’est la réconciliation.