L’avènement de la Télévision numérique terrestre (TNT), annoncé à grand renfort de publicité, tarde à être une réalité et cela cause déjà des « désagréments ». C’est du reste le constat de l’auteur de la présente lettre ouverte, président de L'Union burkinabè des éditeurs privés de services de télévision (UBESTV), adressée au Premier ministre et parvenue à notre rédaction.
Excellence,
Après deux demandes d’audience infructueuses, nous n’avons d’autre choix que de nous adresser à vous, en votre qualité de président du comité de pilotage de la TNT, par voie de presse.
En effet, après moult reports du lancement effectif de la Télévision numérique terrestre (TNT), nous nous étions laissé convaincre que l’échéance du 07 octobre 2017 serait la bonne. Nous sommes au regret de constater, un mois après cette échéance ultime, que ce n’est pas le cas et que nous devrons encore faire face aux désagréments causés par ces multiples reports.
Excellence,
Certains de nos membres ont contracté des prêts et engagé du personnel pour lancer leurs activités d’exploitation télévisuelle. Ils font face à des charges réelles de fonctionnement pendant qu’aucune activité ne leur permet de mobiliser des recettes pour faire face à cela. Depuis, ils connaissent des tensions de trésorerie du fait de la non-opérationnalisation de la TNT.
L’absence de certains préalables à l’avènement de la TNT n’est pas pour nous rassurer. Il n’y a, jusqu’à présent, pas eu de rencontres avec les promoteurs de chaînes de télévision privées pour discuter des modalités d’accès au multiplex de la Société burkinabè de télévision (SBT).
La communication sur les conditions d’accès à la TNT devrait être renforcée pour permettre au plus grand nombre de téléspectateurs de se doter des équipements nécessaires pour accéder aux chaînes nationales qui seront disponibles sur le bouquet de la SBT.
Excellence,
Les enjeux de l’avènement de la TNT vont au-delà des promoteurs de chaînes de télévision pour revêtir un intérêt certain pour la nation.
Le basculement à la TNT contribuera, à n’en point douter, à résorber le taux de chômage car une chaîne de télévision, c’est au minimum une soixantaine (60) d’emplois directs. Avec l’arrivée d’une dizaine de chaînes qui doivent monter sur le bouquet TNT, sans compter celles qui existent déjà, c’est au minimum six cents (600) emplois qualifiés qui seront créés. Ce serait vraiment dommage de passer le temps à différer une telle opportunité quand on sait l’intérêt qu’accorde le président Roch Marc Christian Kaboré à l’emploi des jeunes dans son programme de société.
Lors de la dernière rencontre gouvernement-secteur privé à Bobo-Dioulasso, vous avez insisté sur le fait que les entreprises privées étaient le moteur du développement d’une nation. Comment rendre cela possible si votre gouvernement n’arrive pas à prendre de décisions adéquates pour booster le secteur privé de façon générale et en particulier celui des médias ?
Excellence,
Les médias, et plus précisément ceux audiovisuels, constituent une vitrine majeure à travers laquelle un pays peut apporter sa part d’influence dans le monde, tant culturellement qu’économiquement. Le paysage audiovisuel burkinabè est envahi par de nombreuses chaînes de télévision qui ne font pas forcément la part belle à la culture burkinabè. Le gouvernement burkinabè devrait donc créer les conditions idoines de l’émergence et de la consolidation d’un paysage audiovisuel propice au développement de la culture et de l’économie burkinabè.
Excellence,
Avec l’épisode des dettes dues par l’Etat à la presse privée dont le dénouement est toujours attendu, le basculement effectif à la TNT semble être logé à la même enseigne des reports multiples.
Pour mémoire, le lancement de la TNT a déjà subi plusieurs reports : juin 2015, décembre 2016, mars 2017, septembre 2017 et enfin le 07 octobre 2017. Qu’est-ce qui peut justifier autant de reports quand on sait que le financement a déjà été bouclé ?
Face à ce constat, Excellence, nous (promoteurs de télévisions privées) sommes inquiets pour l’avenir de nos modestes entreprises privées et nous entendons prendre nos responsabilités en engageant bien sûr celles de l’Etat devant les institutions compétentes pour que réparation soit faite.
Pour UBESTV
Le président
Issoufou Saré
La titraille est du journal.