Décédé le 25 octobre 2017 à Ouagadougou, la dépouille mortelle du Dr Bernard Lédéa Ouédraogo, a reçu un vibrant hommage au siège de la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN) à Ouahigouya. A Gourcy, sa ville natale où il a été inhumé le samedi 4 novembre 2017, l’homme a été élevé, à titre posthume, à la dignité de Grand officier de l’Ordre national.
«Développer sans abîmer », Bernard Lédéa Ouédraogo, le promoteur de ce concept qui a imprimé sa marque dans le monde agricole à travers la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN) qu’il a créée et qui regroupe 84 unions à travers le Burkina Faso, s’en est allé. Décédé le 25 octobre 2017 à Ouagadougou, c’est à Gourcy (au Zondoma) que le corps du « vieux Bernard », du « papa », du « patriarche », du « développeur »… a fini son parcours terrestre. Prières, bénédictions l’ont accompagné au quartier Sintané dont il était le chef. En présence d’une délégation gouvernementale conduite par le ministre d’Etat, Simon Compaoré, de plusieurs personnalités, d’acteurs du monde paysan et bien d’autres anonymes, un dernier hommage après le siège de la FNGN à Ouahigouya, a été rendu au défunt. Au nom du Président du Faso, le Dr Bernard Lédéa Ouédraogo a été élevé, à titre posthume, à la dignité de Grand officier de l’Ordre national par le Haut représentant du chef de l’Etat, Shériff Sy. Après la sonnerie aux morts, l’oraison funèbre a été lue par Stanislas Adotévi, un vieil ami du disparu. C’est avec une grande émotion que le dernier orateur du jour s’est adressé au défunt et à l’assistance. Il a passé en revue le parcours « élogieux » de celui que le Burkina pleure, donné des conseils et invité les héritiers à toujours s’inspirer de son œuvre pour le bonheur des populations rurales du Burkina Faso.
A 87 ans, l’homme qui a révolutionné les pratiques culturales en se servant de la saison sèche en savane et au sahel, a vécu utilement pour ses contemporains et pour la majorité silencieuse qui vit de la terre. Le « révolutionnaire sans arme », comme il aimait à le dire, a passé l’essentiel de sa vie à la lutte pour un développement durable du Yatenga et du Burkina Faso tout entier. Du peu que l’on sait, Bernard Lédéa Ouédraogo a investi son savoir et son savoir-faire, avec les paysans, dans le maraîchage, l’élevage, le séchage des fruits, les banques traditionnelles d’épargne et de crédits, les banques de céréales autogérées, la lutte contre la désertification à travers la construction des diguettes, des cordons pierreux, le Zaï. En outre, l’on retiendra la réalisation de plusieurs retenues d’eau, des formations aux métiers, en utilisant un outil de communication qu’il a créé, à savoir la radio, La Voix du Paysan, pour les sensibilisations, l’information et les formations. En reconnaissance de toutes ces œuvres, des milliers de personnes composées de paysans, d’acteurs au développement, de partenaires étrangers, d’autorités diverses ont tenu à rendre un vibrant hommage à l’illustre disparu.
Bernard Lédéa Ouédraogo laisse derrière lui une veuve, huit enfants, 23 petits-fils, et 18 arrières petits-fils.
Philibert NIKEMA
philnikiema@hotmail.com
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Quelques témoignages sur l’illustre disparu
Smaïla Ouédraogo : ministre en charge de la jeunesse
« C’était un visionnaire épris de paix, de justice et du développement de son pays »
« Toute la population du Nord retient de cet illustre personnage, que c’est un bâtisseur, un constructeur, un visionnaire. Un homme épris de paix, de justice et de développement de son pays. Quelqu’un qui a cru aux potentialités qu’offrent notre nature, notre culture, et qui est caractérisé par une phrase qui est « développer sans abîmer ». Sans abîmer ni l’environnement, ni la culture, ni l’homme. Il était en avance sur le temps car depuis longtemps, il avait déjà compris les actions dévastatrices de l’homme sur la nature. »
Raogo Antoine Sawadogo : président du Laboratoire citoyennetés
«C’est un pédagogue hors pair »
«Le papa Bernard Lédéa Ouédraogo est un père pour moi. Je suis son fils spirituel en ce sens que j’ai été pendant six ans, fonctionnaire au groupement Naam. L’illustre disparu avait cette stratégie-là de pouvoir communiquer son savoir et son savoir-faire, à n’importe qui. Qu’on soit allé à l’école ou pas. C’est un pédagogue hors pair. »
Adama Sougouri : directeur de la radio ‘’La voix du paysan’’
«Il fait partie des inventeurs du Zaï et bien d’autres techniques culturales »
«De Bernard Lédéa Ouédraogo, je retiens un homme rigoureux, sociable, franc et ponctuel. Il a fait preuve de leadership à travers ses actions partout au Burkina, pour le développement du monde paysan. C’était un innovateur agricole et un citoyen engagé pour le développement du Burkina Faso. En termes de réalisations, Bernard Lédéa fait partie des inventeurs du Zaï et bien d’autres techniques culturales. Il fait également partie de ces pionniers au Burkina qui ont lancé la lutte contre la pratique de l’excision et des mariages forcés. »
Hamidou Ganamé : SG de la FNGN
«Les débuts n’étaient pas faciles pour l´homme au Yatenga»
« Bernard Lédéa Ouédraogo était dévoué à son peuple. C’est pourquoi durant toute sa vie, il a œuvré pour un développement participatif et l’égalité entre les sexes. Les femmes figuraient parmi les principales bénéficiaires des activités des groupements Naam. Je fais partie de ses anciens élèves, les débuts n’étaient pas faciles pour l´homme au Yatenga, mais compte tenu de son abnégation, il a pu convaincre et éveiller les consciences des producteurs pour qu’ils se rallient à sa noble cause. »
Propos recueillis par Ibrahim Zampaligré