Les comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) avec le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et plusieurs autres organisations démocratiques ont ont battu le pavé ce samedi 4 novembre 2017 à Ouagadougou. Objectif de ce mouvement d’humeur de la dizaine d’organisations : déplorer la lenteur constatée dans le traitement des dossiers de crimes économiques et de sang pendant à la justice et sonner la mobilisation des filles et fils du Burkina.
Cette marche-meeting s’est tenue dans le cadre de la commémoration le 31 octobre dernier du troisième anniversaire de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Avant la tenue du meeting dit de dénonciation de l’impunité, les organisations initiatrices de la manifestation ont marché sur le site de l’Assemblée nationale incendiée le jour de l’insurrection populaire.
Pour Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP, qui a livré le message du jour devant le site du parlement parti en fumée il ya trois ans, ce lieu est « hautement symbolique et chargé d’émotions » car c’est en ce lieu que le « vaillant peuple a franchi une étape importante dans sa marche irréversible pour son émancipation politique, économique et social » en mettant fin aux 27 ans de règne du président Blaise Compaoré.
Au vu du sacrifice ultime de plus d’une trentaine de personnes, M. Zougmoré et ses camarades ne comprennent pas pourquoi la justice n’est pas au rendez vous trois ans après. : « Comment donc ne pas s’indigner que trois années après, nos autorités politiques et judiciaires jouent à saute-mouton sur la vérité et la justice pour nos martyrs et qu’elles soient à ce jour incapables de nous dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré sur nos dignes filles et fils ? Non cela n’est pas acceptable ! Nous, patriotes avons l’impérieux devoir d’honorer la mémoire des martyrs de l’insurrection et de la résistance au putsch avorté de l’ex RSP, afin que leur sacrifice ne soit pas vain ».
Et pour lui, ce sacrifice doit amener les rescapés à aller toujours de l’avant dans la lutte et la préservation desdits acquis. Appel qui s’est concrétisé plus tard au cours du meeting qui a suivi à la place de la Nation.
Dans cette optique, les organisations membres de cette initiative contre l’impunité ont adopté à l’unanimité une plateforme d’action minimale de cinq points contre l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques et pour la justice. Il s’agit de la vérité et justice pour les martyrs de l’insurrection populaire, de la résistance au putsch de septembre 2015 et de l’indemnisation des familles des victimes ; de la prise en charge effective et totale des blessés ; de la vérité et justice sur tous les dossiers de crimes de sang impunis ; de l’identification et de la saisie des biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré et la prise sans délai de mesures pour recouvrer les fonds expatriés ; et de l’ouverture de procédures judiciaires sur tous les cas de crimes économiques ou malversations révélées.
A en croire Elie Tarpaga, coordonnateur des CDAIP de la ville de Ouagadougou, le pouvoir en place s’est porté complice dans la non-manifestation de la vérité et de la justice dans les différents dossiers : « ce pouvoir se fout de notre peuple et de ses aspirations à la justice et au changement dans ses conditions de vie ».
Pour preuve, le leadeur du CDAIP cite la non amélioration des conditions de vie des populations et des récentes nominations des chefs militaires dans des enclaves diplomatiques en vue de leur faire échapper à la justice. Pour ce dernier, « il appartient au peuple d’apporter la réponse politique à cette provocation du pouvoir actuel, comme il a su apporter la réponse à Blaise Compaoré en 2014 en le chassant à midi-pile du pouvoir. Les mêmes causes produiront les mêmes effets ! ».
En rappel cette marche-meeting a été portée, entre autres, par les CDAIP, le MBDHP, l’Union des familles des victimes et blessés de l’insurrection populaire, de l’Association des parents des victimes du coup d’Etat, de l’Unité d’action syndicale, de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB), de l’Association des journalistes du Burkina et du Réseau national de lutte anti-corruption.