Démission du ministre de la Culture Tahirou Barry, scandale « tranquillos » et grève des policiers ont été, entre autres, des sujets évoqués au cours d’une réunion du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) tenue le 30 octobre 2017.
Au sortir de cette rencontre, l’opposition politique a décidé de saisir la justice en déposant une plainte contre le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, pour détention illégale d’arme de guerre et menaces de mort. Elle exige par ailleurs son départ du gouvernement.
Les partis politiques membres du Cadre de concertation du chef de file de l’opposition ont tenu une réunion extraordinaire le lundi 30 octobre 2017 au siège du CFOP à Ouagadougou. Présidée par le chef de file de l’opposition, M. Zéphirin Diabré, la réunion avait les points suivants inscrits à son ordre du jour :
- situation nationale ;
- vie du cadre ;
- divers.
Au chapitre de la situation nationale, les participants ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de l’Insurrection populaire de 2014 à l’occasion de l’An III de cet événement. Dressant le bilan de l’évolution du pays, les partis d’opposition tirent la conclusion que le pouvoir du MPP a trahi les idéaux de l’insurrection populaire en ramenant les pires pratiques dont ils étaient maîtres quand ils conduisaient toujours la barque CDP.
Les partis d’opposition s’indignent également que, trois ans après, il n’y ait pas de justice effective pour les martyrs et leurs familles.
Toujours au chapitre de la situation nationale, les participants ont pris acte de la démission du ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, M. Tahirou Barry. De surcroît président d’un parti de la Majorité, M. Barry a démissionné en peignant un tableau très sombre de la gouvernance actuelle. Dans un réquisitoire d’une violence inouïe, il a égrené les échecs du gouvernement en insistant particulièrement sur le désarroi de la jeunesse, le dénuement de nos forces de défense et de sécurité face aux terroristes, et la faillite du PNDES qu’il impute directement au Président Roch Kaboré, traité au passage de « vieux cow-boy désespéré dont les réactions ont mis au rouge tous nos indicateurs avec un plan de développement PNDES qui a lui-même besoin d’un plan d’urgence de sauvetage dans un océan sans rivage ».
Cette démission est le signe manifeste d’un délitement du pouvoir. Et c’est la preuve supplémentaire du bien-fondé des critiques déjà formulées par l’Opposition dans ses deux mémorandums.
Toujours au chapitre de la situation nationale, les participants à la rencontre ont évoqué le scandale « Tranquillos ». Dans une vidéo ridicule mais authentique diffusée sur les réseaux sociaux, puis dans plusieurs médias, on voit le ministre d’Etat, Simon Compaoré, kalachnikov en main et habillé de gilet pare-balle, au domicile d’un des députés démissionnaires de l’UPC. Dans un langage à la limite vulgaire, Simon Compaoré menace de « chicoter les militants de l’opposition » et de faire arrêter le Chef de file de l’opposition, et révèle que le complot contre l’UPC « a été bien préparé ». Cette vidéo a fait le tour de la planète et couvert notre pays de ridicule.
Pour l’opposition politique, cette vidéo est d’abord une preuve supplémentaire que le MPP, dont M. Simon Compaoré est le président par intérim, alimente bel et bien, par son soutien politique et financier, cette cabale dont l’objectif est de casser l’UPC dans la perspective de la présidentielle de 2020.
Alors qu’on n’avait pas fini d’épiloguer sur ce scandale, les Burkinabè ont constaté qu’à cause du comportement arrogant de M. Simon Compaoré, les policiers de notre pays sont allés en grève en fin de semaine. L’incapacité du ministre à résoudre la crise était telle que le président du Faso a dû monter au créneau, rencontrer les policiers et prendre des engagements avec ces derniers, rencontre à laquelle M. Simon Compaoré était d’ailleurs absent. Faisant suite à l’épisode des transporteurs routiers, c’est donc la deuxième fois, en quelques semaines, que le Président du Faso doit intervenir directement dans la gestion du ministère de M. Simon Compaoré pour régler une crise d’ampleur nationale. Dans une république normale, un tel ministre est congédié et remplacé par une personne plus compétente, surtout s’il s’agit d’un ministère sensible comme celui de la sécurité. Mais M. Simon Compaoré étant un « actionnaire » important du MPP, il peut se permettre de narguer tout le monde, y compris le Président Kaboré, lequel manque visiblement de l’autorité qu’il faut pour le sanctionner. Dans la situation sécuritaire que vit actuellement notre pays, et après un tel étalage d’incompétence et d’arrogance, maintenir M. Simon Compaoré à ce poste, c’est montrer qu’on ne prend nullement au sérieux la question de la sécurité des Burkinabè.
La responsabilité personnelle du Président du Faso est ici engagée, car c’est lui qui nomme aux hautes fonctions de l’Etat.
Au regard du comportement irresponsable de M. Simon Compaoré et de l’incompétence notoire dont il fait montre face aux problèmes sécuritaires de notre pays, l’opposition politique exige son départ immédiat de son poste de ministre de la Sécurité du Burkina Faso.
En plus, l’opposition politique va saisir la justice en déposant une plainte contre M. Simon Compaoré pour détention illégale d’arme de guerre et menaces de mort sur des citoyens.
Au chapitre de la vie du Cadre de concertation, les participants ont pris connaissance des propositions relatives au projet de nouveau Code électoral. Une commission a été mise en place pour examiner le document et formuler les observations de l’Opposition politique.
Débutée à 18 heures, la réunion a pris fin à 20 heures, après l’examen de quelques points de divers.
Ouagadougou, le 30 octobre 2017
Le service de communication du Chef de file de l’opposition politique