Le Forum national sur la sécurité a ouvert ses portes hier matin dans la salle de conférences de Ouaga 2000. Trois jours durant, plus de six cents participants prennent part à ce cadre de dialogue et d’échanges sur les questions relevant de la défense et de la sécurité au Burkina.
C’est vrai que l’urgence de la situation le commandait, mais il sied de rappeler que l’organisation d’un forum national sur la sécurité était une des promesses de l’actuel président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, à l’époque où il était candidat à la présidentielle. La parole donnée étant un engagement à respecter, l’on pourrait comprendre la concrétisation de l’initiative, bien qu’il y en ait qui pourraient encore douter de sa pertinence.
Le moins que l’on puisse dire est que la cérémonie officielle d’ouverture de cet événement fut haute en couleur, devant un parterre d’invités composé d’experts, de forces de défense et de sécurité, d’universitaires, d’éléments de la société civile et des initiatives locales de sécurité (dozos, koglwéogo…). L’objectif étant, selon les propos du principal hôte des lieux qu’est le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, de fédérer le maximum de sensibilités et d’avoir des discussions ouvertes sur tous les sujets pour mieux appréhender les enjeux sécuritaires actuels et s’orienter vers des solutions structurantes et efficientes.
« Grâce au caractère informel et non contraignant des échanges, c’est une véritable liberté de parole qui sera à l’œuvre au cours de ce forum qui est soucieux non seulement de la maturation de la réflexion stratégique, mais aussi d’une réflexion qui permette la décision et qui nous place, plus que jamais, dans une perspective politique et opérationnelle. Toutes choses qui devront nous permettre d’inverser les prévisions alarmistes, a-t-il précisé, très inspiré comme à son habitude.
Le porte-parole des Partenaires techniques et financiers (PTF), l’ambassadeur de France au Burkina, Xavier Lapeyre de Cabanes, a, pour sa part, mis l’accent sur la philosophie qui sous-tend l’acceptation du soutien des différents pays et structures internationales à l’événement. A l’écouter, ce n’est nullement une volonté de s’immiscer dans la cuisine interne de l’Etat, encore moins d’empiéter sur sa souveraineté. Puis il a souligné : «Si les PTF peuvent donner leur appui et leurs conseils, il n’en demeure pas moins que l’organisation des forces de défense et de sécurité relève uniquement des Burkinabè. Nous n’avons pas de place à ce débat, sauf à vous appuyer, si nous sommes sollicités.»
Le forum sur la sécurité est prévu pour s’étaler sur trois jours et sera organisé autour de trois axes qui sont : identification des défis, menaces et besoins de sécurité ; état des lieux de la mise en œuvre des politiques de sécurité ; perspectives et recommandations. Chaque thématique recouvre des problématiques qui font l’objet de communication et d’autres qui seront discutées en atelier. Au total, onze communications organisées en quatre panels et neuf ateliers constitueront les pistes de réflexion.
Le Président du Faso, qui était naturellement aux premières loges, a visiblement apprécié le degré de mobilisation. Après avoir demandé une minute de silence à la mémoire des victimes d’attentats de toutes origines et rendu un vibrant hommage aux forces de défense et de sécurité, il a fait le sermon suivant : « Ma conviction est établie que c’est par notre capacité à nous organiser, à unir nos intelligences et nos énergies que nous viendrons à bout de ces forces obscurantistes et prédatrices qui tentent par tous les moyens de ralentir la marche de notre peuple vers le progrès. C’est pourquoi j’appelle à un sursaut patriotique des fils et des filles de notre pays, des villes et des campagnes autour de nos forces de défense et de sécurité afin de défendre la Patrie. »
Issa K. Barry