L’Institut mondial pour la Croissance Verte (Global Green Growth Institute - GGGI) a organisé du 17 au 20 octobre 2017, à Addis Abeba, la Semaine mondiale de la Croissance Verte 2017, sous le thème : « débloquer le potentiel de croissance verte de l’Afrique ». Le Burkina Faso, à travers le Ministère de l’Environnement, de l’Economie Verte et du Changement Climatique, a participé aux travaux, et échangé avec la Direction de l’Institut sur la question de son adhésion.
Quels sont les défis et les opportunités d’une croissance économique durable pour les pays en développement et les économies émergentes ? Comment créer une parfaite symbiose entre l’urbanisation et l’industrialisation ? Telles sont les objectifs principaux de cette Semaine mondiale de la Croissance Verte, dont le but est de permettre aux pays participants de partager les expériences et les bonnes pratiques dans les domaines de l’Economie et de la Croissance vertes.
Selon un rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD), publié en 2012, les pays africains dont les économies sont basées sur les ressources naturelles devraient continuer à croître plus rapidement que celles qui n’ont pas de ressources naturelles importantes. Aussi, le continent africain se caractérise-t-il par une abondance de ressources renouvelables et non renouvelables qui, malheureusement sont inégalement réparties sur le territoire. Les spécialistes des questions environnementales soutiennent également qu’en dépit de ressources naturelles abondantes et de la bonne croissance économique enregistrée cette dernière décennie, l'Afrique peine toujours à exploiter de façon efficace et durable le potentiel économique dont elle dispose.
Les énergies renouvelables poursuivent-ils, ne couvraient en 2013 que 5 % des besoins énergétiques de l'Afrique, et les normes environnementales sont encore trop souvent considérées comme contre-productives dans des pays sous-industrialisés. Les problèmes environnementaux liés à la surexploitation des ressources, à la pénurie d'eau, à la pollution, au traitement quasi inexistant des déchets, et à la dégradation des sols sont pourtant des freins sérieux à l'émergence d'une économie verte plus durable et porteuse de nombreuses opportunités
Plusieurs études montrent aussi que la croissance verte pourrait en effet permettre aux pays africains d'attirer des investissements dans les ressources environnementales et l'énergie renouvelable, et profiter ainsi à l'ensemble de l'économie. Le principe de croissance verte repose sur un modèle vertueux permettant d'améliorer la vie des populations tout en respectant le développement durable dans le sens d'un bien-être généralisé à la fois environnemental et social.
Certains exemples en Afrique indiquent également que la croissance verte peut constituer un choix national permettant de concilier croissance et environnement.
L’Ethiopie a été parmi les trois premières économies à plus forte croissance en Afrique au cours des dernières années, et des taux de croissance annuels élevés sont attendus pour les années à venir. Dans le même temps, elle s’est engagée dans une stratégie de croissance verte à l’échelle nationale, stratégie par laquelle le pays vise à atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici 2025.
De même, le Rwanda, qui a également a atteint une croissance remarquable au cours des dernières années, a mis en place une stratégie de croissance verte à long terme. Les deux pays se focalisent sur la croissance verte, reconnaissant les bénéfices d’une meilleure gestion des ressources naturelles et développant les énergies renouvelables pour améliorer la santé des populations et accroître la sécurité énergétique.
L’ambition du GGI en organisant cette semaine mondiale, est d’aider les pays les moins développés à promouvoir un développement durable et lutter contre les changements climatiques. Pour ce faire les expériences réussies comme celles de l’Ethiopie ont été partagées. Les questions liées aux financements, aux technologies et aux changements climatiques ont été abordées.
En marge de cette rencontre, la délégation burkinabè a été reçue par le Directeur General de Global Green Growth Institute, M. Frank Rijsberman qui a marqué un grand intérêt pour le pays des Hommes intègres. Au cours de cette audience, la Direction de GGI a renouvelé son engagement à accompagner le Burkina Faso dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour l’économie verte.
Elle a aussi rassuré la délégation burkinabè de l’acceptation du Burkina Faso comme futur membre du GGI, puisque confie-t-il, « nous sommes prêts à travailler avec votre pays, et nous allons accélérer le processus, afin que le partenariat soit effectif en 2019 ».
Toute chose qui réjouit, Monsieur Douada ZALLE, Conseiller technique du ministre en charge de l’environnement du Burkina Faso. « Nous saluons cette approche de GGI, que nous trouvons très intéressante en ce sens que le Burkina Faso est déjà engagé dans l’Economie verte. Vous trouverez un référentiel national de base sur lequel nous pourrons ensemble travailler »
Le Burkina Faso bientôt membre du GGI
C’est en août 2016, le GGGI avait dépêché une mission au Burkina Faso, suite à une requête introduite par l’Ambassade du Burkina Faso en République de Corée. Dans cette requête, l’Ambassade lui exprimait la volonté de notre pays à développer une approche de croissance verte, en vue d’atteindre ses objectifs de développement tels qu'énoncés dans le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES). Cette mission a permis d’identifier des axes stratégiques de coopération entre l’Institut (GGI) et le Burkina Faso puis de soumettre une demande officielle d’adhésion de notre pays, qui a été favorablement examinée par les instances de l’Institut, depuis décembre 2016.
Ainsi, en juin 2017, le GGGI a exploré, avec le Burkina, les possibilités de soutien à la mise en œuvre de la Stratégie nationale pour l’économie verte à travers deux axes que sont : l’appui à l’opérationnalisation de l’initiative « création de 2 000 éco villages au Burkina Faso », l’accompagnement du Fonds d’Intervention pour l’Environnement (FIE), en vue de son accréditation au Fonds Vert Climat. Dans le but de rendre dynamique son action au Burkina Faso, il a également développé des initiatives telles que l’organisation d’une conférence sous régionale sur les énergies renouvelables en début décembre 2017 au Burkina Faso ; le développement d’un programme centré sur les priorités nationales et d’un autre appelé READNESS en vue de favoriser la mobilisation par les acteurs nationaux des financements pour la lutte contre les changements climatiques.
Ce qui permet de dire que l’adhésion du Burkina Faso au GGGI a d’énormes avantages. En effet, le Burkina Faso bénéficiera du statut de pays membre, sans aucune contribution financière. Il participera aux Assemblées Générales et aux sessions du Conseil de GGGI, à titre de membre statutaire avec droit de vote. Le Burkina aura des appuis, dans les domaines suivants : l’énergie, l’eau, l’utilisation des sols, les villes vertes, les éco villages et la mobilisation des ressources financières pour le financement des Objectifs du Développement durable et la transition vers une économie verte et inclusive.
Le GGGI est une organisation internationale mise en place en 2012, lors de la Conférence Ri0+20 des Nations-Unies sur le développement durable. Il s'investit dans la transition vers un nouveau modèle de croissance économique, à savoir, la croissance fondée sur les principes de l'inclusion sociale et de la durabilité environnementale.
Aline Verlaine ZOROM
Ambassade, Mission Permanente du
Burkina Faso à Addis Abéba