Samedi dernier, une armada de policiers a été déployée pour contrer l’offensive de l’activiste Pascal Zaïda, qui tenait mordicus à ce que sa marche-meeting se fasse.
La confrontation s’est achevée par l’arrestation de l’organisateur et de certains de ses lieutenants. Le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, qui s’était enflammé lors de la rentrée politique du MPP, demandant même à voix haute : « Pour qui il se prend, ce Zaïda ?», a eu certainement sa revanche, lui qui tenait à prouver que le pays était bien géré.
Même si son baroud d’honneur s’apparente à l’usage d’un lance-flammes pour tuer une mouche. Pascal Zaïda avait-il besoin de tant d’honneur, lui qui, comme il fallait s’y attendre, n’a pu mobiliser plus d’une dizaine de personnes ?
La montagne a accouché d’une souris et, aujourd’hui le chef de la colonie embastillé, voici en création un martyr à moindres frais. Et que dire de cette impression de deux poids deux mesures ? Lors de la libération de Djibrill Bassolé, le Balai citoyen avait manifesté et sans autorisation. Le pouvoir et le parti au pouvoir n’avait pas, à cette occasion, sorti l’artillerie lourde.
Combien de policiers pour un marcheur ? Si l’ardeur utilisée pour mettre hors d’état de nuire Pascal Zaïda était d’usage dans la lutte contre le terrorisme ou dans la construction du pays tout court, notre monde s’en trouverait à coup sûr changé.
« Tout ça pour ça ! » peut-on s’exclamer en se demandant du même coup où va ce pays dans lequel toutes les énergies des autorités sont orientées vers le règlement de situations qui s’apparentent aux actualités sur Facebook, où les faits divers et l’anecdotique sont rois.
Et en la matière, ce ne sont pas les thèmes qui manquent : missions présidentielles et ministérielles, soirées de récompenses, ateliers et séminaires, libération de Djibrill Bassolé, démission de députés de l’UPC, agression d’Adja Divine ou d’Azata Soro et tutti quanti.
Pendant que sont formulés vœux pieux et incantations prononcées, la sécurité, les hôpitaux publics et les voies bitumées se meurent.
Issa K. Barry