Le coordonnateur national du Cadre d’expression démocratique (CED), Pascal Zaïda, et trois de ses compagnons ont été arrêtés le samedi 21 octobre 2017 alors qu’ils tentaient d’organiser un meeting interdit par la mairie au rond-point des Nations unies à Ouagadougou.
Place de la Nation, rond-point des Nations unies et palais du Mogh Naaba. Autant de lieux potentiels pour un meeting illégal. A quelques jours de la manifestation, on ne savait toujours pas où Pascal Zaïda allait violer l’oukase communal lui interdisant d’organiser son rassemblement le 21 octobre.
Ce sera finalement au rond-point des Nations unies, à partir de 8h, a annoncé le trublion la veille au cours d’une conférence de presse ; une précision qui n’a pas influé sur le plan de la police, laquelle s’est déployée quand même sur les trois sites le 21 au matin. Impossible donc d’accéder ce samedi matin à la place de la Nation, quadrillée par la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). A hauteur du rond-point des Nations unies, aucune barrière, mais des policiers veillent au grain, empêchant toute tentative de regroupement, même de simples curieux.
8h - 9h. Aucun signe de Pascal Zaïda ni d’un quelconque manifestant. Dans la foule de journalistes, on se demandait si le coordonnateur national du CED, qui avait juré de tenir sa manifestation contre vents et marées, ne s’était finalement pas ravisé, dissuadé par l’impressionnant dispositif sécuritaire.
Alors que les gratte-papier spéculaient sur la tenue du meeting, un bonhomme vient à leur hauteur. « Soyez patients et discrets, le meeting aura lieu », assure-t-il avant d’aller se rasseoir peinard sur un banc à proximité des boutiques environnantes.
Joint au téléphone, l’organisateur en chef assure, lui aussi, n’avoir pas renoncé à son projet. « Le meeting aura lieu à partir de 10h », informe-t-il.
A l’heure indiquée, Pascal Zaïda sort de sa base retranchée, un hôtel à proximité, le téléphone scotché à l’oreille 1, et remonte la rue en direction du rond-point des Nations unies, poussées par les « Zaïda ! Zaïda ! », scandés par la dizaine de partisans qui le suivaient.
Mais ils n’arriveront pas à destination puisque les CRS, à coups de matraques, les contraignent à rebrousser chemin. C’est pendant leur mouvement de repli que les choses se gâtent. Nous avons rencontré Herman Tassembedo, un des membres du CED, à son domicile qu’il venait de regagner après s’être un temps réfugié au siège de l’ex-parti au pouvoir, le CDP.
« Ce qui me fait mal est que le policier qui m’a frappé n’a même pas mon âge. Quand je lui ai dit que je ne riposte pas parce que je respecte la tenue, il m’a encore assené d’autres coups », tient-il d’abord à raconter, la voix nouée.
Celui qui a échappé à la rafle relate ensuite leur mésaventure : « On était en train de repartir à l’hôtel. Quand nous sommes arrivés au niveau de Telecel et de Telmob, quatre jeunes sont descendus de leurs motos et ont commencé à nous agresser. C’est à ce moment que la police est intervenue et a commencé à nous bastonner. Pascal (Zaïda) et d’autres personnes ont été arrêtés.»
Pour lui, contrairement à la version de la police (lire encadré), leurs assaillants n’étaient pas des commerçants installés sur la voie publique, mais des trouble-fête qui voulaient créer des incidents pour provoquer l’interpellation du leader du CED. Toujours est-il que cette arrestation a eu l’heur de plaire auxdits commerçants qui affichaient leur satisfaction.
On se rappelle que lors d’une manifestation d’OSC contre la libération du général Djibrill Bassolé le 11 du mois courant, déjà à cet endroit, Basic Soul, un des leaders du Balai citoyen, avait été pris pour cible par des individus.
Hugues Richard Sama