Opérateur économique de son état, Pascal Bouda, qui a tenu un point de presse hier jeudi sous l’apatam du Centre de presse Norbert Zongo, dit être l’objet de persécution de la part d’un groupe « occulte et diabolique qui se revendique du PCRV (Parti communiste révolutionnaire voltaïque) ».
« Je viens par la présente solliciter la couverture médiatique d’une conférence de presse prévue se tenir le jeudi 19 octobre 2017 au Centre de presse Norbert Zongo à partir de 10 heures. Cette conférence vise à dénoncer les pratiques ignobles et rétrogrades de certains barons de l’ancien régime, agissant sous le couvert du Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV), qui ont été à l’origine de la mort et de la ruine de nombreuses familles. Pour avoir été une de leurs nombreuses victimes, des années durant, divorcé et étouffé économiquement, avec la fermeture de quelques-unes de mes entreprises, je voudrais à présent prendre l’opinion publique à témoin et interpeller le gouvernement sur son devoir de sauver la vie de bien des personnes encore dans leur ligne de mire. »
Dieu seul sait combien de correspondances reçoit un journal, des plus sérieuses aux plus farfelues en passant par celles énigmatiques. Mais avouons que cette demande de couverture à nous adressée a laissé plus d’un perplexe, pour ne pas dire songeur. Provenait-elle d’un paranoïaque, d’une personne aux desseins inavoués ou réellement persécutée ?
La rencontre avec celui qui se présente comme la victime allait nous situer. Pascal Bouda, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est présenté à nous fringant. Drapé dans un ensemble danfani, il a une taille et une corpulence au-dessus de la moyenne. C’est dire qu’il présente plutôt bien. Mais à la lecture de sa déclaration liminaire et lors des réponses aux questions des journalistes, l’on a eu l’impression d’avoir en face une bête traquée et pratiquement au bout du rouleau.
« J’évolue dans le domaine de la restauration et de la billetterie aérienne. Mais de façon inexplicable, je subis la pression d’un groupe occulte et diabolique fonctionnant comme une secte, qui malheureusement se revendique du Parti communiste révolutionnaire voltaïque (PCRV)… Pour ma part, le destin a voulu que j’appartienne à un cercle de famille et d’amis dont des membres, et non des moindres, appartiennent à ce réseau. Ce sont ces derniers qui, pour des raisons que je n’arrive pas à appréhender, s’acharnent sur moi comme ils l’ont fait sur d’autres avant moi. Beaucoup d’entre eux ont fermé boutique, d’autres ont perdu leur emploi, les plus chanceux ont pris le chemin de l’exil, et les moins fortunés ont trouvé la mort. Souffrez que je ne donne pas de noms pour ne pas remuer le couteau dans les plaies encore béantes », a-t-il déclaré, parcourant sa déclaration liminaire, les mains tremblotantes.
« Même mon mariage a été un montage »
A l’écouter, et pour ce qui le concerne, ce réseau lui a créé et continue de lui créer toutes sortes d’ennuis, dans sa famille et dans toutes les administrations : Banques, Impôts, Onea, Sonabel… Ces pressions multiformes l’ont poussé à fermer son agence de voyages en début 2015, et une menace de résiliation du contrat de gestion du jardin-restaurant sis face à la mairie centrale pointe à l’horizon. Pire, ces manigances auraient été à la base de son divorce.
Il rappelle : «Je tiens à le signaler, et je le regrette, mon mariage fut le fruit d’un montage grossier pour me contrôler. » Notre interlocuteur insistera pour dire qu’il n’a pourtant jamais fait de politique, n’a été membre d’aucune secte et n’a jamais fait partie du réseau en question.
Considérant que lui est « déjà mort », il veut plutôt attirer l’attention des décideurs politiques afin « de sauver d’innocents et paisibles citoyens qui sont dans leur viseur ».
Le principal animateur du point de presse n’a, par contre, pas voulu citer pour le moment les noms de ceux qui lui créent tant de soucis. Mais à lire entre les lignes ses propos, le principal accusé serait un ancien bonze de la galaxie Blaise Compaoré, qui a eu à occuper des postes ministériels à l’époque et a toujours de l’influence dans le système actuel. Le plaignant a annoncé avoir déposé une plainte à la gendarmerie. C’est dire que les journalistes sont repartis de ce point de presse aussi perplexes et assoiffés d’informations que quand ils y arrivaient.
NB. Pour étancher un tant soit peu notre soif de compréhension, nous avons joint un membre de l’entourage de Pascal Bouda, qui a attesté que la persécution dont il dit être victime est bien réelle et que ses propos ne sont pas ceux d’un affabulateur, mais plutôt d’une personne tourmentée. Affaire à suivre donc.
Issa K. Barry