Ce jeudi 19 octobre 2017, l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de la lutte contre la corruption (ASCE-LC) a présenté, au cours d’une conférence de presse, son rapport de synthèse de l’audit/investigations de la présidence du Faso, du Premier ministère et des départements ministériels de la gestion 2016. Cet audit a porté sur la gestion financière et comptable couvrant la période allant du 29 décembre 2015 au 31 décembre 2016 desdites institutions.
Dans ce rapport, les domaines audités ont concernés la commande publique, les comptes de dépôt, les régies d’avances, le carburant et les lubrifiants gérés par ces structures. De ce rapport, on note des irrégularités dans tous ces domaines audités.
Et selon le contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga, pour la gestion du carburant, sur une consommation totale de 7 535 034 074 FCFA, 250 558 270 FCFA représentent des consommations irrégulières. «Sur ces 250 558 270 FCFA de consommations irrégulières, 245 875 770 FCFA proviennent de la présidence du Faso soit 98,13%» a-t-il signifié. Il a expliqué que sur ces consommations irrégulières, les opérations sous-tendues par des pièces justificatives irrégulières ou sans pièces justificatives représentent 96,68%. «Cette situation s’explique par l’absence de textes de répartition et partant de manque de transparence dans la gestion; d’où des risques de détournement» a martelé le contrôleur d’Etat. En termes de comparaison par rapport, il ressort qu’il y a une baisse des consommations irrégulières qui passe 8,15% en 2015 à 2,20% en 2016.
Pour ce qui concerne le domaine de la commande publique, 1328 commandes d’un montant de 144 521 044 336 FCFA ont été examinées. Aux dires du contrôleur général, il en résulte que le montant réel de la commande publique par les procédures exceptionnelles (entente directe et appels d’offres restreints) est de 22 346 766 070 FCFA soit 15,46% du montant total des commandes publiques passées pendant la période sous revue. «Ce taux 15,46% est proche de la norme UEMOA qui est de 15%», a dit Luc Marius Ibriga. En 2015 les procédures exceptionnelles hors carburant représentaient 54,5% de la commande contre 15,46 % en 2016 soit une baisse de 39,04%.
S’agissant de la gestion des comptes de dépôts, sur 177 099 019 792 FCFA de dépenses contrôlées, 1 014 491 804 FCA sont des dépenses irrégulières dont 3 244 315 FCA de dépenses inéligibles. Le contrôleur général d’Etat a indiqué que ces dépenses irrégulières d’un montant de 1 014 491 804 FCA représentent 0,57% des dépenses totales. «Ce taux était de 2,67% en 2015. On note ainsi une baisse de 2,10 pour ce ratio par rapport à 2015. Cette situation traduit les efforts fournis pour le respect de la régularité des dépenses», fait remarquer M. Ibriga. Toutefois, Luc Ibriga recommande que l’existence de dépenses irrégulières doit appeler à plus de rigueur dans l’exécution des dépenses publiques.
Concernant la gestion des régies d'avances, il ressort que sur 10 707 231 218 FCFA de dépenses contrôlées, 403 942 970 FCFA sont des dépenses irrégulières dont 13 651 745 FCFA sont des dépenses inéligibles et 146 672 760 FCFA de dépenses exécutées en dépassement des seuils autorisés.
L’audit de la gestion 2016 du gouvernement a permis de constater une amélioration de la gestion de la commande publique, des comptes de dépôt, des régie d’avances et du carburant et lubrifiants. Toutefois, des irrégularités récurrentes ont été relevées notamment dans la gestion des régies d’avances et du carburant et lubrifiants.
Le conférencier du jour a fait savoir que ces audits n’ont pas été sans difficultés car, les contrôleurs d’Etat se sont parfois heurtés à certaines résistances ou insuffisances.
Dans le souci d’améliorer la gestion dans l’administration publique, l’ASCE-LC recommande la réduction du nombre de comptes et l’élaboration d’une règlementation uniforme pour la gestion du carburant et lubrifiants.