La Première dame du Faso, Mme Chantal Compaoré a effectué du 24 au 29 juin 2013 un voyage d’études en Jamaïque, au pays de Bob Marley pour s’inspirer de l’expérience jamaïcaine en matière de prise en charge des adolescentes mères en milieu scolaire.
Etre une élève enceinte ou accouchée en pleine année scolaire tout en poursuivant ses études, très peu de filles arrivent à le faire dans de nombreux pays africains. Si ce ne sont pas les règlements intérieurs scélérats qui poussent les filles à l’abandon, ce sont les pressions familiales, les regards des camarades d’école, de la société ou les difficultés de tous ordres qui les en empêchent. Mais au pays de Robert Nesta Marley, la situation est tout autre. On peut être élève, accouchée tout en poursuivant sa scolarité normalement parce que l’Etat y a mis une politique qui incite les élèves-mères à continuer de se battre pour réussir à l’école avec leur maternité.
C’est cette expérience réussie en Jamaïque que le Burkina Faso a cherché à conquérir. La Première dame Chantal Compaoré, très engagée dans les questions de lutte contre les mutilations génitales féminines et pour la cause des jeunes filles et adolescentes en particulier s’est ainsi rendu du 24 au 29 juin dernier pour constater sur place les expériences fructueuses des Jamaïcains en matière de maintien de la scolarisation des élèves qui accouchent au cours de leur cursus.
Dès son arrivée à Kingston Chantal Compaoré et sa délégation composée essentiellement de la ministre de la Promotion de la femme et du Genre Mme Nestorine Sangaré et son point focal genre ont tout de suite entamé les rencontres d’échanges.
Dans l’après-midi du 24 juin, briefing avec les responsables du bureau régional du Fonds des Nations unies en matière de population (UNFPA) des Caraïbes. Cette réunion a permis d’harmoniser le programme de séjour proposé à la délégation burkinabè. Ce fut l’occasion pour le gouvernement jamaïcain et ses partenaires de faire le point de la situation des adolescentes mères sur l’Ile et les actions entreprises depuis le début des années soixante dix pour la réinsertion sociale des filles mères.
Le moment le plus important de cette visite d’études interviendra le lendemain mardi 25 juin 2013 avec la séance de travail au siège de la Fondation des femmes de la Jamaïque à Kingston.
Né de la volonté des femmes jamaïcaine de ne pas laisser les adolescentes scolarisées enceintes au banc et au bas de la société, celles-ci ont édifié des espaces pour accueillir ces jeunes filles jusqu’à l’accouchement tout en leur dispensant des cours.
La responsable de la Fondation des femmes de la Jamaïque à Kingston, a d’abord fait l’historique du centre, son organisation, son mode de fonctionnement et les perspectives.
Plus de 1000 jeunes filles jamaïcaines venant de tout le pays sont recueillies dans ces centres chaque année, a-t-elle indiqué.
Dans l’ensemble du pays, on dénombre sept centres principaux repartis dans les différentes paroisses de la Jamaïque et neuf centres secondaires qui, eux sont mobiles. Les animateurs de ces derniers centres peuvent donc se déplacer à souhait et offrir les mêmes offres de services que les centres principaux.
Lors de son audience avec la Première ministre jamaïcaine Portia Simpsonpuis avec le gouverneur général Patrick Allen, la Première dame du Faso n’a pas caché sa satisfaction devant de telles initiatives heureuses pour les jeunes filles jamaïcaines à qui une seconde perche est tendue après la grossesse.
«C’est ce que nous voulions faire au Burkina Faso depuis longtemps. C’est une belle expérience que nous allons une fois de retour au pays essayer d’appliquer en tenant compte de notre contexte», a-t-elle indiqué.
«Nous espérons avec le ministre de la Promotion de la femme et du Genre, Mme Nestorine Sangaré tirer profit de cette expérience jamaïcaine pour notre lutte pour le mieux être des adolescentes mères au Burkina Faso», a insisté la Première dame.
Les séances de travail se sont multipliées avec les structures qui interviennent dans la réinsertion scolaire des files mères en Jamaïque.
C’est ainsi que la délégation de la Première dame a eu successivement des rencontres avec les ministères de la Santé, de l’Education nationale, et de l’Information jamaïcaine mais aussi avec des institutions spécialisées dans le genre tel que le Centre national pour le développement du genre de la Jamaïque.
Pour Chantal Compaoré, «c’est la synergie d’action qui se dégage entre les différents partenaires qui a permis de venir à bout de ce problème».
«On a vu ici que tous les ministères concernés se sont véritablement impliqués et cela donne les résultats que nous voyons», a-t-elle poursuivi.
«Une fois retournée au pays, nous allons tout mettre en œuvre pour que le gouvernement prenne conscience de la nécessité d’agir en synergie si l’on veut vraiment obtenir des résultats probants», a dit Mme Compaoré citant les départements ministériels de la Santé, de l’Education nationale, de la Jeunesse, de l’Action sociale et de la Promotion de la femme et du Genre qui pourraient travailler à l’image de la Jamaïque pour atteindre les mêmes résultats voire plus.
«Ensemble nous pouvons aider ces filles mères au Burkina à poursuivre leur scolarité et plus tard à faire des formations professionnelles et même l’université si elles le désirent», a plaidé Chantal Compaoré.
«Le plus important c’est de parvenir à leur offrir un avenir meilleur», a indiqué la Première dame du Faso.
Chantal Compaoré chez Bob Marley
La Première dame a salué l’UNFPA dont l’initiative va permettre au Burkina Faso d’être beaucoup plus active dans la prise en charge des élèves mères.
Sur le chemin du retour, Mme Compaoré a fait une escale à New York pour dire merci de vive voix au directeur exécutif de l’UNFPA, Dr Baba Tunde auprès de qui elle a apprécié les expériences bénéfiques de la mission pour le Burkina Faso.
Dr Tunde qui a dit avoir eu des «échos positifs» du séjour jamaïcain de la Première dame burkinabè s’est dit satisfait d’avoir pu contribuer à réunir les deux gouvernements autour d’une question aussi importante que celle de la scolarité des adolescentes mères.
«Je sais que la Première dame du Faso est une championne toute catégorie de la lutte pour le mieux être des jeunes filles burkinabè. Je ne doute pas qu’elle puisse tirer profit de cette expérience jamaïcaine au Burkina», a déclaré Dr Tunde.
«Nous allons continuer d’accompagner le gouvernement burkinabè dans la prise en charge de cette couche sociale à travers la mise en œuvre des différents programmes. La ministre de la Promotion de la femme et du Genre est ici et nous allons travailler ensemble pour que cela soit une réalité», a dit M. Tunde.
Jamaïque, rime avec reggae et qui parle reggae parle de Robert Nesta Marley alias Bob Marley. Il y avait donc dans l’agenda de cette visite, le moment tant attendu par les participants.
Chantal Compaoré a eu droit à la plus belle des surprises. Une rencontre avec l’épouse du héros national de la Jamaïque Rita Marley, l’épouse de Bob.
La reine du reggae jamaïcain apparait très peu en public, dit-on. Elle vit le plus de son temps à Accra au Ghana où elle dirige une fondation au nom de son mari. «Depuis toute petite, je cherchais à voir Bob Marley et Rita Marley. Aujourd’hui Bob n’est plus et c’est vraiment avec beaucoup d’émotion que j’ai eu le plaisir de voir Rita Marley», s’est-elle exclamée.
La plus célèbre des «littlesbirds», nom donné par Bob Marley à ses choristes, a invité la délégation conduite par la Première dame à visiter la maison construite par le reggaeman à Kingston.
Mais pendant la visite aucune prise de vue n’est admise dans l’antre du reggae jamaïcain voir mondial.
A l’intérieur se trouve exposé toute la vie de Bob Marley, côté cour et jardin. Une visite dont rêvent tous les amateurs de reggae.
