Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit entamer à partir de demain, jeudi 19 octobre 2017, une visite au Mali pour prendre le pouls réel de la situation sécuritaire, le secrétaire général de l’Organisation, Antonio Guterres, a rendu public ce qu’il estime nécessaire pour une véritable mise en marche de cette lourde machine qui tarde à démarrer.
Car, malgré les multiples rencontres au sommet aux allures de conseil de guerre, malgré l’inauguration du quartier général à Sévaré le 19 août dernier (centre du Mali), la force commune du G5 Sahel (1) n’existe que sur papier.
C’est que tout ou presque fait défaut, de l’aveu même de Guterres, parfois même les choses les plus élémentaires du paquetage militaire comme les gilets pare-balles, les moyens de communication ou de renseignement.
Tout tient réalité au nerf de la guerre. Or, il manque dans l’intendance de cette « task force » la bagatelle de 300 millions d’euros, soit près de 200 milliards de francs CFA.
Ce n’est vraiment pas la mer à boire mais qui connaît l’indigence endémique dans laquelle baignent les Etats concernés ne sera pas étonné de les voir regarder vers l’extérieur, où des pays comme les Etats-Unis renâclent à délier le cordon de la bourse, en partie parce qu’ils ne croient pas à ce machin.
A moins que cette sébile tendue ne trahisse cette réputation qui colle à bien des pays africains : avoir de l’oursin dans la poche lorsqu’il s’agit de financer une initiative communautaire.
Au-delà du manque d’argent qui compromet jusque-là l’opérationnalisation de cette force commune, il y a peut-être plus grave puisqu’il manquerait une vision stratégique commune aux cinq pays concernés, lesquels auraient des difficultés à accorder leurs violons.
On risque de se retrouver avec un attelage où ça tire à hue et à dia.
C’est à croire que jusque-là c’est seulement du vent qu’on nous vend, alors que les attentats, les attaques contre les casernes et autres attaques terroristes se poursuivent de plus belle.
On ne sait pas si notre ami Guterres parviendra à vaincre les réticences américaines, mais il aura fait un diagnostic sans complaisance et proposé des remèdes allant de la thérapie de cheval, comme le vote d’un mandat vigoureux et la création d’un bureau des Nations unies pour soutenir cette « task force », aux soins palliatifs avec juste un soutien logistique à la MINUSMA.
Laquelle de ces options sera finalement retenue lors du débriefing programmé pour le 30 octobre prochain à New York ?
On ne le sait encore trop mais le Secrétaire général a au moins raison sur une chose : « Le coût de l’inaction sera bien plus élevé qu’un soutien à cette force. »
Il reste maintenant à en convaincre Donald Trump, près de ses sous, et son alliée traditionnelle, la perfide Albion, elle aussi non moins près de sa Livre sterling au point de s’éloigner de l’Union européenne.
Mais que peut bien valoir le plaidoyer du Secrétaire général de l’ONU, qui n’est souvent qu’un garçon de courses au service des puissants qui gouvernent ce monde ?
En tout cas, ce n’est pas un Donald Trump qui s’émouvra en entendant ce cri du cœur de Guterres.
Projet de création d’une force commune entre la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad