Le deuxième Programme national de gestion des terroirs phase-3 (PNGT2-3) continue de donner le ‘’sourire’’ aux communes rurales du Burkina Faso à travers ses financements. Du 4 au 7 octobre 2017, il était sur les traces des réalisations d’infrastructures faites par les collectivités dans les régions de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins et du Sud-Ouest, dans le cadre de leur partenariat avec le PNGT2-3.
L’objectif de développement du deuxième Programme national de gestion des terroirs phase-3 (PNGT2-3) est de renforcer les capacités des communautés rurales et des structures décentralisées, pour la mise en œuvre des plans locaux de développement, qui favorisent, entre autres, les investissements rentables au niveau des communes. Dans la commune rurale de Bondoukuy dans la région de la Boucle du Mouhoun, la construction de la gare routière sur financement du PNGT2-3 fait la fierté du maire Kazaoua Lossanou et de la population bénéficiaire. La mise en fonction de cette infrastructure depuis 2013, contribue à réduire le nombre d’accidents de la circulation, souvent avec morts d’hommes. « Bondoukuy est un carrefour entre Bobo-Dioulasso et Dédougou, et de nombreuses personnes vendaient au bord de la voie. Malheureusement, des accidents mortels étaient fréquents sur la route. C’est la raison pour laquelle la commune a demandé l’appui financier du PNGT2-3, pour la construction de cette gare. De nos jours, elle est fonctionnelle et toutes les activités s’y déroulent normalement », explique le maire Lossanou. La gare routière contribue également à renflouer les caisses de la commune. Depuis sa mise en fonction, elle a contribué avec près de trois millions de F CFA au budget de la commune. Ces fonds sont issus de la mise en location des infrastructures connexes, telles que les vingt boutiques construites dans l’enceinte de la gare, mais aussi des taxes imposées sur les tickets de voyage et sur les stationnements. Salimata Camara, vendeuse de boissons sucrées, de poissons frais et d’œufs dans l’enceinte de la gare, voit en la construction de cette infrastructure, un véritable soulagement. Elle évoque avec regret des scènes horribles qu’elle voyait quotidiennement au bord de la voie. « Quand nous étions au bord de la voie, nous assistions en moyenne à quatre accidents mortels par mois. Etant à présents dans la gare, nous sommes en sécurité et nous vendons nos marchandises sans crainte ». La région de la Boucle du Mouhoun avec six communes urbaines et quarante et une communes rurales, est la région la plus vaste de toutes les régions. A ce titre, il bénéficie du plus grand montant des subventions accordées aux collectivités territoriales. « En 2017, le montant prévu est de 1 milliard 590 millions 621 mille 901 F CFA. Pratiquement tous les micros projets programmés sont en cours de réalisation et nous espérons qu’en fin d’année, toutes les activités programmées seront réalisées », confie le coordonnateur régional du PNGT2-3, Bagnoumana Ouattara. Selon lui, depuis le démarrage de la phase 3 du PNGT2 dans la région, d’énormes acquis ont été engrangés. Entre autres acquis, l’on peut retenir la réalisation de 2 396 fosses fumières, le reboisement de 55 255 ha, la construction de 13 parcs de vaccination, la réalisation de 10 forages positifs, l’équipement de 85 salles équipées, la construction de 205 boutiques de rue etc. A Soumousso dans la région des Hauts-Bassins, les populations se réjouissent des réalisations des infrastructures marchandes par le PNGT2-3. Sur vingt boutiques de rue construites, toutes les dix neuf sont occupées, sauf celle de Awa Nacanabo. Elle l’a cédée à un autre commerçant parce le manque d’électricité ne lui permettait pas de mener convenablement son activité. « Je vendais de l’eau en sachet et je faisais la navette tous les jours entre Soumousso et Bobo-Dioulasso, environ 30 km pour acheter la glace mais malgré tout, les clients se plaignent que l’eau n’est pas bien fraiche. J’ai abandonné ce commerce et maintenant je vends des gâteaux et des patates», confie-t-elle, tout en déposant la poêle à moitié remplie d’huile sur le charbon pour ses fritures. Si la boutique de Mme Nacanabo est vide, Alidou Ouédraogo, père de 12 ans, a rempli la sienne avec divers articles. Nous l’avons trouvé ce jeudi 5 octobre 2017, l’air gai, devant sa boutique. Il raconte qu’il vendait de la cigarette dans une gare de la place, mais depuis qu’il a déménagé dans cette boutique du "PNGT2’’, il y a de cela deux ans, il rend grâce à Dieu car il arrive à payer la scolarité de ses enfants.
Des ouvrages sanitaires réduisant les accouchements à domicile
Toujours dans les Hauts-Bassins, plus précisément dans la commune de Karangasso-Vigué, un dépôt pharmaceutique a été construit dans le CSPS de Yéguéré en septembre 2016, en même temps l’équipement du dispensaire en système d’éclairage. Le détachement de ce dépôt du dispensaire est une ‘’épine’’ qui a été enlevée du pied des bénéficiaires et particulièrement de son gérant, Lacina Ouattara. « Avant, je prenais beaucoup de temps pour chercher un produit demandé par l’accompagnant d’un patient. Maintenant, tous les produits sont bien rangés et le choix est facile», appuie-t-il. A Kadomba tout comme à Lampa dans la même région, des infrastructures sanitaires et des logements d’infirmiers ont été soit construits soit réhabilités. La maternité de Lampa a été réhabilitée et équipée de matelas en skaï, des tables d’accouchement et d’examen. Dans ce village où vivent plus de cinq mille âmes, l’Infirmier chef de poste (ICP), Salomon Foro indique que trois à quatre naissances peuvent être enregistrées par jour. A l’entendre, il n’y a pas de repos, mais la fréquentation des centres de santé est un acte à encourager, surtout quand elle contribue à réduire les accouchements à domicile. Ce même langage est tenu par l’ICP, Mesmin Yves Kiemdé de Koutena-Douo dans la commune de Nako, dans le Sud-Ouest. La construction de la maternité et la réalisation du forage dans l’enceinte du CSPS grâce au financement du PNGT2-3, avoue-t-il, ont facilité l’organisation des séances de sensibilisation sur la planification familiale et cela semble déjà porter fruit, en témoignent les résultats enregistrés en septembre 2017. En effet, il y a eu 15 naissances, 89 Consultations post-natale (CPN), 94 pesées à la bascule des enfants et 20 femmes reçues pour la planification familiale. « Avant la construction de la maternité, nous ne pouvions pas avoir ces chiffres, mais de nos jours la fréquentation s’est nettement améliorée », argumente l’ICP Kiemdé.
Un partenariat fructueux à saluer
Dans la région du Sud-Ouest, au CMA de Diébougou, un bâtiment destiné au service de radiologie est en construction par le conseil régional dans le cadre de la convention de cofinancement avec le PNGT. Le médecin-chef-adjoint du CMA, Roland Konkobo note que seul Gaoua dispose jusque-là d’un service de radiographie pour toute la région. « Mais avec cet ouvrage qui sera livré d’ici à la fin octobre, le coût de certaines prises en charge sera réduit, parce que les populations ne seront plus obligées de se rendre à Gaoua ou à Bobo-Dioulasso pour des examens en radiologie », soutient-il. M. Konkobo affirme que les premiers bénéficiaires de l’infrastructure, ce sont d’abord les agents de santé car, « quoi qu’on dise lorsque nous sommes face à un patient, nous avons besoin d’un résultat rapide pour pouvoir prendre une décision et la proximité de cette infrastructure est un ouf de soulagement », mentionne-t-il. Toutes les actions menées par le Conseil régional, avec l’appui du PNGT2-3 ont été saluées. Le secrétaire général du Conseil régional du Sud-Ouest, Innocent Ouattara a relevé que « Le PNGT2 est le premier partenaire financier de la région en ce sens qu’il subventionne annuellement plus de 40 millions de F CFA, pour les investissements des activités à réaliser sous notre responsabilité totale».
Le renforcement des capacités, un atout pour les acteurs
Le PNGT2-3 travaille à amener les communes à pouvoir élaborer elles-mêmes leurs Plans communaux de Développement (PCD), d’en extraire chaque année, les activités pour en faire leurs Plans d’Iivestissements annuel (PAI), de passer les marchés et de suivre la mise en œuvre des microprojets et de procéder aux paiements des prestataires. C’est en ce sens qu’au-delà des réalisations des infrastructures, les acteurs des collectivités territoriales bénéficient également du renforcement de leurs capacités. Du 2 au 7 octobre 2017, les acteurs communaux et régionaux impliqués dans la chaine de la dépense publique étaient en formation sur ‘’La passation de marchés publics ». Le Secrétaire permanent de l’autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), Tahirou Sanou, note : «Grâce au partenariat qui lie l’ARCOP au PNGT2, ce sont des milliers de ces acteurs communaux et régionaux qui ont été formés. Si ce partenaire n’avait pas existé, beaucoup de choses allaient rester à mi-chemin dans le domaine du renforcement des capacités des acteurs des collectivités territoriales ». À travers ces formations, ce sont sept à huit modules qui sont régulièrement déroulés, ce qui permet de présenter le cadre règlementaire de la commande publique et le rôle des acteurs impliqués. Pour cette année, la formation met un accent particulier sur les innovations contenues dans le nouveau cadre juridique. La comptable Sita Koté de la commune de Bama, participante, estime que cette formation est la bienvenue au regard du caractère évolutif des textes règlementant la passation des marchés publics. Depuis 2013, ce sont environ une dizaine de modules qui ont fait l’objet de formation au profit de 17 232 personnes dont 3 280 femmes, notamment des conseillers municipaux, des producteurs, des agents des administrations communales et des agents de services déconcentrés de l’Etat. Ce travail de renforcement des capacités des acteurs locaux leur a permis, entre autres, d’avoir une meilleure compréhension de leurs rôles et attributions, de mieux assurer la maîtrise d’ouvrage locale et d’améliorer les recettes propres pour certaines communes.
Afsétou SAWADOGO