Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a rencontré, hier 2 octobre 2012, les représentants des partis politiques dans le cadre de la préparation des élections couplées du 2 décembre 2012. Une rencontre au cours de laquelle, la presque totalité des partis politiques demande une prolongation du délai des dépôts des candidatures. A l’issue da la rencontre, les partis politiques sont restés sur leur soif quant à leurs doléances puisque le Premier ministre n’a pas pris le risque de se prononcer.
« Nous ne sommes pas du tout satisfaits ; nous allons convoquer une conférence de presse pour donner notre point de vue. Tout le monde veut des élections transparentes mais il se trouve que la CENI a violé la loi et le Mouvement africain des peuples (MAP) a saisi le gouvernement pour les irrégularités et il se peut que l’on parte en justice pour cela », c’est ce qu’a laissé entendre à la sortie de la rencontre avec Luc Adolphe Tiao, Victorien Tougouma, président du MAP. La presse qui a patienté hors de la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères n’entendra rien du Premier ministre. Pas de déclaration. Il lui sera simplement servi un salut de la main de sa part. Tout portait donc à croire que la rencontre a accouché d’une souris. Par la suite, d’autres responsables de partis politiques le feront savoir. C’est le cas de Boukary Kaboré dit le Lion : « Je suis déçu de cette rencontre ». Echec de la rencontre avec le Premier ministre ? Le représentant de l’Union pour le changement (UPC), Louis Armand Ouali, ne l’entend pas forcément de cette manière. « Nous sommes dans une phase extrêmement délicate », dira-t-il avant d’ajouter ne pas penser que dans une situation comme celle dans laquelle se trouve la classe politique et à l’issue de la rencontre, il ne sied pas de parler d’échec. « Si le Premier ministre a pris l’engagement de soumettre les doléances aux instances de la République, la sagesse nous recommande d’attendre que celles-ci soient soumises et que les réponses que nous attendons nous soient données », a confié Louis Armand Ouali, « fantassins du développement » comme il se fait appeler. Les difficultés sont, certes, réelles mais à l’UPC, l’on estime que la loi, bonne ou mauvaise, est jusque-là respectée. Ce point de vue est battu en brèche par le président du Parti pour l’unité nationale et le développement (PNUD), Boukary Kaboré dit le Lion. « La CENI est de bonne foi mais les délais qui sont donnés ne lui permettent pas de bien travailler ; elle est prise de court et nous ne sommes pas dans le cadre de la loi » comme a voulu le faire savoir le ministre de l’Administration territoriale. Le président du PUND va jusqu’à dire, qu’au regard de cette illégalité, il faudra reporter les élections. Actuellement, dira-t-il, il n’est pas question de listes validées ou pas, « le problème c’est le peuple qui est dehors et qui nous écoute et pendant ce temps, ils sont là à nous raconter des histoires ». Le président du parti Le Faso Autrement tout en saluant cette rencontre, a fait remarquer qu’elle fait suite à la lettre adressée par les Refondateurs au président du Faso. Tout de même, l’objectif de la rencontre n’a pas été atteint. « Malheureusement, il y a de la déception à la fin de cette rencontre parce que rien n’a été décidé car, le Premier ministre, dans sa prudence légendaire, a refusé de répondre mais il dit qu’il fera respecter la loi », a expliqué Ablassé Ouédraogo. Lui aussi, n’exclut pas le fait que les partis puissent se retrouver devant les tribunaux. Ce dernier s’est, en outre, insurgé contre la candidature des autorités et souhaite que toutes les personnalités prennent des congés pendant la période de la campagne afin qu’il n’y ait pas de confusion. Trois heures pratiquement, c’est le temps qu’a mis le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, pour échanger avec les représentants des partis politiques. Mais à l’issue de la rencontre, rien de décider. Ce qui a fait dire à la majorité que cette rencontre a été un échec. Le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Jérôme Bougouma, confiera que jusqu’à présent tout s’est fait dans la légalité. Il a confié que certains partis politiques souhaitaient que l’on puisse prolonger d’une semaine à dix jours le temps des dépôts des listes, d’autres ont soulevé la difficulté d’interprétation des textes. Selon Jérôme Bougouma, le Premier ministre a expliqué qu’à l’état actuel, il faut laisser les choses aller à leur terme et que « ceux qui trouvent qu’il y a des insuffisances, peuvent saisir la justice ». Le ministre en charge de l’Administration territoriale a, en outre, confié que « les élections sont maintenues ; toutes les conditions sont réunies ». Pour lui, cela ne met nullement en cause le consensus dans lequel baigne la classe politique.