Adoptée le 20 mai 2014, la loi 017 interdisant les emballages et sachets plastiques au Burkina Faso est entrée en vigueur en février 2015. Pour vérifier l’application effective de cette loi, une opération spéciale de contrôle a eu lieu, du 25 au 29 septembre 2017, dans les deux grandes villes du Burkina que sont Ouagadougou et Bobo-Diopulasso. C’est dans ce cadre que le ministère en charge de l’environnement a organisé une conférence de presse, le vendredi 13 octobre 2017 à Ouagadougou, en vue de faire le point sur le respect de cette loi.
Pourquoi des sachets plastiques jonchent encore les rues et autres espaces verts de Ouagadougou alors qu’une loi interdisant leur production et leur commercialisation est en vigueur depuis février 2015 ? C’est pour trouver une réponse appropriée à cette question que le ministre en charge de l’environnement, Nestor Bassière, a animé une conférence de presse, le vendredi 13 octobre 2017 à Ouagadougou. L’objectif de cette rencontre avec les journalistes a été de faire le point de l’opération spéciale de contrôle qui a été faite dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso sur le respect de la loi 017. Les résultats de ces opérations laissent les premiers responsables du département en charge de l’environnement pantois. Le constat, selon le ministre, est amer. « Ces opérations ont permis d’interpeller les sociétés dont les activités ne sont pas conformes à la loi », a-t-il souligné. En effet, il a expliqué que sur 129 sociétés contrôlées, seulement 25 sont en règle. Ainsi, 104 sont en porte-à-faux avec la loi. Parmi ces hors-la-loi, a-t-il indiqué, 13 ont été auditionnées et sanctionnées, 65 sont en cours d’audition et les auditions des 26 autres sont aussi programmées. Mais les agents du ministère ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Après ces deux grandes villes, a poursuivi le ministre Bassière, les contrôles vont s’étendre à toutes les 45 provinces du pays. Comment s’effectuent les contrôles ? Quelles sont les sanctions prévues par la loi ? telles sont, entre autres, les préoccupations soulevées par les journalistes. Les récriminations portent principalement sur les défauts de présentation des pièces justificatives. A ce propos, le coordonnateur du projet national de traitement et de valorisation des déchets plastiques, Fidèle Yaméogo, a affirmé que le contrôle concerne aussi bien la vérification des documents que des produits. A entendre M. Bassière, son département délivre des certificats d’homologation et des avis favorables d’autorisation d’importation des emballages et sachets plastiques biodégradables.
Finie la phase de sensibilisation, place aux sanctions
Cependant, a fait remarquer M. Yaméogo, ce n’est pas à tout le monde qu’on demande le certificat d’homologation. « Ceux qui achètent leurs produits auprès des promoteurs qui disposent des certificats d’homologation doivent montrer les reçus ou les factures », a-t-il précisé. En tous les cas, les autorités du ministère de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique ne sont plus à la phase de sensibilisation. Les sanctions commencent à tomber. Les contrôles effectués en 2015 et 2016 ont mis à nu l’existence sur le marché d’emballages plastiques étiquetés biodégradables sans une homologation préalable. Ce qui constitue inéluctablement une infraction punie par la loi. « Les produits non conformes ont été saisis et confisqués et les contrevenants amendés », a rappelé M. le ministre. A ce jour, a-t-il fait savoir, les services techniques du ministère en charge de l’environnement ont délivré pas moins de 200 certificats d’homologation. C’est donc avec conviction que le premier responsable du ministère déclare que le sachet plastique biodégradable est de plus en plus utilisé au Burkina Faso. Sauf qu’il est difficile, selon lui, de faire la différence entre le sachet biodégradable et non biodégradable à l’œil nu. De ce fait, il lance un appel à la population burkinabè à barrer la route au sachet plastique non biodégradable à travers une grève générale contre cet emballage nuisible. « Nous devons refuser de prendre un produit au marché ou en pharmacie avec un sachet non biodégradable », a insisté le ministre. Les contrôles portent aussi sur la vérification de la provenance et de la qualité des produits. C’est-à-dire, celui qui produit et celui qui distribue doivent présenter des certificats d’homologation. A en croire la directrice régionale de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Haoua Fofana, même les pharmacies n’ont pas été épargnées par ces contrôles. De son avis, il n’y a pas de raison que la population n’adhère pas à ce combat. Pas plus que le ministre Bassière qui est revenu naturellement sur l’impact néfaste des sachets plastiques sur l’environnement. Ces sachets qui mettent environ 400 ans avant de s’abîmer constituent pour lui un danger permanent pour la santé de la population et l’économie. C’est pourquoi, il urge de les remplacer par ceux biodégradables, c’est-à-dire les sachets qui mettent seulement 60 mois pour disparaître. Après l’adoption des textes d’application en 2015, le gouvernement s’est inscrit dans une dynamique de les bétonner davantage. C’est pourquoi, foi de Nestor Bassière, d’autres textes ont été élaborés et sont en cours d’adoption. Dans un souci d’efficacité dans le contrôle, le ministère de l’Environnement envisage d’acquérir du matériel de contrôle afin de mieux traquer les fautifs. Le ministre n’exclut pas non plus l’utilisation du papier en lieu et place du sachet plastique, à l’avenir.
Ouamtinga Michel ILBOUDO