Le site du Conseil de l’entente, où fut commis le crime, est longtemps resté fermé au public. Il est aujourd’hui en voie de réhabilitation et devrait devenir un mémorial en hommage au président défunt.
Pendant des années, les Ouagalais sont passés devant cette cité close sans savoir ce qui se cachait derrière ses murs. Passé le portail brinquebalant, une petite route en terre s’enfonce au milieu d’une espèce de terrain vague. Sur le bas-côté, quelques vieux blindés rouillés aux pneus crevés résistent comme ils peuvent à la végétation envahissante. Les seules âmes qui vivent dans ce décor figé sont une poignée de policiers qui font passer le temps en préparant du thé sous un flamboyant. Ils sont là jour et nuit, à monter la garde devant un bâtiment blanc parsemé de briques ocre.
Il y a trente ans, le 15 octobre 1987, aux environs de 16 heures, c’est ici qu’un commando d’hommes armés a fait irruption pour cribler de balles Thomas Sankara et douze de ses compagnons. De ce drame encore non élucidé il ne reste rien, sauf l’interdiction formelle – pour les besoins de l’enquête toujours en cours – d’entrer dans cette villa délabrée.
Le lieu du crime, une « no-go zone »
Sous le régime de Blaise Compaoré, c’était l’ensemble du domaine du Conseil de l’entente, ancien centre névralgique de la révolution sankariste, qui était interdit d’accès. Le successeur de Sankara (le tombeur pour certains) l’avait sanctuarisé pour éviter que des regards curieux ne se posent sur la scène du crime qui lui a permis d’accéder au pouvoir. Seuls des militaires et des dignitaires autorisés pouvaient entrer dans ce petit parc au cœur de Ouagadougou. Certains y avaient même une maison, comme le général Gilbert Diendéré, ex-chef d’état-major particulier de Compaoré.
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