Ouagadougou - Le parti Nouvelle alliance pour le Faso (Nafa) a protesté vendredi contre le placement en résidence surveillée de Djibrill Bassolé, l'ancien chef de la diplomatie burkinabè, dénonçant une "séquestration arbitraire".
Ministre des Affaires étrangères sous l'ancien président Blaise Compaoré, renversé par la rue fin 2014, M. Bassolé a été emprisonné pendant deux ans pour son implication présumée dans le putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso.
Mardi, la justice militaire a octroyé la liberté provisoire au général Bassolé et a décidé de l'assigner à résidence surveillée dans un domicile autre que le sien, aménagé dans le quartier huppé de Ouaga 2000.
"La Nafa est surprise de l'enlèvement et de la séquestration arbitraire de Bassolé (...) dans une concession isolée à l'allure d'un Guantanamo burkinabè", a lancé son président par intérim, Mamoudou Dicko, lors d'une conférence de presse.
Ce parti avait soutenu la candidature de M. Bassolé à l'élection présidentielle de 2015.
"L'isolement dans une zone difficilement accessible de Ouagadougou ne rassure pas les militants de la Nafa, encore moins la famille de Bassolé", a ajouté M. Dicko.
Selon le secrétaire national adjoint de la Nafa, Aziz Dabo, sa famille n'a pu rejoindre M. Bassolé que jeudi matin, pour "lui apporter quelques effets" personnels.
"Compte tenu de la santé précaire et fragile de Bassolé, nous nous inquiétons des intentions qui animent le gouvernement", s'est alarmé M. Dicko, selon qui "l'immixtion manifeste" de l'exécutif dans le pouvoir judiciaire menace sa sécurité.
M. Bassolé a été inculpé de "trahison", atteinte à la sûreté de l'Etat, "complicité d'assassinat, de blessures volontaires", sur la base d'enregistrement d'une supposée conversation téléphonique qu'il aurait eue avec le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans
laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch de septembre 2015, dirigé par le général burkinabè Gilbert Diendéré.
L'authenticité de cet enregistrement fait débat.
En juillet, le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU avait jugé "arbitraire" la détention de Djibrill Bassolé, appelant à le "libérer immédiatement".
Selon des sources judiciaires, le procès du putsch manqué pourrait s'ouvrir fin 2017, alors que le tribunal militaire a renvoyé à début octobre l'audience de mise en accusation de toutes les personnes poursuivies.
Le 16 septembre 2015, des soldats du régiment de sécurité présidentielle, l'ancienne garde prétorienne de l'ex-président Compaoré, avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après sa chute.
Le putsch avait échoué grâce à une mobilisation populaire soutenue par une partie de l'armée.
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