Il est à la « génération consciente » (copyright Claudy Siar) africaine francophone ce que Che Guevara fut et demeure pour beaucoup de jeunes Latino-Américains : un mythe.
Trente ans après son assassinat, Noël Isidore Thomas Sankara, à qui nous consacrons notre « Grand angle » de la semaine, est plus qu’un poster de chambre d’étudiant, plus qu’un flocage de tee-shirts : il rassemble les foules. Ils étaient des milliers sur les gradins du stade de Ouagadougou, au soir du 2 octobre, venus de toute l’Afrique de l’Ouest, mouvements citoyens en tête, lancer, sous la houlette de Jerry Rawlings et du président Kaboré, lui-même ancien sankariste, une souscription internationale pour la construction d’un mémorial consacré à « Captain Africa ».
Sur un continent en panne de héros, les leaders foudroyés avant d’avoir déçu, de risquer l’embourgeoisement et d’expérimenter la mal-gouvernance, bref de mal vieillir, font toujours recette. Le martyrologe des trentenaires fauchés en plein vol est long : Lumumba (35 ans), Biko (30 ans), Ngouabi (38 ans), Moumié (35 ans), Ben M’Hidi (34 ans), Rwigema (33 ans), Outel Bono (39 ans), Sankara bien sûr (37 ans). Et presque autant celui des quadras, de Ouandié à Mondlane, de Cabral à Um Nyobè.
Le fait de mourir jeune et assassiné est un drame, mais aussi une garantie d’éternité. Le Che avait 39 ans quand les militaires boliviens l’ont criblé de balles. Imaginons qu’il ait vécu quatre décennies de plus et soit mort dans son lit, perclus de rancœurs, d’inévitables échecs et de rhumatismes : qui ferait-il vibrer ? Certes, direz-vous, toute vieillesse au pouvoir n’est pas synonyme de naufrage, avez-vous oublié Mandela ? Non, bien sûr.
Les tchadiens interdits d’accès aux Etats-Unis
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