Pour sa première sortie publique, le groupe parlementaire de l’Union pour le progrès et le changement (UPC)- Renouveau démocratique (GP/UPC-RD) a tenu une conférence de presse, le 8 octobre 2017. Celle-ci s’est tenue au sein de l’Assemblée nationale et avait pour objet de donner des informations sur la naissance du groupe parlementaire.
« Des camarades avant nous ont tiré, sans succès, la sonnette d’alarme. Ces camarades ont pris à témoin l’opinion publique. Malheureusement, rien n’y fit. Les efforts individuels et collectifs furent vains », a déclaré le député Daouda Simboro, président du groupe parlementaire UPC- Renouveau démocratique (GP/UPC-RD). C’était le 8 octobre dernier, lors d’une conférence de presse qui a eu lieu dans une des salles de commissions de l’Assemblée nationale. Ce qui a marqué du coup la première sortie publique du nouveau venu des groupes parlementaires qui a vu le jour le 4 octobre 2017 et qui compte 13 députés dont un des membres était absent à la rencontre avec la presse. Et la surprise et l’indignation pour ce groupe parlementaire, était de lire dans le Courrier confidentiel du 10 septembre 2017, relève Daouda Simboro, « les qualificatifs infamants et déshonorants collés aux noms de certains d’entre nous, les associant à un vaste complot de création d’un grand parti de gauche et ou d’une coalition pour soutenir feu Salifou Diallo contre le président Roch Marc Christian Kaboré ». Malgré les différentes interpellations, dit-il, les choses n’ont pas évolué et c’est ainsi qu’avec des camarades députés, ils ont décidé de créer le groupe parlementaire qui est conforme, souligne le président Daouda Simboro, aux dispositions de la Constitution et celles du règlement de l’Assemblée nationale, en son article 30. Avant de justifier la création de ce groupe par l’absence de liberté de pensée et d’expression du député, l’absence de liberté de vote du député conformément aux dispositions de l’article 85.3 de la Constitution, l’absence d’équité dans le traitement des députés et parfois le manque d’égards pour certains, on peut noter que parmi ces 13 députés, il y a deux vice-présidents de l’UPC, un vice-président de l’Assemblée nationale, quatre députés–maires et certains sont des conseillers municipaux. En choisissant d’appeler leur groupe, Renouveau démocratique, Daouda Simboro indique qu’ils vivent un déni de démocratie interne matérialisé par l’instauration de la pensée unique et du culte de la personnalité, annihilant ainsi le droit à toute opinion contradictoire.
Le président du GP/UPC-RD a tenu à préciser et a insisté que ses camarades et lui restent et demeurent UPC, tout en relevant qu’il ne sert à rien de partir sans avoir lutté pour la démocratie dans son parti. Il ne manque pas de souligner qu’il n’y aura pas d’implosion de l’UPC et qu’ils ne vont pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Ajoutant qu’ils veulent inverser une dynamique interne. Les députés du GP/UPC-RD disent ne pas faire le procès de qui que ce soit, ni être contre leur président, Zéphirin Diabré, président, de l’UPC. Le premier bénéficiaire de leur action, confie Daouda Simboro, est bien Zéphirin Diabré, puisque, font-ils savoir, il a désormais deux groupes parlementaires. Et face aux informations qui circulent faisant état de ce que le domicile du député Daouda Simboro était la cible de certains individus, ce dernier les a confirmées en relevant qu’effectivement, son domicile a été visité par des individus venus du siège de l’UPC, qui ont pris sa famille en otage alors qu’il était absent, lui ont intimé l’ordre de démissionner dans les 72 heures. Il confirme que sa maison est sous surveillance. Il n’est pas le seul dont le domicile a reçu une telle visite car, a t-il indiqué, ils ont commencé chez la députée Fatimata Korbéogo avant de venir chez lui. Puis, ils se sont rendus chez les députés Ladji Coulibaly, Kadidia Zongo. Et les députés de déclarer qu’ils n’ont pas été élus en 72 heures et ce n’est pas maintenant, sous 72 heures, qu’on va leur demander de céder leur mandat.
Antoine BATTIONO
Le député Fatimata Korbéogo explique son choix
« Pour comprendre ce qui se passait, puisqu’ayant appris que mon nom figurait sur une liste de députés de l’UPC qualifiés de traîtres et de taupes, je suis allée rencontrer le président du parti, Zéphirin Diabré. C’est ainsi qu’il m’a signifié qu’on m’a vu sortir du bureau du président de l’Assemblée nationale (NDLR : feu Salifou Diallo) et je lui ai demandé si c’était pour cela, avant de lui expliquer pourquoi j’y étais. C’est parce qu’il voulait me confier un travail. Et le président Zéphirin Diabré de me dire que le député Elisée Kiemdé a cherché à me voir et que je ne lui ai pas fait savoir cela. J’ai réagi qu’il a dit à des gens qu’il voudrait me voir, mais ne s’est pas encore manifesté. En réponse, le président du parti m’a appris qu’il y a des députés qui étaient dans la même situation que moi et qui n’ont pas hésité à venir lui en parler. Je lui ai confié que je ne fonctionne pas ainsi, puisque rien ne s’est passé. C’est ainsi qu’il m’a conseillé de ne pas mettre de la distance entre nous. Après tout cela, j’ai entendu dire que la députée Fatimata Korbéogo est venue se confesser. Ce qui m’a mis dans tous mes états. Dès lors, je lui ai adressé une lettre pour dire que c’est loin d’une confession et qu’à partir de cet instant, je suis solidaire du groupe des six (NDLR : les six autres députés cités dans le Courrier confidentiel) et que j’entreprendrais toutes les actions pour que la vérité soit mise à nue. »
Propos recueillis par A.B