Le 4 octobre dernier, des commandos américains ont péri au Niger, dans une embuscade tendue par des terroristes qui s’en étaient pris à un village nigérien dans la région de Tillabery vers la frontière malienne, et aux trousses desquels ils s’étaient lancés avec des éléments des forces spéciales nigériennes qu’ils étaient venus former. Dans cette embuscade d’une rare violence où les assaillants ont fait pleuvoir un véritable déluge de feu sur leurs poursuivants, plusieurs soldats d’élite nigériens ont aussi perdu la vie, avec en sus d’autres qui étaient portés disparus et de nombreux véhicules calcinés. Cette attaque n’est pas sans rappeler une autre du genre survenue il y a seulement quelques semaines vers la frontière Mali-Burkina, et qui a vu des soldats burkinabè venant à la rescousse sauter sur un engin explosif faisant des morts et des blessés.
La montée en puissance des groupes terroristes est des plus inquiétantes
Pendant ce temps, au Mali, les forces internationales sont de plus en plus la cible des terroristes qui multiplient les attaques contre leurs positions. Comme si ces mauvais garnements du désert s’étaient passé le mot d’ordre de harceler nos troupes, à la veille du déploiement de la force commune du G5 Sahel qui peine malheureusement à prendre son envol, faute d’argent. Quoi qu’il en soit, cette montée en puissance des groupes terroristes est des plus inquiétantes. Mais ce regain d’activité de leur part, pourrait aussi laisser penser qu’en dépit des apparences, la mise en place de cette force commune sous-régionale les inquiète. Car, conscients du danger qu’elle constitue pour eux. Profitant donc du flottement dans l’opérationnalisation de cette force, les fondamentalistes semblent décidés à prendre les devants, espérant sans doute désorganiser le système et renforcer leurs positions tout en essayant de saper le moral de nos troupes. Et ils sont visiblement en train de se donner les moyens de leur politique en employant les grands moyens contre les éléments de nos forces de défense et de sécurité qui sont les mieux armés et les mieux outillés pour leur porter la riposte. Peut-être faudrait-il même s’attendre à une intensification de leurs attaques. Une telle situation appelle de nos armées, une stratégie sans cesse adaptée à celle de l’adversaire qui, malheureusement, semble avoir toujours une longueur d’avance. Pour en revenir à l’attaque du 4 octobre dernier au Niger, eu égard à la lourdeur des pertes subies par les forces spéciales américano-nigériennes, il y a lieu de croire que les auteurs de cette embuscade sont loin d’être des amateurs. Tout porte à croire que ce sont des professionnels de la guerre, qui semblent avoir en sus non seulement une connaissance parfaite du terrain, mais aussi des moyens de renseignements perfectionnés qui leur ont permis de réussir leur embuscade. Comme s’ils avaient prévu la réaction des forces spéciales nigériennes et s’étaient préparés en conséquence. Sans oublier qu’ils ont peut-être pu bénéficier de la complicité passive des populations, sûrement par peur de représailles. C’est pourquoi il faudrait que nos armées élèvent le niveau du débat à celui de l’adversaire qui semble prendre de plus en plus du galon. Cela passe non seulement par la formation et la dotation des soldats en matériel adéquat, mais aussi par une coalition des forces et une coordination des actions.
Si Trump voulait un argument de taille, il en aura eu un en grandeur nature
C’est en cela que la force commune du G5 Sahel que les uns et les autres appellent de tous leurs vœux, semble indiquée pour faire face à la situation. Mais son opérationnalisation butte encore au manque du nerf de la guerre. Cela est imputable en partie, à l’Amérique de Donald Trump qui ne montre pas d’enthousiasme à financer une telle opération. Maintenant qu’elle a été directement touchée au cœur et dans son amour-propre par la mort de ces GI’S tombés sur le champ de bataille dans le désert sahélien, l’on se demande si cela va pousser le président américain à prendre la mesure du danger et se décider enfin à cracher conséquemment au bassinet du G5 Sahel. Toute chose qui permettrait à cette force de prendre définitivement son envol afin de porter la riposte adéquate aux « bad boys » qui rêvent d’ériger un califat dans cette partie du monde devenue une ruche à ciel ouvert de terroristes. En tout cas, si Trump voulait un argument de taille qui puisse le convaincre à délier le codon de la bourse en faveur du G5 Sahel, l’on peut dire qu’il en aura eu, un en grandeur nature, à travers ce qui s’apparente à une faute heureuse des terroristes. Et il est aujourd’hui quasiment une certitude que tant que la longue frontière malienne ne sera pas convenablement sécurisée, les populations des pays du Sahel voire au-delà, continueront à avoir le sommeil trouble.
En tout état de cause, même si la force du G5 Sahel se présente aujourd’hui comme la meilleure alternative de riposte contre le terrorisme dans la sous-région, il serait de bon ton de ne pas perdre de vue que la guerre contre le terrorisme est une guerre de longue haleine, qui nécessite aussi de grands moyens. C’est pourquoi, à côté de la force humaine, il faudrait songer aussi à des moyens beaucoup plus sophistiqués pour espérer venir à bout de l’ennemi. Car, aujourd’hui plus que jamais, vouloir traquer ces terroristes dans le désert en 4 x 4 semble raisonnablement dépassé. Il faudrait donc mettre de plus en plus l’accent sur les moyens aériens et les drones qui ont non seulement l’avantage de la rapidité, mais aussi celui de moins exposer les troupes. C’est peut-être le prix à payer, si nous voulons vraiment réduire la voilure de ces ingénieurs du mal qui ne fixent aucune limite dans leurs actes de cruauté.