Le personnel du Conseil supérieur de la communication (CSC) a observé un sit-in le jeudi 5 octobre 2017 à Ouagadougou. Les manifestants réclament un arriéré de salaire d’un mois.
Les travailleurs du Conseil supérieur de la communication(CSC) n’ont pas touché leur salaire du mois de septembre 2017. A cette situation s’ajoute, selon eux, un no man’s land administratif depuis l’arrestation de la première responsable de l’institution, Nathalie Somé, le 7 septembre 2017. Pour dénoncer cet état de fait, ils ont initié, le jeudi 5 octobre 2017, un sit-in devant les locaux du CSC. «Nous nous sommes mobilisés ce matin parce que nous sommes le 5 octobre et jusque-là nous n’avons pas encore perçu notre salaire du mois de septembre 2017. Nous voulons réellement comprendre ce qui se passe», a martelé le délégué du personnel suppléant, Idrissa Diallo. Selon ses explications, ce retard dans le traitement des salaires concerne l’ensemble du personnel toutes catégories confondues (contractuels du CSC, personnels détachés, etc.). Les agents qui sont à la solde, a-t-il illustré, ont, par exemple, perçu leur salaire, mais sans les indemnités de session. «Si c’est un élément du salaire, cela signifie qu’ils n’ont pas encore leur dû au même titre que ceux qui n’ont rien eu du tout», a soutenu M.Diallo. L’autre objectif, a-t-il ajouté, est de trouver une solution pour assurer la continuité du fonctionnement de l’administration de l’institution. A son avis, il est regrettable qu’après l’arrestation de Mme Somé, la Présidence du Faso (autorité de tutelle) n’ait pas désigné un 9e conseiller pour permettre au CSC de se remettre sur les rails. «Or, il se trouve que depuis un mois c’est un silence radio. De l’autre côté, on aurait pu prendre des dispositions idoines auprès du ministère en charge de l’économie et des finances, pour qu’il puisse déléguer des signataires pour les questions financières», a-t-il estimé. Idrissa Diallo et ses camarades ont, au cours de leur mouvement d’humeur, dénoncé les «affectations arbitraires» dont ont été victimes certains des leurs. Pour le délégué du personnel suppléant, il s’agit purement et simplement de règlements de comptes déguisés en mesures administratives.
Le «mouta mouta»
ou le bâton
A ses dires, la dernière décision d’affectation a consisté au confinement de secrétaires «chevronnées» à un pool secrétariat inscrit nulle part dans l’organigramme du CSC. A l’entendre, leur seul tort a été de se maintenir «sur le droit chemin et de se tenir à distance de certaines pratiques mafieuses». L’assistante de direction Mamou Saba/Ouattara et ses trois autres collègues se sont ainsi retrouvées dans un minuscule bureau. «Nous n’avions pour seule tâche que faire des saisies. Nous avons pourtant dans la maison des secrétaires BEP, des dactylographes formés pour ce type de travail. En plus de ne pas avoir de diplôme requis, celles-ci ont été promues à la tête de certaines directions», a-t-elle dénoncé. Et de renchérir : «Pour nous c’est une sanction parce que nous avons refusé d’être dans le mouta mouta». Le secrétaire général du CSC, Louis Modeste Ouédraogo a, pour sa part, relevé le caractère illégal du sit-in. «Nous avons été informés de ce sit-in seulement hier (mercredi 4 octobre 2017, ndlr). L’obligation d’observer un préavis de 72 heures en matière de sit-in, prévue par les textes, n’a pas été respectée», a-t-il souligné. En ce qui concerne la principale revendication du personnel, il a affirmé que les autorités compétentes ont été informées dès le début des évènements. «Deux inspecteurs du ministère en charge des finances sont venus et ont arrêté les comptes. Après leur rapport, leur département de tutelle nous a demandé de proposer un gestionnaire de crédit et un ordonnateur par intérim. Ce qui a été fait. Il n’y avait donc pas lieu de revendiquer étant donné que le processus de paiement des salaires est enclenché», a-t-il indiqué. Sur la question des «affectations abusives», M. Ouédraogo s’est voulu on ne peut plus clair : «Le vice-président et moi ne pouvons trancher sur un acte administratif. J’ai donc l’obligation de mettre en œuvre tous les textes qui ont été pris. A défaut d’un acte contraire, je veillerai à ce que les affectations soient appliquées. Celui qui estime que son affectation est arbitraire peut attaquer la décision devant le juge
administratif».
Aubin W. NANA